
« Rais sentit ses tripes se nouer d’une manière bien trop familière, un dépit ravageur qui accompagnait immanquablement toute conversation avec un djinn. »

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Djinn City
Auteur : Saad Z. Hossain
Traduction : Jean-François LeRuyet
Maison d’édition : Agullo
Genre : Science-fiction
Nombre de pages : 569
Prix : 22,50 €
Auteur : Saad Z. Hossain
Traduction : Jean-François LeRuyet
Maison d’édition : Agullo
Genre : Science-fiction
Nombre de pages : 569
Prix : 22,50 €
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Synopsis
Il est le fils du Dr Kaikobad, ivrogne et mouton noir de l’illustre clan Khan Rahman. De sa mère, il ne sait qu’une chose : elle est morte en lui donnant naissance. Mais quand son père tombe dans un étrange coma, le jeune Indelbed découvre le secret de ses origines et le vrai métier de Kaikobad : émissaire auprès du monde des djinns, êtres fantastiques, redoutables… et extrêmement procéduriers. Très vite, le garçon se retrouve au centre d’une controverse millénaire dont l’issue pourrait être l’extermination de l’humanité.

Djinn City est le deuxième roman de l’écrivain et journaliste bangladais Saad Z. Hossain. Il nous emmène dans un univers oriental déjanté qui, comme son nom l’indique, fait la part belle aux djinns, des djinns bien moins enchanteurs que dans les contes de fées !
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Une lecture en dents de scie
Ma lecture de Djinn City aura été particulièrement mouvementée tant ce livre m’aura à la fois fascinée et repoussée. Djinn City s’ouvre sur l’histoire du petit Indelbed. Le jeune garçon n’a pas une vie facile, sa mère est morte à sa naissance, son père a depuis sombré dans l’alcoolisme et le maltraite. Mais ce bourreau va un jour sombrer dans un étrange coma, qui va entraîner l’explosion des secrets de famille. Indelbed découvre alors que sa mère était en réalité une djinn que son père était émissaire auprès des djinns… avant d’être lui-même kidnappé par les djinns qui ont mis sa tête à prix ! Son cousin Rais va partir à sa recherche, s’introduisant dans le monde particulier des djinns.
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Saad Z. Hossain nous entraîne avec facilité dans son univers dès les premières nous introduisant l’histoire de jeune Indelbed pour lequel on a facilement de la compassion. Si le début est accrocheur, toute la présentation de l’histoire d’Indelbed n’est en fait que l’introduction d’une histoire aux proportions bien plus grandes, c’est-à-dire rien de moins qu’un conflit planétaire entre Hommes et Djinns aussi déstructurée que déjantée. On oscille entre mésententes et alliances ayant chacune des répercussions immenses sur la Terre, introduisant parfois une ambiance de fin de monde. Et la narration s’adapte à ces relations déjantées, ces aventures loufoques en étant elle-même déstructurée. Indelbed qui était le point de départ de cette histoire devient une trame narrative parmi beaucoup d’autres et se retrouve oublié de tous. Il faut dire que la trame du récit se déroule sur de nombreuses années et que tous finissent par croire le garçon mort. Djinn City est donc un roman très particulier qui possède de très belles qualités dont je parlerai par la suite, mais donc la structure narrative et le penchant pour l’absurde m’a souvent perdue. J’ai eu du mal à me détacher de l’histoire d’Indelbed, d’abord un peu déçu que l’auteur mette autant de côté cette trame qu’il avait pris soin de construire. Finalement, j’ai réussi à passer outre et à réapprendre à apprécier cette lecture. Malheureusement, le dénouement a fait redescendre mon enthousiasme puisqu’il n’y a pas de réelle fin au roman. Je suis une lectrice qui adore les fins ouvertes contrairement à beaucoup, mais ici ce n’est pas le sentiment d’une fin ouverte que j’ai eu, mais de suspension de l’intrigue comme si l’auteur ne savait plus où allait et qu’il avait donc tout simplement arrêté le récit là. Alors en me renseignant, j’ai appris que Saad Z. Hossain a écrit un autre livre dans le même univers qui fait peut-être office de suite, mais ce roman m’a été vendu comme un one-shot et je considère donc qu’on doit pouvoir le lire comme tel.
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Une revisite intelligente du mythe des djinns
Là où se trouve toute l’originalité et l’intelligence de Djinn City est dans la manière dont l’auteur revisite le mythe du djinn. On est immergé dans un monde très différent de celui qu’on peut imaginer où les djinns sont loin d’être des créatures merveilleuses et féeriques, mais sont plutôt fourbes et versatiles. Et en plus de dépeindre ces êtres haut en couleur, Saad Z. Hossain prend le parti de trouver une explication scientifique à leur existence. Ces créatures n’appartiennent alors plus à la fantasy, mais passent dans le registre de la science-fiction à mesure que les personnages étudient dans les moindres détails leur code génétique et leur évolution. Et c’est ainsi que se dessine l’allégorie politique voulue par l’auteur qui oppose créationnistes et évolutionnistes en fonction de l’opinion des personnages sur la véritable origine des djinns. L’auteur fait ainsi un beau parallèle avec notre société, introduisant en plus dans son roman des thématiques très actuelles comme le dérèglement climatique ici causé par les djinns lors de leurs conflits.
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Djinn City nous sert ainsi un propos tout à fait pertinent et aborde des thématiques actuelles que l’auteur intègre intelligemment à son intrigue. Malheureusement, le style de narration et le dénouement qui n’en ai pas vraiment un à mon goût auront terni mon enthousiasme sur cette lecture.
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C’est dommage, le mythe des djinns est effectivement intéressant, mais si la narration ne suit pas… Tant pis !
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