Sometimes a book

« Tout est hasard. La nature est hasard. La vie est hasard. La folie des hommes est de chercher des règles là où il n’y en a pas, d’inventer des contraintes là où aucune n’existe. Tout ce qui compte c’est le choix. Alors choisis. Choisis. »

 

Direction Venise de l’année 1610 pour ce premier tome de la trilogie La maison des jeux, déjà parue intégralement dans la collection Une heure lumière des éditions Le Belial’. Vous devez savoir que je suis une fan de cette collection de novella et, si je suis loin d’avoir tout lu, sur la quinzaine de titres que j’ai découvert Le Serpent se hisse d’ores et déjà à la deuxième place de mon classement derrière l’indétrônable L’homme qui mit fin à l’histoire. Lisez donc cette chronique pour en savoir plus, mais surtout courez le découvrir si vous aimez les jeux d’échec grandeur nature. 

 

 

Ce premier tome suit le personnage de Thene, femme qui au début du récit subit sa condition à travers un mariage forcé pas très réjouissant et une dynamique familiale pas plus enthousiasmante. Thene est donc mariée à un homme accro aux jeux, qui l’emmène régulièrement à La maison des jeux, un institut bien mystérieux. Thene va elle aussi commencer à jouer pour faire passer l’ennui et se révéler être une joueuse très prometteuse. Un jour, elle se retrouve invitée en compagnie de 3 autres joueurs pour un tout nouveau jeu pouvant lui ouvrir les portes de la Haute loge, un cercle très privé où toutes les mises sont possibles, comme le fait de jouer des années de vie… Un seul entrera dans la Haute loge et pour cela il faudra tirer les ficelles du pouvoir et de la politique et placer son pion au sommet en le faisant élire doge par l’aristocratie vénitienne.  

 

 

Le jeux des Rois, c’est la partie qui se joue dans ce premier tome. Un jeu grandeur nature où chaque joueur possède des pions qui lui ont été attribués plus ou moins aléatoirement. Ces pions peuvent être n’importe qui, des enfants des rues à de grandes figures aristocratiques en passant par des personnages religieux. Toutes les strates de la société peuvent avoir un rôle dans ce jeu de dupes géant et toute la stratégie est d’utiliser ses pions au bon moment et à bon escient. L’intrigue de ce premier tome nous immerge ainsi dans toute la culture vénitienne. Claire North décrit avec habileté son univers rendant le récit captivant autant pour les parties qui se jouent que pour ses décors. On est complètement immergé dans l’atmosphère de Venise à travers les descriptions vives et précises, les voyages sur les canaux, la visite de son île cimetière… J’ai complètement retrouvé l’ambiance de cette ville et l’aura mystérieuse et envoutante qu’elle dégage et ce lieu contribue à rendre cette novella d’autant plus fascinante. 

 

Le personnage de Thene est captivant à suivre. J’ai tout de suite accroché à sa personnalité, à sa discrétion qui cache une grande intelligence et sa capacité à cacher ses émotions et à porter un masque au sens propre comme au figuré. C’est une joueuse hors pair dont on se délecte de découvrir les stratégies. Au fil de l’intrigue on découvre les différents personnages dont elle a pioché la carte et la manière dont elle décide de les utiliser afin d’éliminer ses adversaires un à un. Il y a un côté très fin dans sa manière de jouer, disposant ses cartes avec beaucoup de minutie, observant ses adversaires et les laissant parfois porter un coup quand c’est nécessaire. C’est une vraie partie d’échec grandeur nature dans laquelle il faut réussir à avoir toujours un coup d’avance tout en cachant son jeu jusqu’au grand final où tous les masques tombent. Les pièces s’assemblent merveilleusement bien apportant la bonne dose de suspense. On découvre également au fil du récit la puissance des enjeux et tout le pouvoir de La maison des jeux. A mesure que les personnages se mêlent de la vie politique, les dangers augmentent et il faut jouer avec toujours plus de minutie. Tension, suspense, stratégie sont donc au rendez-vous pour faire de cette novella une réussite sur tous les plans et une lecture dont l’ambiance continuera longtemps de nous hanter.

 

 

 

D’autres avis : Yuyine – Les chroniques du Chroniqueur – Le Maki – Outrelivres – Le Nocher des Livres – Epaule d’Orion – Au pays des caves trolls – Ombrebones – Mondes de poche – Quoi de neuf sur ma pile ? – Le syndrome Quickson