[Chronique] La maison dans laquelle, de Mariam Petrosyan

la maison dans laquelle
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« La Maison, c’est une succession de murs dont la peinture n’en finit pas de s’écailler. C’est aussi d’interminables volées de marches étroites. Des moucherons qui dansent sous les lanternes des balcons. L’aurore au bois de rose qui caresse les rideaux. […] La Maison, c’est un petit garçon qui s’enfuit à travers les couloirs déserts, un petit garçon constamment couvert de bleus, qui s’endort pendant les cours et se voit affubler d’une multitude de surnoms : Céphalopode, Destrier, Sauterelle ou bien Trace d’Aveugle – vu qu’il ne le quitte pas d’une semelle et marche dans ses pas. Lorsque quelqu’un pénètre dans la Maison, celle-ci commence par braquer sur lui un angle de mur tranchant comme une lame. Ensuite seulement, le visiteur peur en franchir le seuil. »


la maison dans laquelle
La maison dans laquelle
Autrice :
Mariam Petrosyan
Éditeur : Monsieur Toussaint Louverture
Genre : Fantastique
Date de parution : 19 février 2016
Nombre de pages : 1088 pages (poche)
Prix : 15,50 €
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Synopsis
Dans la Maison, vous allez perdre vos repères, votre nom et votre vie d’avant. Dans la Maison, vous vous ferez des amis, vous vous ferez des ennemis. Dans la Maison, vous mènerez des combats, vous perdrez des guerres. Dans la Maison, vous connaîtrez l’amour, vous connaîtrez la peur, vous découvrirez des endroits dont vous ne soupçonniez pas l’existence, et même quand vous serez seul, ça ne sera jamais vraiment le cas. Dans la Maison, aucun mur ne peut vous arrêter, le temps ne s’écoule pas toujours comme il le devrait, et la Loi y est impitoyable. Dans la Maison, vous atteindrez vos dix-huit ans transformé à jamais et effrayé à l’idée de devoir la quitter.

MON avis

La maison dans laquelle est peut-être le roman le plus étrange que j’ai été amenée à lire et il est très difficile d’en écrire une chronique, car ce n’est pas un roman qui s’appréhende en une seule lecture. Voilà pourquoi j’ai repoussé l’écriture de cette chronique et que je vous conseille surtout de vous fier à votre instinct concernant ce roman. Malgré ce que je vais en dire, s’il vous interpelle et que vous êtes prêts à vous plonger dans cette atmosphère brumeuse et à essayer de décrypter ses mystères, lisez-le. Il n’y a aucun doute qu’il s’agit d’un grand roman, même s’il est difficile dc le recommander, car il est évident qu’il est très loin d’un roman universel qui pourrait convenir à une majorité de lecteurs. 

La maison dans laquelle est un roman au titre assez équivoque qui nous emmène dans une étrange institution dans laquelle évolue des enfants plus ou moins handicapés (que ce soit des handicaps moteurs ou mentaux) et répartis au sein de différents groupes. Chaque enfant est désigné par un surnom qui lui a été attribué lors de son arrivée dans la maison, on retrouve ainsi Fumeur, L’Aveugle, Sphinx et bien d’autres, les chapitres alternant les points de vue de plusieurs enfants et se concentrant particulièrement sur ceux du groupe 4. Il ne faut pas s’attendre à énormément d’action dans ce récit, il ne fait finalement que suivre le quotidien de ces enfants, leur manière de percevoir le monde et de s’organiser au sein des différents groupes. Il n’y a donc pas de réelle intrigue à proprement parlé dans le sens où on n’y retrouve pas le traditionnel schéma narratif : situation initiale – élément déclencheur – péripéties – situation finale. Mariam Petrosyan ne construit pas son récit de cette manière et balaye à chaque page les attentes que pourraient avoir le lecteur.

Ainsi La maison dans laquelle nous emmène dans un récit atypique où l’on ne sait jamais vraiment comment se positionner. On attend des choses qui n’arrivent jamais, on élabore des centaines de théories sans que l’autrice ne nous dise jamais explicitement si elles sont correctes ou fausses. Certaines choses prennent sens toutes seules (et encore je pense que chaque lecteur comprendra les choses différemment), mais beaucoup beaucoup de choses restent très obscures. Face aux interrogations des lecteurs, l’éditeur a expliqué que toutes les réponses sont dans le livre, mais qu’il y a eu accès après les dizaines de relecture qu’il a fait pour éditer le livre. Je ne doute effectivement pas que toutes les réponses soient données dans le roman, mais personnellement, je ressors de ce récit avec la sensation d’avoir manqué la plupart des choses, d’en avoir compris qu’une infime partie, et la sensation de frustration qui en découle surpasse le reste. Certains lecteurs trouveront merveilleux cette sensation de pouvoir redécouvrir une œuvre à chaque relecture. Personnellement, je n’ai pas forcément la patience de relire un roman de plus de 1 000 pages une dizaine de fois pour espérer réussir à le comprendre. D’autant plus que le récit et notamment la deuxième partie comportent de nombreuses longueurs qui peuvent facilement décourager.

Cependant, si cette chronique paraît négative, ma lecture ne l’a pas été tant que ça et je ne regrette en réalité pas du tout cette lecture. Malgré cette impression de passer à côté de nombreuses informations, on s’attache à cette maison et à ses étranges habitants. Mariam Petrosyan a créé un univers d’une richesse incroyable et extrêmement immersif, et ce roman est surtout profondément bien écrit. Malgré tout ce qu’on peut en dire, cette lecture aura été profondément marquante et on ne ressort pas de cette maison indemne ! Si j’aurais aimé que l’autrice nous donne parfois des pistes un peu plus explicites et une intrigue plus présente, le roman offre quand même de très nombreuses pistes de réflexion notamment sur le passage de l’adolescence à l’âge adulte et l’acceptation ou non de cette période de la vie. On trouve finalement un parallèle entre ces enfants et l’histoire de Peter Pan et je suis sûre que l’autrice s’est inspirée de bien d’autres œuvres encore. Enfin, c’est personnellement l’une des thématiques que je vois dans ce récit qui est ouvert à de nombreuses interprétations. On trouve d’ailleurs des articles intéressants sur Internet de diverses interprétations que je vous conseille d’aller voir une fois votre lecture terminée. Ils aident à sortir du récit avec une vision peut-être un peu moins brumeuse ! 


Conclusion


La maison dans laquelle est un récit extrêmement atypique dans lequel l’autrice joue avec les attentes des lecteurs tout en les balayant. Au cours de ces 1088 pages on s’attache énormément à cette maison et à ses habitants, à toutes les choses étranges qui s’y passent. On s’accroche au fait que des réponses arriveront plus tard pour avancer dans cette intrigue labyrinthique qu’on ne comprend jamais vraiment et qui comporte parfois d’assez grosses longueurs. On élabore des centaines de théorie et si les réponses sont données au cours du récit, elles ne le sont jamais explicitement. Il faut en réalité certainement plusieurs relectures pour réussir à vraiment décrypter ce roman. Je ressors donc de cette lecture assez frustrée ayant l’impression d’être passée à côté d’énormément de choses. Je ne regrette pourtant pas cette lecture extrêmement bien écrite et qui aura été profondément marquante. Et qui sait, peut-être qu’un jour j’aurais le courage de le relire ?

avis mitigé

8 réflexions sur “[Chronique] La maison dans laquelle, de Mariam Petrosyan

  1. Baroona 18 novembre 2020 / 12 h 52 min

    Ah oui, un livre de 1000 pages qu’il faut quasi-obligatoirement relire pour bien le comprendre, c’est un vrai concept. Autant je peux apprécier un livre qui n’apporte pas toutes les réponses, qui est ouvert, mais de savoir que les réponses étaient en fait bien présentes, je crois que ça me frustrerait. ^^’

    Aimé par 2 personnes

  2. OmbreBones 18 novembre 2020 / 20 h 07 min

    Je ne pense pas que j’aurai la patience non plus 😅 je passe mais je suis contente d’avoir lu ton avis sur ce roman ! Je sais à quoi m’en tenir ainsi.

    Aimé par 1 personne

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