[Chronique] Les chants de Nüying, d’Emilie Querbalec

les chants de nuying

« Je ne suis personne dit-il. Je ne suite rien
Rien qu’une boîte vide, que l’on avait remplie de souvenirs et de désirs ayant appartenu à des morts. »


 
Les-Chants-de-Nuying
Les chants de Nüying
Autrice :
Emilie Querbalec
Illustration : Luc Doligez
Maison d’édition : Albin Michel Imaginaire
Genre : Science-fiction
Date de parution : 31 août 2022
Nombre de pages : 463
Prix : 22,90 €
 
Synopsis
La planète Nüying, située à vingt-quatre années-lumière du Système solaire, partage de nombreux traits avec la Terre d’il y a trois milliards d’années. On y trouve de l’eau à l’état liquide. Son activité volcanique est importante. Ses fonds marins sont parcourus de failles et comportent quantités de sources hydrothermales. Elle possède une magnétosphère et une atmosphère dense, protectrice. Tout cela en fait une bonne candidate pour héberger la vie. La sonde Mariner a transmis des enregistrements sonores de Nüying : des chants qui évoquent par analogie ceux des baleines. Quand elle était enfant, Brume a entendu cet appel. Désormais adulte, spécialisée dans le domaine de la bioacoustique marine, elle s’apprête à participer à la plus grande aventure dans laquelle se soit jamais lancée l’Humanité : rejoindre Nüying au terme d’un voyage spatial de vingt-sept années. Que va-t-elle découvrir là-bas ? Une civilisation extraterrestre ou une remise en cause totale de ses certitudes ?
MON avis
Emilie Querbalec a su se faire un nom dans la science-fiction française dès son premier roman, Quitter les monts d’automne, un surprenant space opera aux inspirations asiatiques. Elle revient cette année avec un deuxième roman, très différent dans sa construction, mais où on retrouve les influences asiatiques chères à l’autrice. 

Un roman en trois sous-intrigues

Le roman est séparé en trois parties, présentant toutes un pan assez différent du récit même si la construction reste bien linéaire et chronologique. La première partie suit principalement Brume, une scientifique spécialiste de la bioacoustique marine qui se prépare pour un voyage spatial vers la planète Nüying située à vingt-quatre années-lumière de la Terre. En effet, un mystérieux enregistrement sonore a été enregistré sur la planète et elle part donc pour la mission de sa vie afin d’en découvrir la nature. La première partie du récit décrit ainsi la préparation de Brume avant le départ : ses adieux sur Terre, ses rencontres avec les autres scientifiques et personnels participant à la mission. La deuxième partie se concentre quant à elle plutôt sur une partie du voyage spatial et la troisième sur l’arrivée sur Nüying. Comme je le disais, les trois parties sont très différentes, mettant en scène des personnages différents, mais aussi des enjeux différents comme si chaque partie était une mini-intrigue à elle seule. Ainsi, on s’aperçoit vite que la couverture et le résumé sont assez trompeurs. La planète Nüying et son exploration sont loin d’être la part dominante du roman. Même le personnage de Brume s’efface peu à peu dans la première partie pour être complètement absente dans la deuxième partie et revenir dans la dernière.
Si la première partie est assez introductive, mettant en lumière les différents personnages importants et les enjeux de la mission, ainsi que les codes de ce monde futuriste, une thématique assez surprenante en regard de ces enjeux va être présentée et se détacher, celle du transhumanisme. Et c’est thématique qui sera prédominante dans la deuxième partie du récit, l’autrice interrogeant alors sur ces avancées technologiques apportant une sorte d’immortalité à l’humain en lui donnant la possibilité de transférer son esprit dans un nouveau corps. L’autrice aborde avec un angle assez novateur cette thématique et particulièrement les effets secondaires et les dangers que peuvent engendrer ces transferts. Cette partie est riche en tension, l’atmosphère est pesante dès les premières pages. De nombreuses années se sont passées entre la première et la deuxième partie et on sait dès les premières lignes que beaucoup de choses ne se sont pas passées comme prévu. Un nouveau petit bond dans le temps se fait pour arriver à la troisième partie où l’on retrouve Brume qui va enfin découvrir la planète Nüying. Encore une fois l’atmosphère est froide et pesante, l’inhospitalité de Nüying, les tragédies qui se sont jouées durant le voyage ont eu raison du moral des personnages. Cette partie se focalise beaucoup sur les recherches scientifiques notamment microbiologiques menées par les membres de l’équipage et qui sont bien explicitées par l’autrice. Elle compose des théories intéressantes et expose de manière réaliste les difficultés à obtenir des réponses et à mener des expériences scientifiques dans un environnement nouveau. 
A travers les trois parties c’est finalement un drame intime que nous conte l’autrice, drame tout aussi intense à l’échelle individuelle qu’à l’échelle de l’humanité. Emilie Querbalec séduit toujours grâce à sa plume, fluide, mais travaillée qui retranscrit très bien les émotions de ses personnages et les ambiances offrant un roman tout de même réussi malgré les bémols que je vais aborder dans la suite de cette chronique. 

Quelques bémols

Comme vous avez pu le comprendre, Les chants de Nüying est un roman très différent que ce que le titre, la couverture et le résumé peuvent laisser entendre et finalement ce décalage aura entaché mon plaisir de lecture. J’ai attendu une grande partie du roman la découverte de la planète Nüying, ce potentiel premier contact qu’on nous promet et surtout les révélations liées à ces étranges chants. Mais le récit part rapidement dans une autre direction et ce qu’on attend arrive finalement trop tardivement autant pour le lecteur que pour les personnages. Après les péripéties et les drames du voyage, on ressent une grande lassitude chez eux, qui broie le sentiment d’émerveillement que l’on aurait dû ressentir à la découverte de Nüying. Il y a tout de même une belle émulation scientifique dans la dernière partie qui a réussi à recapter mon attention malgré ces bémols.
Outre le fait que le roman est très différent de ce que le travail éditorial laisse penser, je n’ai pas non plus été complètement convaincue par sa construction. Comme je le mentionnais, les trois parties semblent être des sous-intrigues à part entière et cela m’a justement donné le sentiment de lire un récit incomplet. Chaque partie aurait pu être bien plus développée et même être le sujet d’un roman à part entière. J’ai donc ressenti une certaine frustration de voir les choses s’arrêter au moment où elles s’intensifiaient. Cette sensation, ainsi que les bonds dans le temps entre chaque partie ont donné un côté haché au récit et un manque de cohésion générale. Enfin, concernant l’intrigue, j’ai regretté la présence assez prégnante de scènes de romance lorsque le roman était du point de vue de Brume qui ne m’ont pas intéressées. C’est pourtant un personnage que j’ai beaucoup apprécié découvrir et j’aurais aimé pouvoir la voir autrement qu’à travers cette romance. 

J’ai donc un avis assez mitigé vis-à-vis de cette lecture malgré toutes les qualités que je lui reconnais. Malgré tout, je pense que je l’aurais beaucoup plus apprécié si j’avais mieux su à quoi m’attendre. S’il vous tente, et maintenant que vous savez de quoi il en retourne, je vous conseille donc de lui laisser sa chance. C’est un roman de science-fiction assez classique, mais bien écrit, intelligent et très abordable tout en mettant en avant des notions scientifiques intéressantes.  
avis mitigé

17 réflexions sur “[Chronique] Les chants de Nüying, d’Emilie Querbalec

  1. Tigger Lilly 28 décembre 2022 / 11 h 24 min

    Avis très mitigé pour moi, plus que pour Quitter les monts d’automne. Je suis prête à me laisser surprendre mais la tournure que prend l’intrigue ne m’a pas intéressée. De plus, j’ai un souci avec l’écriture.

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  2. Brize 28 décembre 2022 / 11 h 42 min

    Bilan plus que mitigé en ce qui me concerne et je te rejoins sur certaines de tes réserves (billet prêt, à paraître bientôt).

    Aimé par 1 personne

  3. tampopo24 28 décembre 2022 / 13 h 49 min

    Je comprends ton sentiment et le partage en partie tant je m’attendais à autre chose en ai trouvé la fin frustrante.
    J’avoue cependant avoir été enchantée par la surprise réservée par l’intrigue. Le seul conseil que j’aurai pour ceux voulant le découvrir : ne lisez pas le résumé !

    Aimé par 1 personne

    • Sometimes a book 29 décembre 2022 / 22 h 04 min

      Ah c’est marrant mais moi justement l’intrigue ne m’a pas vraiment surprise. Je commence à avoir lu pas mal de SF et j’ai pas trouvé qu’il proposait vraiment quelque chose d’innovant dans le genre.

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  4. zoelucaccini 28 décembre 2022 / 18 h 14 min

    Je partage certaines de tes observations, notamment le résumé qui en dit trop – et qui est trompeur, clairement ce qui est vendu… on l’a jamais !
    Pour autant, je ne sais pas l’expliquer, mais j’ai aimé ça : j’avais déjà ressenti cette sorte de frustration dans son précédent, et ce sentiment de « mais qu’elle arnaque ! ». Et pourtant j’apprécie où l’autrice nous emmène, et comment elle parvient (dans mon cas ^^) à me passionner malgré cette perte de repères.
    Je trouve ça assez astucieux, même si effectivement ici, le chant des baleines m’aura manqué tout du long…

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  5. Callysse 29 décembre 2022 / 17 h 33 min

    Au moins je suis prévenue, je déteste quand une quatrième de couverture se concentre sur des éléments qui arrivent tardivement dans l’intrigue. Cela me frustre toujours car j’ai l’impression d’avoir été flouée.

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    • Sometimes a book 29 décembre 2022 / 22 h 05 min

      Oui là pour le coup mieux vaut ne pas lire le résumé, mais le problème c’est que la couverture seule donne aussi certaines attentes qui n’arrivent pas :/

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  6. Lullaby 31 décembre 2022 / 10 h 06 min

    J’ai bien aimé, mais comme toi, je trouve que la couv comme le résumé ne correspondent pas du tout – j’en ai été déçue.
    Sinon, les thématiques m’ont parue très pertinentes et parlantes, l’histoire m’a bien accrochée, mais ces attentes non assouvies ont freiné quelque peu mon enthousiasme.

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  7. Shaya 4 janvier 2023 / 13 h 16 min

    C’est un peu dommage ça, que le contenu ne corresponde pas à ce qu’on nous vend…. Du coup ce sera à voir pour moi, vu les avis mitigés qui tombent.

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