[Chronique] La marche du Levant de Léafar Izen

la marche du levant


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La marche du Levant
Auteur :
Léfar Izen
Couverture : Hervé Leblan
Maisons d’édition : Albin Michel (Imaginaire)
Genre : Science-fiction
Date de publication : 2 septembre 2020
Nombre de pages : 644
Prix : 24,90 € (broché) / 12,99 € (numérique)
Synopsis 
Trois cents ans. C’est le temps que met la Terre pour tourner sur elle-même. Dans le ciel du Long Jour, le soleil se traîne et accable continents et océans, plongés tantôt dans une nuit de glace, tantôt dans un jour de feu. Contraints à un nomadisme lent, les peuples du Levant épousent l’aurore, les hordes du Couchant s’accrochent au crépuscule. Récemment promue au rang de maître, l’assassine émérite Célérya accepte un enrôlement douteux dans le désert de l’est. Là, sans le vouloir, elle contribue à l’accomplissement d’une prophétie en laquelle elle n’a jamais cru. Un domino vient de tomber ; les autres suivront-ils ?
MON avis
J’ai découvert Léafar Izen avec son roman Le courage de l’arbre paru également chez Albin Michel Imaginaire que j’avais beaucoup apprécié. J’étais donc très curieuse de retrouver l’auteur dans un tout autre registre avec son roman précédent. Il joue ici avec les codes de la fantasy, bien que le roman relève plutôt du registre de la science-fiction comme on le comprend au fur et à mesure du récit.
 
La marche du Levant était initialement pensé comme une trilogie. Les trois tomes ont été rassemblés en un seul volume composé de trois parties distinctes, trois chants. Chacun possède donc une structure et des problématiques différentes. Les deux premiers chants suivent les aventures de Célérya, une assassine qui va être prise dans des complots politiques sur fond de prophétie. Le troisième chant change de perspective, mettant Célérya sur le côté pour se concentrer sur un autre personnage. 
 
Léafar Izen reprend des schémas classiques de la fantasy particulièrement dans les deux premiers chants (on l’a vu avec la prophétie et il y en a d’autres, on y reviendra), mais tout en élaborant un univers inventif et très différent des codes habituels. Ainsi les personnages vivent sur une Terre qui met 300 ans à tourner sur elle-même. Pour survivre aux répercutions climatiques, ils doivent constamment se déplacer, adoptant différentes stratégies en fonction des peuples. La grande partie de l’intrigue se déroule au sein de la ville d’Odessa, Capitale de la Marche, qui se déplace au rythme des personnages. L’univers est pour moi la grande réussite de ce récit. Léafar Izen démontre ici d’un grand talent pour lui donner vie. Il maîtrise parfaitement les descriptions que ce soit pour nous partager les décors de son intrigue ou pour mettre en scène de grandes batailles épiques. J’ai pris grand plaisir à essayer d’imaginer cette Terre ralentie, les différentes peuplades et cette ville en mouvement, même si tout n’est pas forcément évident à visualiser. L’écriture de l’auteur est efficace, elle donne du rythme à ce long récit avec de nombreuses scènes d’action bien menées. Malgré tout, l’intrigue assez linéaire et s’étirant sur de nombreuses années donne une certaine langueur au roman, pas forcément désagréable, mais qui peut également facilement perdre le lecteur en route.  
 
Il n’est pas évident de rentrer dans le roman, même si, rétrospectivement le premier chant a été mon favori. Néanmoins, il m’a fallu une bonne centaine de pages pour m’immerger de l’ambiance de cet univers et en comprendre  les enjeux et les défis. Là l’intrigue devient prenante, mettant en place d’intéressants complots politiques et un personnage de Célérya très prometteur. Le deuxième chant s’inscrit réellement dans une fantasy épique classique, l’éclatement des différents complots pour nous mener vers une grande bataille finale. C’est ainsi qu’on retrouve les codes que l’on connait bien comme la prophétie, mais aussi la guilde des assassins et la présence de différents peuples qui s’affrontent ainsi que des éléments religieux qui interviennent dans la vie politique. La réutilisation de ces éléments n’est pas dérangeant en eux-mêmes et m’ont fait passer un bon moment de lecture. Néanmoins, on peut trouver dommageable le fait que l’auteur ne semble pas aller au bout des choses. Il propose une thématique intéressante liée au déterminisme, interrogeant sur le pouvoir des prophéties. Réelles évocations du futur ou instruments influençant les actes des hommes ? Si la thématique est posée, elle n’est pour autant pas complètement exploitée et si l’auteur donne son avis sur la question, les conséquences ne sont jamais questionnées. Ainsi le mélange de cette fantasy qui reste très classique et de cet univers de science-fiction dont on devine les contours grâce aux noms utilisés comme Amerika est déconcertant. L’auteur semble vouloir cacher l’aspect science-fictif du récit avec de gros archétypes de fantasy et en ne gardant la grande révélation de cet univers pour la toute fin du dernier chant, mais le tout manque finalement de surprise. Concernant le dernier chant, j’ai apprécié le changement de rythme et de perspectives ainsi que les révélations sur la nature réelle de cet univers qui remettent beaucoup de choses en cause. Dommage tout de même qu’il manque globalement d’enjeux.
 
Finalement, La marche du Levant est une lecture appréciable pour son univers dans lequel l’auteur nous plonge grâce à sa plume très immersive. Le roman composé de trois chants, trois parties très distinctes dans leur forme et leurs enjeux, reste cependant plutôt inconstant, jouant parfois sur les codes très classiques de la fantasy pour mieux s’en éloigner ensuite. Le résultat est déconcertant, mais pas inintéressant. Cependant, certaines thématiques abordées manquent de profondeur et le récit aurait mérité de ménager un peu plus la surprise autour des ficelles de son univers.
 
bonne lecture
Cette chronique émane d’un service de presse des éditions Albin Michel Imaginaire que je remercie !
 

6 réflexions sur “[Chronique] La marche du Levant de Léafar Izen

  1. tampopo24 10 mai 2023 / 6 h 01 min

    Je me rappelle aussi d’une bonne lecture, notamment grâce à son univers dont j’avais trouvé la retranscription originale.

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  2. Lutin82 10 mai 2023 / 8 h 43 min

    Je l’ai dans ma PAL, et comme je suis amatrice de bon worldbuilding, je pense passer un excellent moment!

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  3. Le Nocher des livres 10 mai 2023 / 11 h 00 min

    Tout pareil : de bonnes idées, mais une réalisation pas toujours à la hauteur. Mais, au final, un bon moment de lecture quand même.

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  4. zoelucaccini 15 mai 2023 / 17 h 31 min

    Encore un manque de profondeur, c’est dommage…

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