[Chronique] Le voleur, de Claire North

 
La maison des jeux 2
Depuis des siècles, il existe un établissement mystérieux connu sous le nom de Maison des Jeux. Un établissement qui accueille deux loges. Dans la basse, des fortunes se font et se défont face à un échiquier, devant une table de backgammon ou n’importe quel autre jeu. Ceux que favorisent la chance ou le talent sont parfois invités à concourir dans la haute loge… Là, le jeu se déroule à l’échelle d’un pays, les pièces du plateau sont de véritables individus, les cartes impliquent la manipulation de véritables personnes ; dans cette loge, les enjeux sont des souvenirs, des compétences, des années de vie… voire bien davantage encore.
 
Bangkok, 1938. Remy Burke, membre de la haute loge, reprend conscience après une nuit trop arrosée et se souvient qu’il a parié avec Abhik Lee, joueur redoutable, un bien précieux : sa mémoire. Le jeu qui déterminera le vainqueur ? Une partie de cache-cache, Lee ayant un mois pour trouver Burke ; après quoi les rôles seront inversés. Le plateau de jeu ? La Thaïlande toute entière. Burke doit donc se cacher comme il le peut… ce qui n’est pas chose aisée quand on est un Européen à la forte carrure. D’autant que Lee dispose de tous les moyens possibles pour traquer sa proie…

MON avis

Nouveau cadre, nouvelle époque et nouveau jeu. Ce deuxième tome de La maison des jeux se renouvelle tout en gardant les éléments qui fonctionnaient si bien dans le premier. Cette fois-ci Thene laisse sa place à Remy Burke qui se retrouve piégé au milieu d’un cache-cache grandeur nature dont le terrain de jeu n’est autre que la Thaïlande et l’enjeu sa propre mémoire. Burke n’a donc pas le droit à l’erreur et nous emmène dans une course folle contre un ennemi qui ne semble pas vraiment jouer à la loyale… Pour gagner, il va devoir faire preuve de rapidité et de ruse afin de prendre son adversaire à son propre jeu. 

C’est un plaisir de retrouver la dynamique de La maison des jeux. Si ce deuxième tome propose un jeu plus basique que le précédent, avec moins de stratégie et d’engrenages politiques, on retrouve certains ingrédients qui font le charme de cette trilogie. La plume de l’autrice pour commencer, toujours aussi succulente et piquante. Claire North sait appuyer là où il le faut, mais aussi proposer la bonne dose de descriptions pour nous immerger complètement dans l’intrigue et la bonne dose d’action pour faire monter la tension à son comble. Sa plume tout en finesse et en élégance propose ainsi un récit maîtrisé de bout en bout qui, sous ses airs de simple course poursuite, réussit à nous mener là où on ne s’attendait pas à aller. Le parcours de Remy, cet Européen qui a bien du mal à se fondre dans la masse en Thaïlande, devient rapidement addictif et haletant. On se questionne à chaque page sur la manière dont il réussira encore une fois à fuir et à se cacher alors que ses ennemis le talonnent. Pendant une grande partie du récit, Remy subit sa situation, puis il y a un basculement dans le dernier quart lorsqu’il reprend les choses en main et comprend qu’il peut gagner en retournant l’avantage de son adversaire contre lui. C’est là qu’on découvre pour notre plus grand plaisir le vrai joueur qu’est Remy en réalité, et qu’on se délecte en assistant à une véritable partie de La maison de jeux, comme celle du premier tome.  Ainsi Claire North déroule les fils de son intrigue d’une main de maître, disposant habilement son plateau pour mieux le faire basculer dans un final grandiose et surprenant.

Tu ne devrais pas miser ce qui ne t’appartient pas, Remy. Tu ne devrais pas miser ce que tu ne peux pas te permettre de perdre. Cela ne respecte pas ton code de conduite. 

Le talent de Claire North repose également dans sa construction des personnages. Remy n’est pas sur le papier un personnage des plus attachants. Il se fait embarquer bêtement dans ce jeu du fait de son alcoolisme et la première image que l’on découvre de lui n’est pas particulièrement positive. Et pourtant, l’autrice dessine son portrait avec finesse réussissant à le rendre très humain et à en faire finalement un personnage qu’on prend plaisir à suivre. Remy finit par être touchant autant dans ses forces que dans ses faiblesses et son évolution est l’un des points les plus intéressants du récit, apportant une profondeur bienvenu dans ce jeu de cache-cache qui aurait vite pu devenir redondant. 

Si ce deuxième tome de La maison des jeux reste pour moi en dessous du premier, puisque l’effet découverte de cet univers si envoûtant était passé et que ce tome est moins impressionnant dans la dynamique du jeu, Claire North aura tout de même su me captiver grâce à sa plume intelligente, à sa manière de capturer la psychologie de ses personnages et surtout à la manière dont elle mène son intrigue d’une main de maître en redistribuant totalement les cartes dans le dernier quart.

coup de coeur

D’autres avis : LianneLe MakiYuyineXapurLe syndrome QuicksonBoudicca – Anudar – Outrelivres – Baroona – Celindanaé – Epaule d’OrionAlbédo – 

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La maison des jeux, tome 2 : Le voleur
Autrice :
Claire North
Traduction : Michel Page
Couverture : Aurélien Police
Maisons d’édition : Le Belial’
Genre : Fantasy
Date de publication française : 22 septembre 2022
Nombre de pages : 153 pages
Prix : 10,90 € (broché) / 5,99 € (numérique)
 
Dans la même série : 
1- Le serpent 
3- Le maître

11 réflexions sur “[Chronique] Le voleur, de Claire North

  1. Avatar de Le Nocher des livres Le Nocher des livres 16 décembre 2023 / 10 h 12 min

    Bien d’accord avec toi. En fait, c’est celui que j’ai le moins aimé dans la série. Mais le premier créait une telle attente qu’il était difficile de se montrer à la hauteur.

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    • Avatar de Sometimes a book Sometimes a book 20 décembre 2023 / 22 h 25 min

      Oui le premier a placé la barre tellement haut que c’est compliqué de faire aussi bien aussi ! Mais Claire North se défend bien quand même

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  2. Avatar de Baroona Baroona 16 décembre 2023 / 13 h 07 min

    C’est très bien vu ce que tu dis sur la finesse d’écriture du personnage de Remy, c’est vrai que ça partait mal et pourtant on le suit aveuglément et avec une totale empathie. Ça me fait encore plus adorer Claire North et cette série. ^^

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  3. Avatar de Les Lectures du Maki Les Lectures du Maki 17 décembre 2023 / 22 h 26 min

    C’est peut être mon préféré, il n’ y a plus la surprise de l’univers mais cette immense jeu totalement faussé est un délice…

    Aimé par 1 personne

    • Avatar de Sometimes a book Sometimes a book 20 décembre 2023 / 22 h 26 min

      Oui je peux comprendre, le concept pourtant simple était très intelligemment traité

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