[Chronique] Les contes suspendus, de Guillaume Chamanadjian

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« Il fallait que je reprenne mon identité. Que je clame qui j’étais. Et je n’étais pas un vaurien exilé dans une terre inhospitalière. Je n’étais pas une créature des tréfonds bannie de sa Cité. J’étais Nohamux de la Caouane. Et il me fallait un moyen de le hurler aux oreilles de ma Cité. »
 

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Capitale du Sud, tome 3 : les contes suspendus
Auteur : Guillaume Chamanadjian
Couverture : Elena Vieillard
Maison d’édition : Aux Forges de Vulcain
Genre : Fantasy
Date de publication française : 7 avril 2023
Nombre de pages : 501
Prix : 22,00 € (broché) / 15,99 € (numérique)
 
Synopsis 
Jadis commis d’épicerie, aujourd’hui assassin de deux ducs, Nox a dû quitter une Gemina déchirée par la guerre civile. Accompagné de Symètre, il arrive enfin au domaine de la Tour de Garde. Il devra faire valoir ses droits sur cet héritage s’il veut en faire un havre de paix. Mais l’influence d’Iolana s’étend bien au-delà des enceintes de la cité. Nox pourra-t-il protéger son utopie de la duchesse des Oreillards ? D’autant qu’il compte une ennemie plus redoutable encore en la personne de sa sœur Daphnée…
 
MON avis
Dernier tome de la trilogie Capitale du Sud et avant dernier tome de l’hexalogie de La Tour de Garde, Les contes suspendus marquent la fin des aventures de Nox ainsi que sa rencontre très attendue par tous les fans de Capitale du Nord avec Amalia. 
 
Pour la première fois, ce tome met en scène un Nox bien éloigné de sa cité natale de Gemina. L’ancien commis d’épicerie est parti est quête de son héritage, le domaine de la Tour de Garde, un lieu dévasté rempli de serpents dans lequel il va fonder, un peu malgré lui, son utopie. Bien entendu les problèmes qu’il a laissés à Gemina ne tardent pas à revenir jusqu’à lui.
 

Un personnage qui évolue

 
Le premier point marquant de ce dernier tome est le travail sur le personnage de Nox et son évolution. Suite à tous les chamboulement des précédents tomes, on assiste à une habile déconstruction de l’identité de Nox dans ce début de troisième tome. Puis, peu à peu Guillaume Chamanadjian va reconstruire son personnage à mesure également que Nox lui-même reconstruit le domaine de la Tour de Garde. Un beau jeu de miroir s’installe ainsi dans ce tome et à mesure que l’utopie se forge, Nox reprend confiance en lui et prend véritablement les rênes de son destin. Ce qui est le plus intéressant dans ce tome est que, malgré son évolution, ce qui anime profondément ce personnage ne change pas. Nox garde toujours les mêmes fragilités, sa naïveté, son idéalisme… mais il apprend à s’en servir pour qu’elles deviennent des forces. Ainsi Nox s’en sert pour manipuler ses adversaires et on observe dans ce tome un véritable jeu de la tour de garde grandeur nature avec des coups de maître autant du côté de Nox que du côté de ses ennemis. Et particulièrement lorsque la terrifiante Daphné s’en mêle, elle qui brille à ce jeu et semble toujours avoir un coup d’avance.
 
Ainsi Guillaume Chamanadjian fait évoluer son personnage et l’élève pour le faire enfin parvenir à ses fins sans pour autant lui enlever son côté attachant. Que serait Nox sans son idéalisme, sans sa capacité à révéler le meilleur chez les autres et sans son indulgence ? On ne perd pas ce qui faisait l’essence de ce personnage, mais on découvre également un nouveau Nox plus manipulateur, plus audacieux et plus entreprenant, pour notre plus grand plaisir !
 

Un univers qui s’enrichie 

 
Si ce tome nous montre une belle évolution dans la personnalité de Nox, il étoffe également l’univers de la Tour de Garde avec des révélations autour du Nihilo et l’apport des contes. Car le titre de ce troisième n’est pas choisi pour rien et il y a une véritable réflexion sur les contes, sur la place du conteur et la manière dont les histoires se transmettent et vivent. Et pour cela, Guillaume Chamanadjian enrichie son univers en nous faisant découvrir les contes qui y existent. La manière dont les contes finissent par devenir la clé de cet univers est très bien imaginée par l’auteur et assez surprenante. J’ai beaucoup aimé ce mélange de douceur et de cruauté apporté par les contes et qui définissent finalement très bien ce qu’est le Nihilo. Le résultat est très poétique et même assez mélancolique.
 
Autre enrichissement de l’univers très attendu par de nombreux lecteurs est la collision entre les deux trilogies Capitale du Sud et Capitale du Nord représentée par la rencontre entre Amalia et Nox. J’étais très curieuse de voir comment les auteurs allaient le gérer et c’est finalement réalisé avec beaucoup d’habileté. C’est assez drôle de redécouvrir Amalia à travers les yeux ingénus de Nox ! Tous deux s’entraident sans trop se rapprocher si bien qu’ils n’interviennent pas vraiment dans les intrigues de l’un et de l’autre. Ainsi il est effectivement tout à fait possible de lire ce tome sans avoir lu les Capitales du Nord, vous découvrirez simplement certains personnages que d’autres connaissent déjà ! 
 

Apprendre à dire adieu

 
Comme je le disais précédemment ce dernier tome nous emmène loin de la cité de Gemina. Il est temps pour Nox de se reconstruire ailleurs et de dire adieu pour toujours à sa cité. Une grande partie de ce tome est centré sur cette reconstruction, sur les nombreux rencontres que Nox va faire et sur la manière dont il va défendre ses nouveaux droits. J’ai trouvé l’intrigue passionnante du début à la fin. Le rythme est parfait, montant en puissance sans jamais se précipiter ni traîner en longueur. Même si on est loin de Gemina on retrouve finalement très bien l’ambiance très sensorielle des deux premiers tomes et surtout du premier. Les rebondissements et les éclaircissements sur l’univers arrivent progressivement et comme souvent le roman monte en pression jusqu’au cent dernières pages qui nous font passer par toutes les émotions. Ainsi Guillaume Chamanadjian réussit à nous faire passer de la jubilation à l’effroi en l’espace de quelques mots. Le personnage de Daphné est très bien travaillé, on pourrait ressentir l’atmosphère se transformer aux moments où elle apparait. L’intrigue de ce dernier tome est donc complètement à la hauteur des deux premiers et, pour moi, elle surpasse même celle du deuxième. Je ne saurais dire qui du premier tome ou du dernier est mon favori, mais il est évident que je me souviendrai longtemps de ce petit commis d’épicerie et de tout le chemin qu’il a parcouru. 
 
Si je dois être tout à fait honnête tout de même, la fin choisit par l’auteur n’est pas forcément celle que j’attendais. Je suis une adepte des fins plutôt ouvertes me permettant de m’imaginer moi-même le devenir des personnages et de l’univers. Cette fin a été un peu trop fermée à mon goût, mais je comprends tout à fait le choix de l’auteur de vouloir contenter les lecteurs qui contrairement à moi aiment tout saveur, et je pense qu’ils sont plus nombreux ! Si vous êtes de ce cas-là, vous devriez être parfaitement satisfait de la fin et dans tous les cas, l’émotion liée au fait de devoir dire au revoir à Nox est bien présente. 
 
Ce dernier tome est donc un véritable coup de cœur. J’ai été passionnée par l’intrigue qui monte magnifiquement en puissance et par la manière dont l’auteur introduit la thématique du conte dans cet univers. Toutes les pièces se réunissent parfaitement dans un final poétique et grandiose, véritable jeu de la tour de garde grandeur nature.
 
coup de coeur
 
 
Dans le même univers :
– Capitale du Sud : Le sang de la cité (tome 1) et Trois Lucioles (tome 2)
– Capitale du Nord : Citadins de demain (tome 1) et Mort aux geais ! (tome 2)
 
 

6 réflexions sur “[Chronique] Les contes suspendus, de Guillaume Chamanadjian

  1. Hécate Lomëwen 15 juillet 2023 / 6 h 26 min

    Merci pour cet article qui me donne très envie de découvrir cette trilogie
    Je la note dans ma wishlist

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  2. Hécate Lomëwen 15 juillet 2023 / 6 h 31 min

    Et une chance fabuleuse, ils l’ont à la médiathèque de ma ville (uniquement la trilogie, mais c’est un début ^^)

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