[Chronique] Mort aux geais !, de Claire Duvivier

capitale du nord 2

« Je le lus aussi dans ses yeux quand nous nous revîmes. Quelque chose allait se passer. Yonas portait cette imminence autour de lui, elle planait au-dessus de sa tête Et, dès lors au-dessus de la mienne Une masse de douleur à la fois sourde, muette et aveugle, dont nous ne pouvions parler. Une machine infernale.


capitale-du-nord-tome-2-mort-aux-geais-5029346
Capitale du Nord, tome 2/3 : Mort aux geais
Autrice :
Claire Duvivier
Illustration : Elena Vieillard
Maison d’édition : Aux forges de Vulcain
Genre : Fantasy
Nombre de pages : 412
Prix : 20 € 
Synopsis
Après les terribles meurtres de la maison De Wautier, le monde d’Amalia Van Esqwill s’est écroulé. Considérés comme les principaux suspects, Yonas et elle trouvent refuge dans les tumultueux Faubourgs de la ville. Mais s’ils peuvent se cacher de la garde havenoise, qui les protégera de l’emprise de l’enchantement ? Pour survivre, Amalia devra surmonter sa douleur, dompter ses peurs, s’adapter à la clandestinité… et accepter de confier son destin au jeu de la tour de garde.
MON avis
Nous voilà de retour dans la cité nordique de Dehaven après les évènements tragiques de la fin du premier tome. Yonas et Amalia se sont enfuis et se cachent désormais au sein de la ville d’abord à cause du choc des évènements, puis parce qu’ils ont fini par devenir les principaux suspects. Ce deuxième tome se concentre donc sur leur vie de fugitif et leur reconstruction. Il y a assez peu de péripéties, le rythme est globalement lent comme l’était déjà celui du premier tome. Claire Duvivier concentre toute son attention à faire évoluer avec finesse ses personnages en contant leur quotidien. Ainsi, le récit est concentré sur Yonas et Amalia, quelques personnages secondaires gravitent autour d’eux, mais sans jamais prendre une grande place ni leur voler la vedette. C’est donc un deuxième tome très intimiste que nous propose l’autrice et, s’il y a peu de péripéties bouleversantes, Claire Duvivier fait faire un très grand pas à ses personnages, les forçant à affronter leurs peurs et à commettre de lourdes erreurs. Retranchés sur eux-mêmes Yonas et Amalia vont devoir apprendre à mettre leur talent en commun pour survivre, mais ils vont surtout devoir faire face à la solitude qui leur rappelle sans cesse les évènements du premier tome.
Claire Duvivier retranscrit très bien les différentes manières de réagir après un choc, les mécanismes de protection mis en place, les envies de vengeance pas toujours dirigées contre les bonnes personnes… Dans la première moitié du roman, les personnages sont encore dans un état d’hébétude, comme si leur vie s’est arrêtée alors que le monde autour d’eux continue à tourner, ce qui est bien retranscrit à travers l’effervescence de Dehaven. On ressent très bien l’atmosphère s’appesantir autour d’Amalia et de Yonas, cette épée de Damoclès se rapprochant petit à petit au-dessus de leur tête. La tension qui s’installe compense le rythme lent en nous donnant l’envie frénétique de tourner les pages, car on ressent qu’un bouleversement peut arriver à tout moment, sans prévenir. Un déclic va bien arriver et permettre aux personnages de sortir de cet état d’hébétude. Ils vont alors enfin retrouver le courage de prendre les choses en main dans la deuxième moitié qui est alors plus rythmée et riche en stratégies en tous genres. C’est alors une autre ambiance qui s’installe, les personnages s’activent dans la mise en place de complots politiques et prêts à prendre tous les risques. L’autrice décrit très bien ce sentiment de retrouver un but, un sens à sa vie quand on l’avait perdu. Elle décrit également bien l’aveuglement que cela engendre et la prise de conscience une fois qu’il est trop tard. Encore une fois, Claire Duvivier n’épargne pas ses personnages, mais elle utilise à très bon escient leurs difficultés pour les faire grandir et leur faire apprendre de leurs erreurs.
Outre la fine évolution de la psychologie des personnages et surtout celle d’Amalia, c’est également la relation entre les deux personnages qui est questionnée dans le roman. Amalia et Yonas vont développer un lien très fort, un lien même surnaturel. C’est un lien qui s’installe naturellement pour deux personnes qui ont vécu les mêmes traumatismes et qui se retrouvent à vivre cachés ensemble sans pouvoir faire confiance à personne d’autre. Cela Claire Duvivier le décrit bien Mais, leur relation est également conditionnée par les objets magiques introduits dans le premier tome et qui avaient déjà causé leur perte. Et c’est particulièrement le pouvoir du diadème qui est exploité dans ce deuxième tome. Ce diadème qui est capable de connecter deux personnages et dont vont se servir Amalia et Yonas, quitte à aller trop loin. Cette magie très originale apporte vraiment un grand plus à cet univers déjà bluffant dans sa construction. Si le pouvoir des diadèmes est central dans ce tome, l’autrice l’utilise toujours avec minutie pour conserver la solidité de son univers et surtout accroître le suspense et la tension. Lorsqu’on sait les évènements que ces objets ont provoqués, on ne peut s’empêcher de s’inquiéter pour les personnages qui semblent être toujours sous leur emprise. J’ai eu une petite pointe de déception du fait que le miroir n’ait pas été plus exploité dans ce tome, car son pouvoir m’intrigue énormément, mais je comprends bien le choix de l’autrice de garder ces aspects pour le troisième tome.
Je ne peux pas terminer cette chronique sans parler de la fin de ce deuxième tome que j’ai trouvé parfaite. Elle fait brillamment écho à la fin du deuxième tome de Capitale du Sud. Dans l’un comme dans l’autre, on ressent un fort sentiment de nostalgie qui va de pair avec une immense prise de conscience de la part des personnages. Les deux dénouements donnent le sentiment que la fin de l’enfance est arrivée et qu’il faut définitivement dire adieux à ses rêves d’enfant et à la destinée que l’on croyait toute tracée. Ainsi, aussi bien les évolutions de Nox dans Capitale du Sud que d’Amalia dans Capitale du Nord sont brillamment menées et c’est un vrai plaisir de pouvoir lire les deux trilogies en parallèle qui semblent de plus en plus se rapprocher. L’alternance des tomes nous donnent une expérience de lecture totalement inédite qui contribue pleinement à la réussite de cette double trilogie.
très bonne lecture
D’autres avis : Le dragon galactiqueFantastinet

2 réflexions sur “[Chronique] Mort aux geais !, de Claire Duvivier

Votre commentaire

Entrez vos coordonnées ci-dessous ou cliquez sur une icône pour vous connecter:

Logo WordPress.com

Vous commentez à l’aide de votre compte WordPress.com. Déconnexion /  Changer )

Image Twitter

Vous commentez à l’aide de votre compte Twitter. Déconnexion /  Changer )

Photo Facebook

Vous commentez à l’aide de votre compte Facebook. Déconnexion /  Changer )

Connexion à %s