Sometimes a book

♦
« Je savais ses tourments, ses doutes, sa vie. Je savais combien elle avait été déterminée, je savais ce que ses paroles ne diraient pas et ce que ses silences hurleraient. »

→ Mon avis sur le premier tome

Après un résumé très bienvenu des évènements du premier tome, on retrouve ce cher Nox dont la situation a bien changé et qui essaye de se faire discret loin des manigances des différentes maisons ducales qui conspirent les unes contre les autres. Mais Nox va très vite être rattrapé par son destin et se retrouver dans une situation toujours plus périlleuse et inextricable. Encore une fois Guillaume Chamanadjian prend son temps pour poser les choses. Si ce n’est plus la découverte de l’univers qui nous anime ici, ce sont les fils de l’intrigue que l’auteur tire petit à petit, engluant de plus en plus le pauvre Nox dans les problèmes jusqu’à ce qu’il ne puisse plus faire marche arrière et que la situation explose.

En termes de rythme, ce deuxième tome est donc sûrement un peu plus élancé que le premier, mais l’auteur reste tout de même dans quelque chose d’assez contemplatif jouant sur l’ambiance pour faire monter la tension crescendo. J’ai trouvé la première moitié et la fin extrêmement addictive. Il y a un petit passage à vide au milieu du récit, avec un rythme un peu lent, mais complètement nécessaire pour le développement de l’intrigue et la compréhension des motivations des personnages. C’est un plaisir de retrouver les personnages, de découvrir comment ils ont évolué suite aux évènements du premier tome et de retourner dans cette partie d’échec ou plutôt dans une partie de Tour de garde comme ils en jouent dans le récit. Guillaume Chamanadjian a l’art de la manipulation et de la précision pour poser toutes les pièces là où il le veut pour qu’elles se rassemblent finalement toutes dans un final explosif. L’ambiance de ce deuxième tome est toujours aussi sensorielle, nous immergeant complètement dans l’atmosphère éclectique de la cité. Et dans ce deuxième tome c’est toute une facette de Gemina que l’on découvre puisque l’intrigue va nous mener vers des endroits encore inexplorés. Loin de l’animation et de l’effervescence, c’est une facette plus sombre et faisant plus écho à notre actualité. Il faut dire que la thématique de la ville reste un élément central de cette trilogie et qu’elle gagne encore en ampleur dans ce deuxième tome. Guillaume Chamanadjian va donc plus loin dans ces questionnements à propos de cette thématique ouvrant la voie à des réflexions autour de l’immigrations, de questions d’urbanisme et des différences culturelles.

Guillaume Chamanadjian instaure des jeux entre les personnages qui sont vraiment fascinants et très bien menés. Nox se fait beaucoup manipuler, des manipulations qui sont souvent visibles et dont il a conscience, mais d’autres qui sont bien mieux camouflés et plus douloureuses. L’auteur emploie très bien la ruse et les faux semblants pour tromper aussi bien le lecteur que les personnages. Il introduit également de nouveaux personnages particulièrement intéressants et déploient des révélations qui viennent enrichir l’univers et le rendre toujours plus dangereux. Au fil du récit, la situation va devenir de plus en plus incontrôlable pour Nox, le forçant à prendre de grandes décisions et à évoluer. De plus, la narration à la première personne à la manière d’un conteur nous immerge vraiment dans l’esprit de Nox et nous fait nous sentir très proche de lui. Les trahisons en sont d’autant plus fortes, tout comme l’insolubilité de la situation dans laquelle on le met bien malgré lui. La lecture nous fait passer par toutes les émotions que ressent le personnage et nous fait réaliser à la fin à quel point il a mûri, laissant un petit arrière-goût nostalgique.

L’auteur vient également enrichir les points de l’univers relatifs au côté « fantastiques » de l’intrigue. Il place dans son récit des révélations tout à fait intrigantes et fascinantes sur la deuxième facette de Gemina dans laquelle Nox peut se rendre. Il vient par la même occasion faire quelques révélations sur le passé du personnage principal. Guillaume Chamanadjian satisfait pleinement notre curiosité concernant ces aspects tout en soulevant de très nombreuses questions. Il reste bien des choses à découvrir sur le Nihilo dans le troisième tome et sa compréhension semble décisive si Nox veut se tirer de tous les faux pas dans lesquels il a le don de se mettre !

---

C’est agréable de voir un deuxième tome de trilogie aussi réussi que le premier, cassant les structures classiques du tome de transition. C’est réellement un tome qui apporte le changement et qui a sonné pour moi comme un adieu. Un adieu au monde que l’on connaissait, mais aussi à un monde fantasmé qui ne correspondait pas à la réalité. Les personnages ont dû encore une fois gagner en maturité et éveiller leur conscience bien plus loin que les murs de leur cité. Ainsi, si l’ambiance de Trois lucioles était différente du premier, il est évident que l’ambiance du troisième tome partira encore dans une autre direction. J’imagine vraiment des possibilités de recouper les intrigues de Capitale du Nord et de Capitale du Sud pour les ultimes tomes de la série et je suis sûre que les auteurs le feront avec brio !

D’autres avis : Zoé prend la plume –  Le nocher des Livres – Le dragon galactique – Les chroniques du chroniqueur – La rivière des mots – Adopt a Librarian