
–« Le passé est une dangereuse contrée.
– Inconnue et inconnaissable.

Auteur : Ben H. Winters
Traduction : Eric Holstein
Illustration de couverture : Diego Flavio Tripodi
Éditeur : ActuSF
Genre : Science-fiction
Date de parution : 16 avril 2021 (VF)
Nombre de pages : 426
Prix : 20,90 €
Synopsis
Imaginez que mentir soit puni par la loi. D’être obligé de consigner par écrit vos faits et gestes quotidiens pour preuve. Bienvenue dans le Golden State, une Californie alternative et souveraine qui a décidé de placer ses habitants sous haute surveillance… avec leur propre bénédiction. Laszlo Ratesic fait partie du Service Spéculatif depuis 19 ans. Il n’est pas un policier comme les autres : son travail consiste à s’assurer que la vérité respectée en toutes circonstances. Pour cela, il possède un don particulier, une sorte de sixième sens qui lui permet de deviner quand la personne en face de lui ment. Mais surtout, son service est l’un des rares à pouvoir spéculer, une discipline risquée, car flirtant avec le mensonge, afin de mener à bien ses enquêtes. Sa dernière affaire concerne la mort suspecte d’un homme, tombé d’un toit. Aidé pour cela de la jeune recrue Aysa Paige, Laszlo va plonger dans un nœud de contradictions et de mensonges qui le poussera à s’interroger sur la nature même du Golden State.

J’avais déjà pu découvrir Ben H. Winter dans Underground Airlines que j’avais bien aimé sans qu’il me laisse un souvenir impérissable. Je n’avais donc pas prévu de me jeter sur un nouveau roman de l’auteur et pourtant quand j’ai vu le résumé de Golden State, il m’a tout de suite attirée. Et j’ai eu raison puisque j’ai beaucoup aimé cette lecture qui a été même meilleure que Underground Airlines.
Un monde aseptisé
Golden State se déroule dans une Amérique futuriste où la société a été complètement bouleversée suite à une « catastrophe » entraînant de nouvelles règles et particulièrement l’interdiction de mentir. En réalité, on ne sait pas quel a été cet évènement qui a entraîné le basculement de la société vers la nouvelle nommée Golden State, c’est un sujet tabou dont les habitants eux-mêmes ne connaissent plus les détails. Le roman nous emmène donc dans une société bien huilée où les gens ont appris à éliminer le mensonge de leur vie et où certaines personnes ont développé le pouvoir de détecter les mensonges. Et c’est l’un de ces personnages que l’on va suivre : Laszlo Ratesic a intégré grâce à son don le service spéculatif dont le but est de déterminer s’il n’y a rien qui cloche dans les enquêtes policières, si l’intégrité de « Ce qui est » est bien préservée. Et on le retrouve justement à enquêter sur la mort d’un ouvrier qui semble être un simple accident du travail. Rien d’anormal à première vue, mais des petits détails étranges vont le pousser à enquêter plus profondément…
Ben H. Winters nous propose une dystopie dont le style n’est pas sans rappeler 1984 d’Orwell. Le style de l’auteur est très froid à la fois dans son écriture, mais également dans sa manière de dépeindre son univers. Le récit est écrit de manière très factuelle avec des phrases courtes et percutantes. L’univers possède également une grande froideur, il extrêmement codifié, aucune place n’est laissée aux émotions. Les personnages gravitent dans un monde extrêmement aseptisé dans lequel mentir n’est plus possible, mais également dans lequel chaque minute de leur vie est surveillée. Les personnages doivent ainsi remplir des rapports quotidiens détaillant heure par heure leur vie. Les personnages sont si contrôlés que les plus grands criminels deviennent finalement des enfants ayant menti pour avoir un paquet de bonbons. Bref, Ben H. Winters nous emmène dans un monde sans émotion dont il a pensé les moindres détails, car le mensonge ne passe pas uniquement par la parole. Il faut un peu de temps pour s’habituer à la froideur du récit mais, une fois les codes bien intégrés, il devient difficile de lâcher le récit qui nous emmène de plus en plus en profondeur dans cette société endoctrinée.
Une enquête qui tourne mal
L’intrigue tourne autour du personnage de Laszlo Ratesic, un citoyen modèle complètement en phase avec sa société et qui va jusqu’à travailler pour elle en détectant le moindre petit mensonge. Il prend sous son aile une jeune stagiaire, Paige, avec laquelle il commence à enquêter sur un banal accident. L’enquête des deux personnages nous dévoile le fondement de cette société futuriste. On découvre les moyens très modernes mis à disposition des enquêteurs notamment les vidéos de surveillance ainsi que la manière dont se déroulent des interrogatoires quand on ne peut pas mentir, et certains personnages sont très forts pour ne rien révéler et les faire tourner à leur avantage ! Laszlo et Paige vont remonter le fil de la vie du jeune homme décédé nous entraînant dans différentes couches de la société jusqu’à les déliter complètement. L’auteur emmène peu à peu ses personnages sur des chemins très dangereux allant jusqu’à la remise en question totale de toute la société. C’est d’ailleurs ce qui est le plus fascinant dans ce récit : se rendre compte de l’engrenage dans lequel tombe un homme, qui va l’amener à remettre en question toutes ses convictions les plus profondes. Et de ce point de vue-là, l’évolution des personnages est extrêmement réussie. J’ai juste eu une réserve sur le personnage de Paige dont les réactions ne m’ont pas semblée très crédibles, mais cela s’explique finalement dans le récit.
L’enquête est vraiment très prenante, ses avancées sont nombreuses tout comme les rebondissements. Assez intrigante au départ puisque la situation ne semble pas nécessiter d’enquête, elle se complexifie de plus en plus et demande une attention de la part du lecteur pour ne pas perdre le fil. Ben H. Winters offre dans la dernière partie du roman d’énormes bouleversements qui viennent absolument tout remettre en question et, comme si ce n’était pas encore suffisant, les dernières pages elles-mêmes viennent encore redistribuer les cartes. L’auteur n’amène pas toutes les réponses sur un plateau, il demande aux lecteurs une réflexion pour comprendre cette fin. Personnellement, je n’ai pas été frustrée, car j’ai eu le sentiment d’avoir toutes les cartes en main pour réfléchir sur l’intrigue, mais ça ne sera pas forcément le cas de tous les lecteurs. Si vous n’aimez pas les fins un peu ouvertes qui laissent des choses en suspens, je ne vous conseille donc pas ce roman, sinon n’hésitez pas, c’est une excellente dystopie.
Conclusion
Ben H. Winters nous emmène dans un univers où mentir est puni par la loi et où certains personnages ont développé le don de détecter ces mensonges. Sous ce postulat l’auteur façonne un univers glaçant et d’une grande froideur où tout est codifié ne laissant plus aucune place aux émotions. C’est dans ce contexte que l’on suit Laszlo Ratesic, un citoyen modèle qui a dédié sa vie pour que les mensonges soient éradiqués, mais l’enquête sur laquelle il va être appelé va l’emmener dans un engrenage infernal remettant toutes ses convictions en question. L’évolution de ce personnage est extrêmement bien amenée par l’auteur. On le suit dans une enquête très prenante qui se complexifie au fil des pages jusqu’à complètement retourner le cerveau du lecteur. Ben H. Winters ne sert pas toutes les réponses sur un plateau, mais demande une réflexion de la part du lecteur afin de démêler les nœuds de cette intrigue.
D’autres avis : Les pipelettes en parlent – La rivière des mots – Célinedanaé – Quoi de neuf sur ma pile – Aelinel
Je n’en lis que de bons avis et aimant ce genre de personnage et d’univers/ ambiance je vais l’ajouter à ma wishlist 😁
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Ah chouette ça me fait plaisir, j’espère que tu l’apprécieras !
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J’ai quand même préféré Underground pour ma part, mais c’est vrai que c’est un très bon roman !
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Raaaaah ça me donne trop envie!! Ma PAL ne te remercie pas :p
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Héhéhé 😈
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