[Chronique] Le Peuple des rennes, de Megan Linholm

Le peuple des rennes
 
« Aucun autre endroit ne ressemble au Cataclysme. Et c’est aussi un lieu de pouvoir, tous les chamanes l’ont toujours dit. Un site bien choisi pour les commencements et les fins. »


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Le Peuple des rennes (intégrale)
Autrice : Megan Linholm (alias Robin Hobb)
Éditeur : ActuSF
Genre : Fantastique
Date de parution : 9 juillet 2021 (réédition)
Nombre de pages : 493
Prix : 20,90 €
 
Synopsis
Dans un univers désolé où le froid et la nuit règnent en maîtres, une femme hors du commun, Tillu, la guérisseuse, se bat pour protéger son fils, l’inquiétant Kerleu.
Fuyant le chaman Carp qui désire lui voler son fils pour en faire son apprenti, elle s’installe loin des hommes, à l’écart, bien décidée à aider son jeune Kerleu à devenir un homme. Jusqu’au jour où elle aperçoit deux chasseurs dans le vallon. La chasse tourne mal, l’un d’eux est blessé. Comprenant vite que sans son aide, il risque de mourir, Tillu n’a d’autre chois que d’aller le sauver et de les héberger pour la nuit. Elle apprend qu’ils appartiennent à une tribu, installée non loin de là : le peuple des rennes.
 
MON avis
Megan Linholm alias Robin Hobb est l’une des autrice phare du catalogue des éditions ActuSF qui rééditent régulièrement son œuvre. En juillet 2021, c’est au tour du dyptique Le Peuple des rennes d’être réédité dans une magnifique intégrale collector. Partons donc dans l’immensité des steppes glacés de la toundra à la rencontre de tribus nomades et surtout de Tillu et de son fils Kerleu.
 

Un récit tranche de vie 

 
Si le roman n’est pas extrêmement précis sur son cadre spatio-temporel, on comprend qu’il se déroule en des temps anciens dans un environnement polaire extrêmement vaste. Inutile d’en savoir vraiment plus pour comprendre et être immergé dans cet univers puisque le récit se concentre surtout sur le mode de vie des peuples et tribus vivant dans ces conditions extrêmes. Le flou spatio-temporel qui entoure les personnages rend d’ailleurs le propos du livre beaucoup plus percutant. Le début du récit nous éloigne en réalité de la vie au sein des groupes puisque l’on suit Tillu, une jeune mère qui va fuir de la tribu dans laquelle elle était réfugiée avec son fils Kerleu. Cette première brève incursion dans la vie de la tribu suffit à nous exposer le mode de vie très particulier de ces peuples de la toundra et surtout son extrême codification. Chaque individu a un rôle bien particulier à jouer avec une séparation particulièrement nette entre les sexes. On retrouve finalement dans ces tribus un système patriarcal avec une domination masculine expliquant le choix d’émancipation de l’héroïne et son envie de fuir un destin tout tracé pour elle en tant que femme. Megan Linholm nous emmène ainsi dans un récit assez féministe dans les pas d’une héroïne indépendante qui doit apprendre à se débrouiller seule dans un univers hostile avec un fils assez compliqué à gérer. On ne peut pas dire que le récit soit extrêmement riche en action. Il est plutôt centré sur le quotidien assez simple des deux personnages, la manière dont ils occupent leur journée, se nourrissent, survivent au froid jusqu’à leur rencontre avec une nouvelle tribu, le Peuple des rennes qui va leur apporter un quotidien un peu différent de ce qu’ils ont connu, même s’il reste très codifié. Ce roman est donc réellement un récit tranche de vie avec une dimension dramatique qui s’accentue au fil des pages. L’univers et les choses que les personnages doivent mettre en place pour survivre est la dimension qui m’a le plus intéressée dans le récit. Les hommes font preuve de beaucoup d’ingéniosité pour s’acclimater aux conditions météorologiques difficiles et Megan Linholm dépeint très bien cet aspect avec la description des objets et des techniques qu’ils utilisent. Les traditions et la culture des peuples nomades est également très intéressante à découvrir et particulièrement le chamanisme qui apporte la petite touche fantastique du récit. 
 

Des personnages complexes

Si l’autrice prend le temps de déployer le quotidien des personnages, elle s’attarde également sur leur psychologie. Le personnage de Tillu est bien sûr celui qui est le plus mis en avant et qui est le plus intéressant. A travers elle, Megan Linholm interroge réellement sur la féminité et sur la manière de se développer à la fois en tant que mère, mais aussi en tant que femme. Tillu n’avait pas forcément choisi de devenir mère aussi jeune et elle doit apprendre à connaître sa féminité tout en assurant ce rôle complexe de mère. Elle possède également des talents de guérisseuse particulièrement prisés qui ajoutent des responsabilités supplémentaires dans sa vie. C’est un personnage à la fois complexe et assez facile à cerner. On comprend aisément ses doutes et ses tiraillements entre sa volonté de protéger son fils à tout prix et l’envie de suivre ses propres désirs. Son fils, Kerleu, est d’ailleurs un personnage beaucoup plus ambigu. Il est très jeune, mais possède une volonté de fer et des dons de chaman assez puissants le rendant différent des autres et vulnérable. C’est un enfant qui semble en décalage avec le monde dans lequel il vit, parfois même simple d’esprit et qui possède en même temps une grande intelligence émotionnelle liée au chamanisme. Finalement c’est un personnage qui met assez mal à l’aise, car il est difficile à appréhender et en ce sens Megan Linholm rend les situations qu’il rencontre vraiment réalistes. C’est un personnage rejeté, dont on se moque, car on ne le comprend pas. 
 
Megan Linholm dépeint ainsi le portrait de personnages forts et réalistes, ce qui est également le cas parmi les personnages secondaires. J’ai tout de même regretté le portrait un peu plus cliché de l’antagoniste du récit qui semble être simplement méchant et cruel sans beaucoup plus de profondeur.
 

Une intrigue assez prévisible

 
Finalement, le plus grand intérêt du récit reste à mon sens la construction de l’univers et des personnages. Comme je le disais précédemment, l’intrigue reste assez contemplative et très intimiste. On peut aisément deviner le déroulé du récit dès les premières pages. Même s’il y a quelques gros bouleversements et que l’intrigue prend gagne petit à petit en noirceur s’enfonçant parfois vers le thriller, il n’y a pas en réalité de grands mystères à résoudre. En ce sens, j’ai préféré le premier tome qui m’a plus embarquée dans le froid glacial de la toundra que le deuxième dont le déroulé m’a semblé assez convenu et sans la surprise de la découverte de l’univers et des personnages. J’ai quand même passé un bon moment de lecture avec ce récit d’ambiance qui se lit avec facilité et qui est intéressant dans son approche de la féminité. 
 

Conclusion


Le Peuple des rennes nous emmène dans l’immensité glacé de la toundra où l’on découvre le mode de vie très codifié des tribus nomades. On suit le quotidien de Tillu et de son fils Kerleu dans ce récit tranche de vie qui nous dépeint la manière dont on peut vivre dans des conditions aussi hostiles. Ce récit assez intimiste nous fait également découvrir le quotidien des tribus nomades, la répartition des tâches entre hommes et femmes, les coutumes et traditions et le chamanisme qui apporte une note de fantastique au récit. Les personnages sont dans l’ensemble très convaincants, notamment Tillu qui est constamment tiraillée entre ses désirs de femmes et son rôle de mère. Megan Linholm aborde à travers ce personnage la question de la féminité de manière assez poignante. La question de la différence est également abordée à travers Kerleu, un personnage étrange, difficile à cerner et rejeté de tous à cause de cela. Finalement, l’autrice nous emmène à la découverte d’une culture différente et ce dépaysement est vraiment le point fort de l’intrigue qui reste sinon assez classique et prévisible dans son ensemble.
 
Bonne lecture

6 réflexions sur “[Chronique] Le Peuple des rennes, de Megan Linholm

  1. Steven 7 août 2021 / 7 h 30 min

    Malgré le léger soucis de prévisibilité ton avis me pousse vraiment à découvrir cette œuvre que je ne connais pas 😉

    Aimé par 1 personne

  2. Baroona 7 août 2021 / 17 h 32 min

    J’ai lu le premier tome il y a des années mais je n’ai pas enchaîné sur le tome 2 et finalement je ne l’ai jamais lu. J’y pense parfois quand je croise le livre, mais je t’avoue que « le deuxième dont le déroulé m’a semblé assez convenu » ça ne me pousse pas trop à m’y replonger. ^^’

    Aimé par 1 personne

    • Sometimes a book 8 août 2021 / 17 h 57 min

      Je comprends, je trouve que le format intégrale convient bien. Sans ça je n’aurais pas forcément continuer non plus !

      J’aime

  3. Tigger Lilly 14 août 2021 / 17 h 20 min

    Ca a tout de même l’air sympa, malgré ton bémol, je m’y pencherai à l’occasion ^^

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