[Chronique] Elantris, de Brandon Sanderson

Elantris
 
« Madame, on peut tenir ferme face aux rois et aux prêtres, mais vivre, c’est avoir des incertitudes, des craintes. Gardez-les enfermées, et elles vous détruiront, pour ne laisser qu’une coquille dure, vide d’émotions. »


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Elantris
Auteur : Brandon Sanderson
Traduction : Pierre-Paul Durastanti 
Illustrations : Stephan Martiniere et Alain Brion
Éditeur : Le Livre de Poche
Genre : Fantasy
Année de parution originale : 2005
Nombre de pages : 986
Prix : 11,20 € (poche)
 
Synopsis
Il y a dix ans, la sublime cité d’Elantris, capitale de l’Arélon, a été frappée de malédiction. Ses portes sont désormais closes et nul ne sait ce qui se passe derrière ses murailles. Kae est devenue la première ville de l’Arélon. Quand la princesse Sarène y arrive pour épouser Raoden, l’héritier de la couronne, on lui apprend qu’il vient de mourir. Veuve d’un homme qu’elle n’a jamais vu, Sarène choisit pourtant de rester à la cour, et tente de percer le mystère d’Elantris…
MON avis
Après le premier cycle de Fils-des-brumes qui m’avait complètement bluffée, je poursuis ma découverte de Brandon Sanderson. J’ai décidé de lire d’abord ses one-shot avant de commencer sa grosse série des Archives de Roshar et je me suis donc intéressée à Elantris, le tout premier roman publié de l’auteur.
 

De quoi ça parle ?

 
Elantris est un roman construit autour d’une triple narration qui s’alterne régulièrement tout au long du récit. Chaque narration est focalisée sur un personnage en particulier, on retrouve ainsi : Raoden, le prince et futur roi de l’Arélon ; Sarène, princesse d’une autre contrée qui arrive pour épouser Raoden ; et Hrathen, un prêtre venu dans l’Arélon afin de convertir sa population à sa propre religion, le Shu-Dereth et qui fait figure d’antagoniste de l’histoire dans le sens où il s’oppose aux deux autres personnages principaux. Mais pour comprendre Elantris, il faut bien entendu évoquer ce à quoi ce titre se rapporte, c’est-à-dire à une cité de l’Arélon, autrefois puissante et merveilleuse, dont les habitants étaient comme bénis et quasiment considérés comme des dieux. Mais dix ans avant l’intrigue du récit, une sorte de malédiction a frappé Elantris. Ses habitants ont été touchés par le Shaod, une maladie qui les transforme en une sorte de mort-vivant. Ils sont physiquement morts, ne guérissent plus de leurs blessures, mais continuent à penser, à ressentir la douleur et la faim… Comme la bénédiction d’Elantris auparavant, le Shaod peut frapper n’importe quel habitant de l’Arélon qui est alors envoyé de force au sein de la cité pour y croupir. Et le roman s’ouvre justement lorsqu’on apprend que Raoden vient d’être touché par la maladie… A travers lui, on découvrira la cité d’Elantris de l’intérieur. La princesse Sarène, elle, arrivera trop tard pour le rencontrer, et pensera simplement son fiancé décédé. Elle décidera tout de même de rester et de s’insérer dans la politique de l’Arélon !
 

Un certain manque de profondeur

Elantris est un roman de fantasy qui est honnêtement très efficace. On y retrouve déjà les thématiques chères à Brandon Sanderson et qui seront exploitées avec plus de finesse ensuite comme la religion, un système de magie particulier et une réflexion autour de la noblesse et du pouvoir. Mais forcément, je n’ai pas pu m’empêcher de comparer ce récit à Fils-des-brumes et je me suis donc un peu gâchée la lecture toute seule. Il faut dire qu’Elantris présente des personnages sympathiques, mais moins creusés et plus stéréotypés ; l’intrigue est beaucoup moins surprenante et surtout beaucoup plus classique. J’ai même quasiment ont l’impression de lire un livre plutôt young adult qu’adulte. Elantris m’a finalement procuré beaucoup moins d’émotions, de réflexion et d’investissement. C’était une lecture agréable, mais dans laquelle je suis restée assez extérieure, ce qui explique aussi pourquoi je n’ai pas pu m’empêcher de beaucoup l’analyser et la comparer avec Fils-des-brumes

Pour autant Elantris n’est absolument pas un mauvais livre et comme je le disais on y trouve déjà un peu de ce que sait si bien faire Brandon Sanderson. J’ai beaucoup aimé l’idée de la cité d’Elantris dans laquelle les personnages maudits sont jetés. Un chapitre sur trois est consacré à la découverte de la ville à travers le personnage de Raoden et ce sont peut-être les chapitres que j’ai préférés. La description du mal qu’inflige le Shaod est fascinante et c’est aussi dans ces chapitres que Brandon Sanderson exploite son système de magie qui est déjà assez original. Il n’est pas énormément exploité, il est quand même étudié par les personnages et prend une très grande importance dans la résolution de l’intrigue. D’ailleurs, ce système de magie est quasiment décrit et utilisé comme une science et il y a une rationalité très intéressante dans son utilisation. A cela est également lié la chute d’Elantris dont l’explication en devient si simple et terre à terre qu’elle est très surprenante ! 

J’ai également beaucoup apprécié les chapitres concernant Sarène. Si j’ai trouvé que ce personnage manquait un peu de nuances, c’est tout de même agréable de voir une femme forte mise en avant de cette manière. Sarène n’a pas peur d’agir, de se salir les mains, elle a toujours des idées pour faire avancer les choses. C’est un personnage très intelligent et très douée en politique, elle va d’ailleurs être à l’origine de pas mal de bouleversements politiques. Les chapitres de Sarène amènent pas mal de dynamisme et de peps au roman. Grâce à ce personnage, Brandon Sanderson prend le contrepied de ce qu’on peut voir classiquement dans des univers avec ce genre de système politique patriarcal. Sarène est loin d’être une marionnette dont on se sert pour des jeux d’alliances. Elle forge au contraire elle-même son propre destin et surtout elle pense d’abord avec son cerveau et non avec son cœur, ce que j’ai personnellement trouvé agréable. On ressent l’envie de Brandon Sanderson de casser les clichés, de proposer des personnages et des systèmes politiques se basant sur des idées différentes. Malheureusement, ces idées restent encore esquissées dans Elantris et j’ai toujours eu l’impression que l’auteur n’allait pas au bout des choses.

Enfin le troisième point de vue, celui du prêtre Hrathen m’a moins plu. La religion n’est pas le sujet qui m’intéresse le plus de prime abord même si c’est une thématique qui peut se révéler très intéressante en fantasy, et les chapitres de Hrathen m’ont semblé beaucoup moins dynamiques. Heureusement ce sont les plus courts et ils évoluent d’une bonne manière. Outre l’aspect religieux, Brandon Sanderson exploite grâce à ces chapitres toute une réflexion sur les personnages antagonistes qui m’a surprise. Si le propos est très manichéen dans la majeure partie du récit, l’auteur finit par renverser les choses et nous apporte une réflexion beaucoup plus nuancée. Finalement, l’antagoniste n’est peut-être celui qu’on croit et même si les personnages principaux s’opposent à quelqu’un, cela n’en fait peut-être pas un « méchant »… 


En bref

Elantris est un bon roman de fantasy à l’intrigue assez classique et divertissante, mais qui offre tout de même pas mal de petites originalités dans les thématiques abordées ou le système de magie. On ressent une volonté de l’auteur de casser les codes et de proposer pas mal d’idées qui ne sont malheureusement pas profondément exploitées dans le récit.
 
Bonne lecture
 
 
 
 
 
 
 
 
 

4 réflexions sur “[Chronique] Elantris, de Brandon Sanderson

  1. tampopo24 28 mai 2022 / 6 h 56 min

    Oui on sent l’auteur un peu à l’étroit dans ce roman. Sur plus de tomes, je pense qu’il aurait pu faire quelque chose de bien plus fouillé et dynamique !

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  2. LaGeekosophe 28 mai 2022 / 9 h 55 min

    Oui, ce roman est moins fouillé que les autres ! Mais sachant que c’est son premier roman, je le trouve plus qu’honnête et j’en garde un bon souvenir 🙂

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  3. pages pluvieuses 28 mai 2022 / 14 h 13 min

    Je l’ai lu tout récemment aussi et pour ma part j’ai adoré ! 🙂 Je n’y ai pas trouvé de manque de profondeur, et j’ai été vraiment emportée tout le long ! Je n’ai pas lu Fils-des-Brumes, mais pour ce qui est de Roshar effectivement c’est encore un ton bien au-dessus d’Elantris, j’espère que tu apprécieras davantage !

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