[Chronique] Le Voleur, De Megan Whalen Turner

Imaginez une contrée aux accents ­mé­diterranéens : champs d’oliviers, montagnes rocailleuses, soleil sec sur les murs épais de cités antiques. Au nord, de puissants pays continentaux ; au sud, l’immense Empire mède. Entre les deux : une petite péninsule habitée de peuples aux noms grecs, qui partagent une langue, quelques dieux, mais sont divisés en trois royaumes : Eddis, Sounis et l’Attolie.

Eddis, niché au cœur de la chaîne d’Héphestial, est un lieu isolé mais stratégique, fort d’une route commerciale essentielle et d’un atout humain inestimable. Le roi de Sounis rêve d’en conquérir la reine, dont l’alliance lui ouvrirait la voie vers l’unification de la péninsule. La reine d’Attolie, glaciale et redoutable, doit quant à elle lutter contre ses propres barons et déjouer les manœuvres des Mèdes, prêts à s’imposer à coups d’intrigues et de machinations.

C’est dans ce décor byzantin, fait de tractations, d’espionnage et de conflits ouverts ou feutrés, qu’intervient Gen, jeune voleur sounisien convaincu de pouvoir tout dérober – comme le Sceau royal, dont il s’est emparé dans les appartements du roi. Jeté en prison, il croupit jusqu’à ce que le plus puissant conseiller de Sounis, le Mage, lui propose un marché : voler une antique relique en échange d’une ­possible libération.

Commence alors une incroyable saga, où coups d’éclat, mythes fascinants et jeux de pouvoir s’entremêlent. Une lecture qui, tome après tome, devient toujours plus épique, tendue et follement addictive jusqu’à sa conclusion magistrale.

MON avis

Les éditions Monsieur Toussaint Louverture nous régalent par leurs magnifiques éditions aux allures élégantes et soignées. Dans leur collection jeunesse Monsieur Toussaint Laventure, ils s’attaquent cette année à une saga de fantasy en six tomes dont ils publieront 2 tomes par an jusqu’en 2027. Le Voleur de la Reine est une saga au long court dont les différents tomes ont été publiés entre 1996 et 2020. On peut donc s’attendre à une belle évolution au fil des tomes à mesure de l’évolution de la plume de l’autrice, d’autant plus que chaque tome présente une histoire complète à la fois indépendante, mais connectée à l’univers et il est donc conseillé de les lire dans l’ordre de parution.

De quoi ça parle ?

Avec Le Voleur, la saga débute en mettant en scène le personnage de Gen, un voleur capable de tout dérober d’après certaines rumeurs, et que l’on découvre alors qu’il est enfermé dans les geôles du Royaume de Sounis. En échange de sa liberté, le Mage du Roi de Sounis va lui proposer une quête pour retrouver une sorte d’artefact qui permettrait au Roi de conquérir le Royaume voisin d’Eddis. Commence alors une quête faite d’aventure, de rire, d’amitiés, de peur et de manipulation.

Voyage, secrets et complot

Le Voleur est un roman de fantasy somme toute classique adapté à un public jeunesse pour son intrigue abordable et son côté léger et humoristique, mais qui peut être tout autant apprécié par un lectorat adulte. L’intrigue nous emmène en grande partie dans un voyage à travers des décors aux accents méditerranéens. Outre les décors, ce qui est notable dans ce voyage et qui va avoir de l’importance dans le dénouement du récit sont les interactions entre les personnages. On ne sait que peu de choses sur Gen et ses compagnons de route, mais il est rapidement clair que chacun emporte avec lui ses secrets. Et c’est là un des intérêts de ce texte, les personnages dévoilent peu d’eux-mêmes, il est difficile de les cerner et surtout de se fier à eux. C’est notamment le cas pour Gen, ce voleur assez arrogant et qui semble jouer un rôle tant et si bien qu’on se doute bien qu’il en sait plus que ce qu’il ne veut montrer. Ce jeu de dupes qui s’installe entre les différents personnages tout au long du voyage est très bien mené par l’autrice, tout en finesse jusqu’à la dernière partie du livre où les masques tombent dévoilant de manière savoureuse la véritable nature et les véritables intentions de tous les personnages et mettant à jour des complots plus complexes qu’on pourrait le croire au départ.

Et si les personnages en dévoilent peu durant le voyage, celui-ci n’est pas ennuyeux pour autant, car il nous emmène dans une aventure pleine d’entrain, de mystère, mais aussi de mythes. En chemin, les personnages vont se raconter des histoires, des légendes qui viennent enrichir de très belle manière cet univers dont les contours restent encore flous dans ce premier tome. L’autrice donne un très bon équilibre à son récit entre aventures aux côtés de son personnage principal très entraînant, aussi drôle que manipulateur, développement de l’univers à travers une mythologie abordable, mais passionnante à découvrir et complots politiques. On passe du rire, aux combats en passant par la peur à travers de nombreuses situations qui s’enchaînent sans temps mort. L’autrice a un vrai talent de conteuse et réussit à donner la bonne intention à ses personnages pour que les révélations finales soient le plus percutantes possibles. Ainsi, le dernier quart du livre est excellent, apportant une ampleur et une profondeur inattendue à l’intrigue qui donne envie d’en savoir plus sur cet univers et de savoir ce que vont devenir les différents personnages auxquels on s’est finalement attachés.

Par ses talents de conteuse, Megan Whallen Turer nous emmène dans un voyage entraînant avec ses décors méditerranéens chatoyants, ses mythes envoûtants et ses personnages mystérieux. Entre jeux de dupes, manipulation et complots politiques, l’aventure, pimentée par ses personnages non fiables, va se révéler riche en surprises et en rebondissements. Le Voleur offre finalement un grand plaisir de lecture, divertissant et abordable, tout en gagnant en profondeur et en complexité au fil du récit.

D’autres avis : Le Nocher des livresTachan

La saga en 6 tomes : Le Voleur – La Reine d’Attolie (déjà disponible en librairie) – Le Roi d’Attolie (à paraître 2026) – Un complot de rois (à paraître 2026) – Comme des voleurs (à paraître 2027) – Le Retour du Voleur (à paraître 2027)


Le Voleur de la Reine, tome 1 : Le Voleur
Autrice :
Megan Whalen Turner
Traduction : Yoko Lacour
Couverture : « Portrait du prince Alexandre Farnèse », Sofonisba Anguissola
Maison d’édition : Monsieur Toussaint Louverture
Genre : Fantasy
Publication : 3 octobre 2025
Nombre de pages : 256 pages
Prix : 18,50 € (broché)

5 réflexions sur “[Chronique] Le Voleur, De Megan Whalen Turner

  1. Avatar de tampopo24 tampopo24 17 décembre 2025 / 7 h 20 min

    Je suis bien daccord avec toi c’est une fantasy très accessible mais qui gagne en profondeur au fil des tome. On prend vraiment plaisir à la lire et à suivre ce personnage. Alors, malgré mes bémols, j’ai quand même assez envie de lire la suite.

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    • Avatar de Sometimes a book Sometimes a book 21 décembre 2025 / 12 h 00 min

      Je suis vraiment curieuse de lire la suite ! C’est vraiment top que ça soit chez Monsieur Toussaint Louverture, en plus du beau travail éditorial, on sait quand chaque tome va sortir, bien pratique !

      Aimé par 1 personne

      • Avatar de tampopo24 tampopo24 21 décembre 2025 / 14 h 46 min

        Oui clairement on a un très bel objet grâce à eux.

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