[Chronique] Pax Elfica, de Pierre Grimbert

Pax elfica

Voici sept ans, les elfes sont sortis de leurs forêts du nord pour libérer la cité humaine de Brenhaven. Ils étaient les seuls à pouvoir le faire, les seuls capables de vaincre le Nécromant et son armée de morts-vivants. Malheureusement, après leur victoire, les héros ne sont jamais partis. Ils sont devenus les nouveaux tyrans, imposant une « paix elfique » qui opprime la population sur bien des aspects. Certains citoyens résistent, dans l’ombre, en attendant un soulèvement populaire. Mais la plupart veulent seulement éviter les ennuis. C’est le cas du nain Tolan Dunkar, lanternier de profession, qui aurait préféré ne pas voir cet adolescent humain tomber à ses pieds depuis un arbre interdit…

MON avis

Dans ce nouveau roman, Pierre Grimbert reprend l’univers du célèbre jeu de rôle Pax Elfica en plaçant son intrigue juste avant le début du jeu de rôle. Dans cet univers, les elfes jouent le mauvais rôle puisqu’après avoir sauvé la cité de Brenhaven d’un nécromant et de son armée de morts-vivants, ils décidèrent de rester occuper Brenhaven offrant une nouvelle forme d’oppression aux habitants. Dans son roman, Pierre Grimbert nous place du côté du peuple opprimé et particulièrement d’un couple de nains Tolan et Galaë qui vont se retrouver mêlés à d’étranges évènements qui vont attirer sur eux l’attention des elfes et être à l’origine d’une nouvelle menace pour Brenhaven.

Comme à son habitude, Pierre Grimbert manie avec virtuosité le roman choral pour nous offrir une intrigue riche et prenante qui nous immerge parfaitement dans les rues de Devahen. Chaque chapitre nous offre ainsi le point de vue d’un personnage, à commencer par Tolan, un nain hyper attachant qui se fourre bien malgré dans de gros ennuis. On découvre également Galaë, son épouse ainsi que Véric un adolescent à la personnalité et aux pouvoirs très mystérieux que le couple de nains va prendre son aile. Enfin, autre personnage à mentionner, Fijorie, une halfeline tout mignonne, mais aussi grande architecte qui connait Brenhaven comme sa poche. Tous ces personnages sont parfaitement construits par Pierre Grimbert. Ils sont tous aisément différenciables à leur caractère et à leur façon de s’exprimer. Ce sont des héros du quotidien, un petit groupe de personnages qui n’a rien demandé et se retrouve mêlé à des évènements qui le dépassent. Les interactions entre nos personnages et les elfes sont savoureuses, le petit côté dédaigneux et méprisant des elfes est parfaitement mis en scène. On ressent aisément le danger pour les personnages à chaque fois qu’ils côtoient les elfes augmentant le frisson procuré par le récit. 

L’elfe se glissa entre les miliciens avec les manières affectées de son peuple, suivant une démarche féline, mais aussi reptilienne, comme un serpent se dressant soudain pour l’attaque. Les hommes du Guet s’écartèrent aussitôt pour lui céder place, sans qu’il ait à le réclamer. Tolan lui-même devait biens s’avouer intimidé par l’aura du nouveau venu, malgré le mépris ancestral que se portaient leurs peuples respectifs. Avec ses cheveux longs, sa silhouette fine et ses oreilles de renard, dans cette pénombre, l’elfe semblait un spectre malveillant et capable de toutes les perfidies. 

Les décors de Pax elfica sont aussi magnifiques et parfaitement retranscrits. Le récit est assez peu statique et nous fait parcourir les différents quartiers de Brenhaven aux côtés des personnages, aidé par une sublime carte de la ville au début du roman. On sent que Pierre Grimbert s’inspire d’un univers déjà riche et développé grâce au jeu de rôle qu’il n’est d’ailleurs pas nécessaire de connaître pour apprécier le roman. À travers ses décors immersifs et la tension qu’installe peu à peu Pierre Grimbert qui n’épargne pas ses personnages, on ressent bien le grondement d’un peuple en colère, mais qui reste dominé par la peur et n’ose pas se rebeller. Le sentiment de peur suinte de ce roman, accompagnant chaque personnage dans tous ses déplacements. Cela est par ailleurs parfaitement installé dès le premier chapitre où l’on suit Tolan qui doit sortir après le couvre-feu afin d’allumer les lanternes de la ville. 

L’intrigue n’est pas en reste et est elle aussi parfaitement maîtrisée et très divertissante. Si les enjeux mettent un peu de temps à se mettre en place, c’est pour mieux développer l’atmosphère du récit. Ainsi le mystère et le danger planent au-dessus de nos personnages et se rapprochent de plus en plus d’eux augmentant la tension jusqu’à une scène finale en apothéose. Certains rebondissements sont prévisibles, mais ça ne gâche à rien à ce récit hyper divertissant porté par des héros du quotidien pour lesquels on frissonne et qu’on prend grand plaisir à suivre. 

Excellent roman choral porté par des personnages très attachants, Pax Elfica nous emmène dans un récit à l’atmosphère parfaitement travaillée nous plaçant du côté d’un peuple opprimé, dominé par la colère et la peur. L’intrigue est très bien menée avec la dose efficace de mystères, de dangers et de frissons et portée par les magnifiques décors de la ville de Brenhaven. 

coup de coeur

Du même auteur : Le sang des Parangons


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Pax Elfica, le lanternier
Auteur :
Pierre Grimbert
Couverture : Elvire De Cock
Cartes : Maxime Plasse
Maison d’édition : Mnémos
Genre : Fantasy
Publication : 10 avril 2024
Nombre de pages : 320 pages
Prix : 26 € (relié) / 9,99 € (numérique)

 
 

3 réflexions sur “[Chronique] Pax Elfica, de Pierre Grimbert

  1. Avatar de tampopo24 tampopo24 7 août 2024 / 8 h 01 min

    Vu ton enthousiasme je n’ai pas attendu ta chronique pour me le commander mais si ça avait été le cas , elle aurait parachevé de me convaincre avec l’attention portée au groupe et aux décors que tu soulignes.
    Je sens que je vais adorer aussi. Merci !

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  2. Avatar de Xapur Xapur 8 août 2024 / 14 h 20 min

    Le jdr me tente bien mais en attendant, pourquoi ne pas tenter le roman, ton avis donne bien envie.

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