[Chronique] Les maîtres enlumineurs, de Robert Jackson Benett

Les maîtres enlumineurs

« Toute chose a son prix. Parfois, on le paye en écus ; parfois en temps et en sueur. Et il arrive qu’on le paye en sang. Le sang est, semble-t-il, la monnaie préférée du genre humain. Et nous ne regardons jamais à la dépense, hormis lorsqu’il s’agit du nôtre. »


les-maitres-enlumineurs-700wide
 
Les maîtres enlumineurs
Auteur :
Robert Jackson Bennett
Traducteur : Laurent Philibert-Caillat
Illustration : Didier Graffet
Éditeur : Albin Michel (imaginaire)
Genre : Fantasy
Date de parution  :  31 mars 2021
Nombre de pages : 631
Prix : 24,90 €
 
Synopsis
Toute l’économie de l’opulente cité de Tevanne repose sur une puissante magie : l’enluminure. À l’aide de sceaux complexes, les maîtres enlumineurs donnent aux objets des pouvoirs insoupçonnés et contournent les lois de la physique. Sancia Grado est une jeune voleuse qui a le don de revivre le passé des objets et d’écouter chuchoter leurs enluminures. Engagée par une des grandes familles de la cité pour dérober une étrange clé dans un entrepôt sous très haute surveillance, elle ignore que cet artefact a le pouvoir de changer l’enluminure à jamais : quiconque entrera en sa possession pourra mettre Tevanne à genoux. Poursuivie par un adversaire implacable, Sancia n’aura d’autre choix que de se trouver des alliés.
 

MON avis

Je suis avec beaucoup d’intérêt les publications d’Albin Michel Imaginaire et plus particulièrement celles relevant du genre de la fantasy. C’est donc une grande impatience que j’attendais la sortie du premier tome de la trilogie Les Maîtres Enlumineurs dont j’avais entendu de très bons échos de la part de ceux l’ayant lu en anglais. Et je ne m’étais pas trompée, car ce premier tome est tout simplement excellent et j’y ai retrouvé absolument tout ce que j’aime en fantasy (même si le roman fait également (et surtout ?) partie du genre du cyberpunk auquel je suis moins familière).

Un univers détonnant et complexe

Ce premier tome prend place dans un univers citadin, l’action se déroulant intégralement dans la ville de Tevanne et tout son développement reposant sur la hiérarchisation de cette cité-état. Tevanne est une ville assez complexe dans son fonctionnement. Elle est régie par des Maisons Marchandes qui semblent d’apparence se respecter malgré leur rivalité tout en se gardant l’œil, mais on découvre au fil des pages que la réalité en bien sûr plus complexe. En dehors des quartiers appartenant aux différentes Maisons Marchandes, Tevanne possède une zone de non-droit appelée Les Communes où sont regroupés tous les rebuts de la société et où tente de survivre assez difficilement l’héroïne de ce roman : Sancia…

Voici donc en quelques lignes un aperçu de ce qui vous attend entre ces pages, mais sachez que je ne vous en livre qu’un avant-goût tant l’univers est riche et inventif. Les codes de cette société sont classiques pour de la fantasy avec un monde divisé entre une population extrêmement pauvre habitant les communes et la domination des Maisons Marchandes, mais tout est bien plus subtil et complexe qu’il n’y parait. L’auteur prend le temps de bien développer l’organisation des différents quartiers de la ville, son système – quasiment inexistant – de justice et surtout le système de magie sur lequel repose toute la puissance des Maisons Marchandes. Robert Jackson Bennett nous livre ainsi un système de magie reposant sur les enluminures d’objets du quotidien leur permettant de dépasser les limites tout simplement imposées par les lois de la physique et le résultat est détonnant. En plus d’être extrêmement intéressante à découvrir, la magie est bien intégrée dans l’univers et on comprend aisément tous les enjeux qui en découle.

L’auteur frappe très fort avec ce système de magie hyper original et surtout extrêmement bien exploité. Ce système d’enluminures permet de repousser toutes les limites du possible et d’aller au-delà de tout ce qu’on pourrait imaginer. Bien sûr, cette magie repose sur des codes très précis et qui sont très bien retranscris dans le récit, mais elle permet aussi aux personnages de se sortir de situation de manière complètement inattendue ou au contraire de réaliser des choses qu’on croirait impossible. Avec ce système de magie, Robert Jackson Benett peut réellement exploiter tous les recoins de son imagination nous offrant un premier tome sensationnel.

Une intrigue passionnante

Et si ce système de magie est sensationnel, l’intrigue qui l’accompagne l’est tout autant. On découvre dès les premières pages Sancia plongée dans le feu de l’action. Pour survivre la jeune fille est devenue voleuse professionnelle, et on peut dire qu’elle excelle dans son domaine (pour preuve : son espérance de vie bien au-dessus de la moyenne !). Mais la jeune femme se retrouve en possession d’un objet extrêmement précieux qui paraît pourtant simple, mais qui se révèle être extrêmement puissant : une clé. Sancia se retrouve sous une montagne de problèmes, toute la ville semble vouloir la tuer et la découverte de cette clé va jusqu’à remettre en question toute l’organisation de la ville et des Maisons Marchandes. 

On ne peut pas dire que Robert Jackson Bennett ne maîtrise pas les enjeux de son roman, il gère extrêmement bien tous les fils de son intrigue les déployant petit à petit avec une main de maître. Les enjeux du récit prennent une ampleur de plus en plus conséquente tout au long du récit, donnant à l’intrigue une tension la rendant très difficile à lâcher. Mais, à côté de cette tension extrêmement forte et de la violence de cet univers se déploie également un humour que je ne m’attendais pas à trouver et qui équilibre parfaitement le récit. L’humour vient surtout des personnages et notamment de la clé, puisque oui, on peut considérer qu’il s’agit d’un personnage à part entière. J’ai trouvé l’humour extrêmement rafraichissant et il apporte une réelle plus-value à cette intrigue foisonnante qui va à mille à l’heure. Finalement, l’auteur gère très bien l’équilibre entre construction de l’univers, développement des personnages, action, humour et révélations, ce qui fait qu’on ne voit pas passer les 630 pages. La dernière centaine de page est d’ailleurs extrêmement difficile à lâcher et m’a un peu rappelé l’intrigue de Six of Crows dans une version plus dense et plus adulte. Globalement l’intrigue de ce premier tome est très riche et est en elle-même très satisfaisante. La fin donne envie de lire la suite sans pour autant être frustrante. Je dois avouer que j’ai hâte, mais aussi un peu peur de découvrir le tome 2 tant le premier tome a mis la barre très haut. 

Les personnages sont également très bien construits et très convaincants. Les habilités particulières des personnages, notamment de Sancia, sont explicables et on ne se retrouve pas confronté à des personnages trop puissants pour être réalistes. Au contraire, les protagonistes sont des personnages gris dont les actions sont dictées par le vécu et il se forme une bande aux caractères bien distincts qui s’accordent bien entre eux. Je me suis très facilement attachée à Sancia, puis aux personnages qui se retrouvent liés à elle. Le lien qui se créé entre Sancia et la clé est assez émouvant. Les antagonistes sont malheureusement un peu moins nuancés, mais vu la qualité de tout le reste, ça ne m’a pas particulièrement dérangée.

Vous l’aurez compris, j’ai absolument tout aimé dans ce premier tome des Maîtres Enlumineurs, j’ai été emportée par l’intrigue, le système de magie, l’univers et les personnages et je ne peux que fortement vous le recommander !


Conclusion


Les Maîtres Enlumineurs nous emmène dans la ville de Tevanne, une ville à l’organisation complexe découpée en quartiers dirigés par des Maisons Marchandes à la fois rivales et alliées. Leur puissance repose sur la connaissance des enluminures, un système de magie hyper original permettant aux objets de dépasser les lois de la physique. Avec ce système de magie Robert Jackson Bennett repousse toutes les limites de son imagination nous offrant un univers détonnant dans lequel tout s’intègre extrêmement bien. L’auteur tisse les fils de son intrigue avec beaucoup d’habilité donnant une intrigue complexe et très bien équilibrée avec des enjeux puissants. Le récit est palpitant, rempli d’action et de tension dès les premières pages et porté par des personnages très attachants. Les rebondissements et les révélations ponctuent habilement le récit et des touches d’humour très bienvenus viennent contrebalancer l’atmosphère sombre et violente. Robert Jackson Bennett nous offre ainsi un premier tome passionnant qui a le potentiel de plaire à de très nombreux lecteurs ! 

coup de coeur2

D’autres avis : Apophis Orion – Le Maki – Gromovar – Artémus – Le Chroniqueur – LorhkanAlbédoLianne – ?

23 réflexions sur “[Chronique] Les maîtres enlumineurs, de Robert Jackson Benett

    • Sometimes a book 31 mars 2021 / 19 h 43 min

      Oui il fait presque l’unanimité ! J’espère que tu n’aurais quand même pas trop d’attentes et que tu nous rejoindras dans nos avis enthousiastes ! 😀

      Aimé par 1 personne

      • OmbreBones 1 avril 2021 / 6 h 15 min

        Haha c’est pour ça que je ne le lis pas tout de suite je préfère attendre que ça retombe 🙂

        J’aime

  1. Lianne - De livres en livres 1 avril 2021 / 10 h 12 min

    Il plait bien celui ci 🙂
    J’avais adoré aussi de mon coté, maintenant plus qu’à le relire pour avancer sur la suite en VO, j’en ai bien envie !

    J’aime

  2. Zina 7 avril 2021 / 7 h 20 min

    Une très bonne lecture pour moi aussi. Je suis vraiment trè curieuse de la suite, voir comment tout ça va évoluer !

    Aimé par 1 personne

Votre commentaire

Entrez vos coordonnées ci-dessous ou cliquez sur une icône pour vous connecter:

Logo WordPress.com

Vous commentez à l’aide de votre compte WordPress.com. Déconnexion /  Changer )

Image Twitter

Vous commentez à l’aide de votre compte Twitter. Déconnexion /  Changer )

Photo Facebook

Vous commentez à l’aide de votre compte Facebook. Déconnexion /  Changer )

Connexion à %s