[Chronique] Les temps ultramodernes, de Laurent Genefort

les temps ultramodernes

« Avec la science, chaque matin, l’univers est nouveau, lui avait-elle confié. Face à l’enchantement des découvertes être homme ou femme n’a plus de sens. Quand on est curieux on redevient un enfant. »


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Les temps ultramodernes
Auteur :
Laurent Genefort
Illustration : Didier Graffet
Maisons d’édition : Albin Michel Imaginaire
Genres : Science-fiction
Date de publication française : 5 janvier 2022
Nombre de pages : 459
Prix : 22,90 €
Synopsis
En débarquant à la capitale, en quête d’un emploi d’institutrice, Renée est loin de se douter qu’elle va tomber sur un Martien blessé. Mais ce Paris-là n’est pas le nôtre. Grâce à la découverte de la cavorite, un métal miraculeux, les voitures volent, des paquebots transcontinentaux appontent aux quatre tours Eiffel parisiennes, et Mars est une destination comme une autre. Quand Marie Curie découvre que la cavorite a une durée de vie limitée, elle ignore à quel point le monde va en être bouleversé. Deux ans après le « vendredi noir » de 1923, les empires occidentaux bataillent pour récupérer les dernières miettes de la si précieuse manne. Contre vents et marées, Renée soigne son protégé et décide de le ramener sur sa planète natale. Comme elle, Marthe, une intrépide journaliste, et Georges, un jeune artiste pris dans un mouvement politique qui le dépasse, seront les témoins, mais aussi des acteurs de premier plan, de cette époque-charnière pleine de bruit et de fureur.
MON avis
J’ai récemment découvert Laurent Genefort avec Opexx qui a été un coup de cœur, et j’avais donc très envie de lire d’autres choses de l’auteur dans des formats plus longs. Cela tombe bien puisque Les temps ultramodernes m’attendaient dans ma pile à lire et si le roman a mis un peu de temps avant de vraiment me plaire, j’ai finalement passé un très bon moment.
Laurent Genefort nous propose donc cette uchronie accompagnée de son Abrégé de cavorologie que vous pourrez télécharger gratuitement sur le site d’Albin Michel Imaginaire. Cet abrégé tient son nom de la cavorite, métal qui est au cœur de cet univers et dont la découverte constitue le changement majeur par rapport à notre propre réalité. Ainsi ses très nombreuses propriétés qui sont très bien expliquées dans l’Abrégé de cavorologie a permis le développement de nombreuses technologies et particulièrement dans les domaines du bâtiment et du transport. Ainsi Laurent Genefort nous emmène dans un Paris des années 1920 où circulent voitures et paquebots volants, où l’on peut emprunter des trottoirs roulants et où des gratte-ciels défient la gravité. Mais la cavorite permet également une avancée majeure : le voyage spatial. Cela a permis à l’homme de coloniser la planète Mars… et d’exploiter ses habitants puisque dans Les temps ultramodernes, Mars est peuplée d’espèces extraterrestres, notamment une appelée Erloors ! Laurent Genefort invente donc une réalité alternative très immersive et visuelle reprenant avec intelligence certaines données historiques et les détournant. L’univers ressemble bien à ce qui est montré dans l’illustration de couverture, foisonnant, coloré, riche, bruyant. On en reparlera plus tard, mais l’auteur montre aussi bien les facettes positives de cette société (l’émulation scientifique découlant des recherches autour de la cavorite, les avancées qu’elles ont permises…) tout comme les contreparties plus négatives (les limites atteintes trop rapidement et leurs conséquences sur la population humaine et martienne).
Les temps ultramoderne est un roman choral dans lequel chaque chapitre suit un personnage. La première moitié du roman possède une structure régulière alternant entre les points de vue de Renée, une institutrice qui vient tenter sa chance à Paris ; George un artiste qui va intégrer un groupe d’activistes anarchistes ; Maurice un inspecteur de police qui va enquêter sur une affaire de trafic de cavorite et Marcel, un médecin qui a perdu son droit d’exercer après un certain scandale que je vous laisse découvrir. Il faut un petit moment pour se faire à ces différents personnages que l’auteur prend le temps de placer et d’exploiter. Laurent Genefort ne dévoile pas ses enjeux très rapidement et la première moitié du roman m’a semblé être une longue introduction avant que l’intrigue ne démarre complètement. Il faut donc être patients pour comprendre où l’auteur veut nous mener et avant que les différentes histoires ne se rassemblent. De plus, les différents points de vue de se valent pas et je n’ai par exemple pas accroché aux chapitres concernant George qui restent toujours un éloignés des enjeux de l’intrigue montrant surtout une facette différente de cette société. De manière générale, les personnages féminins sont ceux qui brillent le plus dans le roman, donnant un côté plutôt fade aux personnages masculins. Et cela tombe bien puisque dans la deuxième moitié du texte les points de vue changent. Un nouveau point de vue féminin, celui d’une journaliste scientifique experte en cavorite, Marthe, vient remplacer les points de vue un peu moins intéressants donnant un nouveau souffle bien plus haletant au texte.
Si la première moitié était donc en demi-teinte en fonction des points de vue, j’ai été conquise par la deuxième moitié du récit, là où l’intrigue prend complètement son essor. L’auteur nous emmène en voyage sur Mars et nous immerge merveilleusement bien dans les paysages de la planète colonisée par les humains. Comme dans Opexx, Laurent Genefort nous montre son habileté pour décrire les paysages et les modes de vie sur d’autres planètes ainsi que pour créer des espèces extra-terrestres fascinantes.  Si l’intrigue reste assez simple dans son déroulée et sa résolution, la tension installée par l’auteur et les problématiques soulevées bien trop réalistes sont passionnantes. Un des gros enjeux de ce texte est l’exploitation des espèces animales et ici extra-terrestres par l’être humain. Laurent Genefort décrit parfaitement ce qui pourrait se passer si l’on découvrait une nouvelle espèce que l’on peut exploiter, étudier, exposer dans des cirques ou des zoos et traite le sujet de manière touchante et glaçante. Ce texte aborde également de nombreuses thématiques sociétales et notamment la place des femmes. Renée et Marthe sont des femmes indépendantes qui s’opposent au carcan de la société, Marthe en se passionnant pour les sciences, Renée en prenant sous son aile un Erloor et décidant de partir s’installer sur Mars. J’aime beaucoup les récits de cette période montrant des femmes luttant pour leur émancipation et encore plus lorsqu’il s’agit de femmes scientifiques. J’ai ainsi beaucoup aimé le traitement réservé aux personnages féminins du récit.
Finalement si le roman met du temps à s’installer, il se révèle dans sa deuxième moitié mettant en jeu des thématiques très fortes et très connectées avec la période à laquelle se déroule le récit. L’auteur a fait un travail fabuleux sur la création de l’univers allant jusqu’à inventer un nouveau métal en étant capable de décrire un grand nombre de ses propriétés et en inventant tout un nouveau vocabulaire lui étant lié. Il compose ainsi une uchronie des plus crédibles et très proche des problématiques de l’époque. Si l’intrigue reste simple dans son déroulée et son dénouement, elle met en jeu des personnages féminins très réussis qu’on prend plaisir à suivre et se termine sur une note poétique très agréable.
très bonne lecture

13 réflexions sur “[Chronique] Les temps ultramodernes, de Laurent Genefort

    • Sometimes a book 10 février 2023 / 17 h 12 min

      Je n’ai lu que celui-là et Opexx pour l’instant, mais c’est vrai que les deux étaient une grande réussite !

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  1. Brize 8 février 2023 / 19 h 14 min

    J’ai dû manquer de patience, parce que j’ai lâché l’affaire en cours de route, alors que je pensais bien accrocher à ce roman …

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    • Sometimes a book 10 février 2023 / 17 h 11 min

      Ah oui c’est vraiment une lecture qui demande de la patience, j’ai failli décrocher aussi au début et je suis bien contente d’avoir persévéré finalement !

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  2. Latulu 21 février 2023 / 10 h 32 min

    Hello. J’ai également passé un bon moment avec ce récit.
    Juste une précision : l’auteur rend hommage aux grands noms de la SF des années 50 ou 60.
    La cavorite est présente dans le roman de Wells et la créature dans celui de Gaston Le Rouge. L’auteur a su créer un superbe récit à partir de cet hommage 🙂

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  3. Shaya 26 février 2023 / 18 h 46 min

    Un roman que j’ai bien envie de lire, un jour !

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