
« La sensation de revenir en vie, mais pas complètement, une semi-vie peut-être. Une obscurité encore totale, à moins qu’un soupçon de lumière ne pointe à l’horizon. Un tourbillon de souvenirs et fantasmes, une brise brossant un passé, réel ou imaginaire, badigeonné sur les parois de son crâne. »

–
Immobilité
Auteur : Brian Evenson
Traduction : Jonathan Baillehache
Maisons d’édition : Rivages
Genre : Science-fiction
Date de publication française : 04 janvier 2023
Nombre de pages : 270
Prix : 22 €
Auteur : Brian Evenson
Traduction : Jonathan Baillehache
Maisons d’édition : Rivages
Genre : Science-fiction
Date de publication française : 04 janvier 2023
Nombre de pages : 270
Prix : 22 €
–
SynopsisLorsque vous ouvrez les yeux, vous ne savez plus qui vous êtes ni d’où vous venez. Vous savez que le monde a changé, qu’une catastrophe a détruit tout ce qui existait, et que vous êtes paralysé à partir de la taille. Un individu prétendant être votre ami vous dit que vos services sont requis. Vous voici donc transporté à travers un paysage en ruines, sur le dos de deux hommes en combinaison de protection, vers quelque chose que vous ne comprenez pas et qui pourrait bien finir par vous tuer Bienvenue dans la vie de Josef Horkaï.

En ce début d’année 2023, les éditions Quidam et Rivages ont toutes deux publié un livre inédit de Brian Evenson se faisant écho à travers leur univers et leurs thématiques. Je vous ai déjà parlé de la novella L’antre dans une précédente chronique, je reviens cette fois-ci vous présenter le roman Immobilité.
Immobilité est un roman post-apocalyptique se déroulant dans un monde complètement dévasté dans lequel l’air est devenu un poison. Il n’existe quasiment plus ni faune, ni flore et les seules personnes survivantes vivent recluses ou sont des êtres étranges ayant développé des capacités surhumaines. Le personnage principal, Josef Horkaï est l’un de ces derniers, il peut aller à l’extérieur sans dommages et n’importe laquelle de ses blessures se régénère très rapidement. Le roman débute alors qu’Horkaï est sorti de « stockage » où il avait été cryogénisé. Il se réveille avec beaucoup de difficulté à retrouver ses souvenirs et des jambes paralysées.
Comme dans la novella L’antre, Immobilité aborde des notions de mémoires et de quête identitaire. Le personnage d’Horkaï se réveille en ayant perdu la mémoire et doit accomplir une quête pour des personnes dont il n’a aucun souvenir. Une grande partie de ce roman repose sur ce flou, car si Horkaï accepte la mission, il va peu à peu se poser des questions sur lui-même mais aussi sur ceux qui l’entoure. À qui doit-il faire confiance ? Comment doit-il agir sans pouvoir évaluer la portée de ses actes ? Au fil de ses rencontres, son raisonnement et son allégeance vont évoluer… jusqu’aux révélations finales qui tombent comme un couperet. Si Brian Evenson joue beaucoup sur le mystère autour de l’identité et de l’essence même d’Horkaï et des personnages qui l’entoure, le fait d’avoir lu L’antre en premier rend le tout moins percutant. Si vous êtes intéressés par cet univers, je vous conseille vivement de suivre l’ordre de parution originale et de commencer par Immobilité. La novella éclaire de nombreux points du roman et dévoile peut-être un peu trop de choses vis-à-vis du roman. Par exemple, Immobilité commence à aborder la réflexion autour de la notion d’humanité (quels sont les critères pour pouvoir se qualifier d' »humain » ?) qui est reprise et plus développée dans L’antre.
Néanmoins, même en ayant commencé par L’Antre, je ne peux retirer les nombreuses qualités d’Immobilité. Le roman propose une narration fluide et des chapitres courts qui permettent à l’intrigue d’avancer très rapidement. S’il y a parfois quelques petites longueurs, le récit propose de nombreux pics d’intensité qui vienne redynamiser le tout quand cela est nécessaire. On avance donc aisément dans cette lecture, happé par l’air irrespirable, les paysages désolés et le fait que la survie de l’humanité ne tienne plus qu’à un fil. Chaque décision du personnage principal a des conséquences fortes et le fait qu’ils doivent les prendre sans en comprendre la portée ajoute une belle tension au récit. De plus, s’il y a bien une thématique portée par Immobilité et qui est moins présente dans L’antre est la notion d’écologie. Le roman interroge beaucoup sur la place de l’homme, sa responsabilité passée dans la crise climatique ainsi que sa responsabilité future. À travers cette réflexion, le récit est loin de délivrer un message optimiste, il est au contraire très noir, mais il ose poser les questions qu’on tente illusoirement d’éviter.
Finalement, si j’ai trouvé le texte globalement moins percutant sur les questions autour de l’identité que dans la novella L’antre, ce n’est pas le cas de la fin qui propose un excellent retournement à couper le souffle. Si cela reste la fin logique à cette histoire, elle fait tout de même l’effet d’un choc, renforçant encore l’image pessimiste et cruellement réaliste de l’auteur sur l’humanité. Si vous aimez les romans post-apocalyptique proposant une réflexion à la fois philosophique sur les questions d’humanité, mais aussi sociologique vis-à-vis de notre mode de vie et de la dégradation de la planète, n’hésitez pas à découvrir Immobilité et L’antre en respectant bien cet ordre pour être complètement immergé dans l’ambiance des deux récits et suivre le fil rouge de la réflexion de Brian Evenson.

D’autres avis : Tachan – Le Maki – L’épaule d’Orion – Le nocher des livres – Les pipelettes en parlent – Quoi de neuf sur ma pile ? – Le dragon galactique –
Par le plus grand des hasards, j’ai eu la chance de les lire dans l’ordre, du coup j’ai eu l’effet de surprise à chaque fois et j’ai aimé chaque texte de l’auteur !
J’aimeJ’aime
J’ai lu la novella avant le roman et j’ai adoré les deux et je n’ai aps eu l’impression de loupé quelque chose surtout que je les ai lus l’un derrière l’autre.
Une très belle découverte pour ma part.
J’aimeJ’aime
La fin est en effet glaçante.
Team lu dans l’ordre de parution, j’ai tendance à penser aussi qu’il est préférable de les lire dans cet ordre, sans que ce soit non plus rédhibitoire.
J’aimeJ’aime