
« Ce qu’elle a fait durant ces dernières hecto-heures a radicalement changé sa personne et sa situation. Thyra blêmit à l’idée que tout cela puisse être perdu. Si elle devait être ressuscitée à partir d’une capture synaptique, une part fondamentale d’elle même serait jetée aux oubliettes. Ce n’est pas elle qui revivrait, mais quelque chose d’autre. Une chose à laquelle elle ne s’identifie déjà plus.«

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Le courage de l’arbre
Auteur : Léafar Izen
Illustration : Manchu
Éditeur : Albin Michel Imaginaire
Genre : Science-fiction
Date de parution : 20 avril 2022
Nombre de pages : 405
Prix : 21,90 € (broché) / 11,99 (numérique)
Auteur : Léafar Izen
Illustration : Manchu
Éditeur : Albin Michel Imaginaire
Genre : Science-fiction
Date de parution : 20 avril 2022
Nombre de pages : 405
Prix : 21,90 € (broché) / 11,99 (numérique)
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Synopsis
Grâce au Phytoïde De Katz, arbre prodigue et mystérieux, l’humanité a conquis une bonne partie de la galaxie. L’Égrégore, un réseau de communication tentaculaire, synchronise le temps des Hommes et fait vibrer leurs âmes sur-connectées au son du même diapason.Recluse dans la jungle artificielle du plateau d’Okodrée, Thyra, une jeune ethnologue, étudie un peuple retourné à l’état primitif à la suite du naufrage de ses lointains ancêtres. Aux antipodes de cette petite lune, dans la banlieue d’une cité minière, Roonis bricole et fait trafic de divers gadgets « psyentifiques ». La vie suit paisiblement son cours, jusqu’à ce que les énigmatiques instances égrégoriennes exigent l’impensable : le meurtre d’un vieil autochtone. Ce crime, la jeune chercheuse ne peut s’y résoudre. Accompagnée de Roonis, traquée par l’Egrégore, Thyra embarque alors dans une incroyable aventure interstellaire.

Le courage de l’arbre est le troisième roman de Léafar Izen après Grand Centre publié en 2018 aux éditions Au bord du Lot et La marche du Levant publié en 2020 chez Albin Michel Imaginaire.
Si je n’avais pas forcément été attirée par La marche du Levant (mais il n’est pas du tout exclu que je m’y intéresse prochainement), j’ai été bien plus intriguée par Le courage de l’arbre, en partie grâce à la splendide couverture réalisée par Manchu dont les couleurs me parlent beaucoup, mais aussi grâce à cette thématique environnementale liée à cet arbre mystérieux qui apporte les éléments nécessaires à la vie et a permis l’installation des Hommes aux quatre coins de la galaxie. Sur la nature même de cet arbre, le mystère demeure tout au long du récit, mais sa découverte pose les bases d’un univers dense et dépaysant, se déroulant dans un lointain futur, si lointain que l’humanité et sa technologie a largement évolué. Chaque humain est ainsi relié à un immense réseau nommé L’Egrégore via un implant neuronal qui ne fait rien de moins que de contrôler la population. En plus d’être un large réseau de communication, il influe à tous les niveaux dans la vie des personnages, modifiant leur perception de la réalité, leurs sentiments, agissant comme un assistant personnel hyper-évolué et étant capable de créer des sauvegardes de chacun et donc l’accès à l’immortalité, entre autres choses. Cette hyper-connexion permanente et l’addiction qui en découle est l’une des thématiques centrales du récit et je l’ai trouvée très bien exploitée par l’auteur. Il montre de manière explicite le danger qui découle d’une technologie totalement omnisciente devenue quasiment vitale pour la majeure partie de la population.
Mais Le courage de l’arbre, ce n’est pas qu’une critique de la société ultra-connectée, c’est avant tout l’histoire de Thyra, une jeune femme somme toute assez banale qui fait des recherches sur un peuple ayant décidé de se couper de la civilisation et de la technologie et de retourner vivre dans un état « primitif ». Son quotidien va être bouleversé par une mission dictée par L’Egrégore lui ordonnant d’aller tuer un membre de cette civilisation. Mais bien sûr, cette mission ne va pas se dérouler comme prévu et elle se retrouvera en fuite avec le fameux Humk et une de ses connaissances, Roonis, qu’elle ne porte pas vraiment dans son cœur en début de récit…
Le courage de l’arbre est un roman très entraînant dès les premières pages. L’écriture de Léafar Izen est fluide et très agréable. Le début du récit peut sembler un peu ardu, du fait de tous les termes propres à l’univers et de toutes ses spécificités qu’il faut intégrer. Il faut dire que l’auteur nous emmène dans l’intrigue comme si on était déjà familier à l’univers. Il ne fournit pas beaucoup d’explications, mais nous laisse plutôt comprendre son univers grâce au contexte et aux agissements des personnages. Cela ne pose pas vraiment de problème à la lecture, puisqu’une fois les termes bien intégrés, l’immersion devient totale et le roman prend un tour très entraînant, mais j’aurais tout de même aimé un peu plus d’explications. J’ai eu une impression de difficulté un peu factice dans les premières pages, ce qui pourra peut-être décourager à tort certains lecteurs peu habitués du genre. De plus et comme L’épaule d’Orion le mentionne parfaitement dans sa chronique, ce roman repose sur énormément de concepts scientifiques bien réels que je trouve personnellement fascinants, et qui sont exploités sans aucune explications Bien sûr, il en ressort un roman de science-fiction extrêmement abordable, mais ma curiosité scientifique n’aurait pas dit non à quelques explications supplémentaires !
Une fois l’univers bien intégré, Le courage de l’arbre est un récit qui se veut extrêmement divertissant. Le rythme est assez bien géré tout au long du récit, je n’ai pas ressenti de longueurs particulières et les enjeux croissent au fil des pages jusqu’à devenir considérables. Ce roman alliant voyage spatial et exploration de planètes se transforme peu à peu en un récit apocalyptique où la tension et le poids reposant sur les épaules des personnages s’accentuent jusqu’au dénouement. Ainsi Le courage de l’arbre offre de nombreux éléments rendant cette lecture très agréable : de la tension, plusieurs retournements de situation, des thématiques telles que l’hyper-connectivité ou le lien avec le réel bien exploitées ainsi que des personnages sympathiques. Les personnages du roman sont bien construits et possèdent une évolution crédible et intéressante. Il y a d’ailleurs un rebondissement lié aux personnages à la moitié du roman qui remet pas mal de choses en perspective et apporte une vraie réflexion sur, justement, l’évolution des personnages, mais aussi sur les souvenirs et les choix. J’ai tout de même parfois trouvé les émotions des personnages un peu en décalage avec les situations et leur choix – notamment les premières actions de Thyra – m’ont semblé un peu trop forcés pour faire avancer l’intrigue. Comparés à tous les éléments positifs que je retiens de cette lecture, ces petits bémols restent secondaires et j’ai vraiment passé un excellent moment à suivre l’aventureuse et intrépide Thyra dans ses aventures interstellaires !
En bref
Le courage de l’arbre a été pour moi une excellente lecture. Si le début peut sembler un peu ardu, le temps de s’approprier l’univers et les termes spécifiques qui lui sont liés, l’intrigue devient vite très fluide et divertissante. Léafar Izen nous emmène dans une aventure interstellaire entre voyage spatial et découverte des planètes aux côtés de personnages sympathiques qui démontrent une évolution très intéressante. Le voyage prend vite des allures apocalyptiques, apportant son lot de tension et de rebondissements au récit. De plus, outre le côté divertissant, l’auteur interroge de manière pertinente sur notre dépendance, à travers cet univers où la survie de l’humanité repose sur une technologie omnisciente et des arbres étranges aux propriétés mal comprises.

Je remercie Gilles Dumay et les éditions Albin Michel Imaginaire de m’avoir envoyé ce roman en service presse.
D’autres avis : Apophis – L’épaule d’Orion
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