[Chronique] La cité de l’orque, de Sam J. Miller

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« Inutile pourtant de le dire à haute voix. Si Kaev avait retenu quoi que ce soit de ses années dans la peau d’une brute au cerveau amoché, c’était que les mots sont plus susceptibles de vous faire obstacle que de bous donner un coup de main. »


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La cité de l’orque
Auteur 
: Sam J. Miller
Traduction : Anne-Sylvie Homassel
Illustration : Aurélien Police
Éditeur : Albin Michel
Genre : Science-Fiction
Date de parution : 30 janvier 2019
Nombre de pages : 396
Prix : 24 €
Synospsis
22ème siècle. Les bouleversements climatiques ont englouti une bonne partie des zones côtières. New York est tombé; les États-Unis ont suivi. Au large de pays plongés dans le chaos, ou en voie de désertification, de nombreuses cités flottantes ont vu le jour. Régies par des actionnaires, elles abritent des millions de réfugiés. C’est sur Qaanaaq, l’une de ces immenses plateformes surpeuplées, qu’arrive un jour, par bateau, une étrange guerrière inuit. Elle est accompagnée d’un ours polaire et suivie, en mer, par une orque. Qui est-elle ? Est-elle venue ici pour se venger ? Sauver un être qui lui serait cher ?

MON avis

La cité de l’orque est le premier roman adulte de Sam J. Miller. Il a beaucoup fait parler de lui aux Etats-Unis et est même nominé pour le prestigieux prix Nebula. 

Un univers solide, mais déroutant 

Ce roman post-apocalyptique nous emmène dans un décor pas si éloigné du nôtre dans lequel la crise climatique a obligé les Hommes à construire des villes sur pilotis pour survivre à la montée de l’eau. On se retrouve donc dans un univers très urbain où tout est gouverné par des intelligences artificielles, mais où le vrai pouvoir est entre les mains de ceux qui possèdent l’immobilier. 

Sam J. Miller ne prend pas de gants pour nous emmener dans son univers. Dès les premières pages, on est embarqué au cœur de la ville flottante nommée Qaanaaq, sans beaucoup d’explications ni de repères pour nous aider à aborder ce monde assez complexe. Heureusement, l’auteur a utilisé un système plutôt ingénieux, des chapitres nommés ‘ville sans plan’ destinés dans l’histoire aux nouveaux arrivants de Quaanaaq, mais qui permettent surtout aux lecteurs de mieux comprendre le fonctionnement de la cité. Pas de doute, l’auteur maîtrise totalement son univers et finalement je ne l’ai pas trouvé si difficile à appréhender, même si c’est très déroutant au départ. Mais, les questionnements qui sont soulevés sont très intéressants et c’est vraiment ce qui donne beaucoup de consistance à ce récit qui s’appuie plus sur un univers et des personnages solides plutôt que sur une intrigue hyper développée. De ce fait, petite frustration, j’aurais aimé quand même en savoir encore plus sur cet univers qui est loin d’avoir dévoilé tous ses secrets. En refermant ce livre, j’ai eu l’impression d’avoir à peine survolé l’univers de ce récit, c’est dommage, mais peut-être que l’auteur n’en a pas fini avec cet lui… 

« Ville sans plan : monstres féroces et assoiffés de sang
Nous voulons des méchants […]. Les contes nous le susurrent à l’oreille : Cherche les méchants ! Car les méchants peuvent être punis. Les méchants peuvent être mis hors d’état de nuire.
Les méchants ne sont pourtant que le fruit d’une simplification excessive. »

Un récit long à s’installer

J’ai quand même mis énormément de temps pour réussir à rentrer dans cette histoire surtout dû au fait que je n’ai pas adhéré au style d’écriture (ou à la traduction). Je me doute que ce roman a dû être assez difficile à traduire, notamment à cause d’un personnage qui utilise le neutre pour se désigner, ce qui est difficilement adaptable à la langue française. Mais, j’ai surtout trouvé l’écriture très froide, j’avais l’impression de lire un enchaînement de faits sans vraiment comprendre où l’auteur voulait nous emmener. J’ai donc eu beaucoup de mal à ressentir des choses pour les personnages qui même eux ne semblaient pas avoir beaucoup d’émotions. Le résumé est très intriguant avec cette mystérieuse femme qui arrive dans la cité avec une orque et un ours polaire et je devais être un peu trop pressée d’en savoir plus sur elle. En réalité cette partie de l’histoire n’intervient qu’assez tard dans l’intrigue, la première moitié servant plus à bien introduire les différents personnages. Chaque chapitre est consacré à un personnage et je pense que l’auteur a voulu prendre le temps de bien les caractériser pour qu’on comprenne bien par la suite les liens qui les relient. 

Et justement, une fois les personnages bien installés et la première moitié du roman passé, j’ai réussi à rentrer dans l’histoire et j’ai beaucoup aimé ma lecture ! Il y a un moment dans le roman où tout bascule, où tous les personnages se retrouvent liés et c’est vraiment là que l’intrigue décolle. Il faut quand même mettre des pincettes, La cité de l’orque n’est pas un roman à action, on est sur un rythme plus contemplatif avec finalement une intrigue assez basique en elle-même. La vraie originalité, c’est tout ce qu’il y a autour, les personnages et leurs liens particuliers avec les animaux, l’univers urbain et surtout les failles, cette étrange maladie qui affecte de plus en plus de monde… Il y a donc beaucoup d’éléments très intrigants dans ce roman, mais il faut être patient avant de les découvrir, si ce n’est pas votre fort, je ne vous conseillerai pas ce livre. Si par contre vous aimez le post-apocalyptique et qu’un récit lent ne vous dérange, ce livre peut être très intéressant ! 

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Conclusion


La cité de l’orque a été une lecture en demi-teinte dû d’une première partie compliquée à cause du style d’écriture très froid et de l’intrigue qui prend son temps à s’installer. Heureusement, tout bascule dans la deuxième moitié qui rattrape très bien les défauts de la première et que j’ai eu du mal à lâcher tant le développement des personnages et de l’univers devenait intéressant. En soit, un roman avec beaucoup de potentiel, à découvrir pour les amateurs du genre, mais dont l’univers exigeant et contemplatif qui ne plaira pas à tout le monde.
bonne lecture

2 réflexions sur “[Chronique] La cité de l’orque, de Sam J. Miller

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