[Chronique] Terrariums, de Romain Benassaya

Quand Cora revient à elle, seule et amnésique, dans une vallée cernée par quatre murs réfléchissants infranchissables, elle comprend qu’elle est prisonnière. Dans ce terrarium géant, elle découvre bientôt d’autres humains, ignorant, eux aussi, comment ils s’y sont échoués. Tandis que tous cherchent à comprendre leur situation, des souvenirs commencent à ressurgir, nuit après nuit. Les prisonniers du terrarium ont participé à une mission de confirmation de l’habitabilité de la planète Kerana, sur laquelle ils ont, par accident, déclenché un mécanisme alien. Les questions se multiplient : où sont-ils ? Qui les détient ? Et depuis combien de temps ? Pour Cora, une seule chose est sûre : si les réponses existent, il lui faudra les trouver hors du terrarium…

MON avis

Après Pyramides et La Dernière arche, Romain Benassaya revient dans son univers vertigineux avec Terrariums, un nouveau roman qui peut se lire de manière indépendante, mais qui vient étoffer son univers et nous offrir des réponses aux questions restées en suspens.

Une structure familière

Je ne vais pas faire durer le suspense, Terrariums est un roman absolument spectaculaire et objectivement le roman le plus abouti de l’auteur dans cet univers. Et pourtant ce n’était pas gagné d’avance avec le début de ce récit qui reprend des mécaniques déjà utilisées par Romain Benassaya avec ses autres romans. À force, on commence donc à comprendre les ficelles et il en ressort des longueurs et un début assez peu palpitant. Ainsi, le roman s’ouvre alors que les personnages se réveillent sans aucun souvenir dans un environnement qu’ils ne connaissent pas. Un chapitre sur deux va nous emmener dans leur passé, à mesure qu’ils retrouvent leurs souvenirs, jusqu’à ce qu’ils comprennent où ils sont et comment ils sont arrivés là.

Comme à son habitude, Romain Benassaya nous emmène dans une aventure facile à lire et entraînante grâce aux chapitres courts et à sa plume très fluide. L’auteur joue également avec les mystères nous distillant les informations au compte-goutte et ajoutant de plus grands mystères dès que l’on pense en avoir percer un. À ce jeu-là, il gère très bien son intrigue et le fait de donner envie au lecteur de continuer la lecture. Cependant, je dois dire que je ne suis pas particulièrement fan du trope de l’amnésie dans les romans et des souvenirs qui reviennent de manière régulière un chapitre sur deux, ce que je trouve très artificiel. J’ai donc eu un peu de mal avec le début du roman craignant que l’auteur retombe dans les défauts de ses autres romans en ce qui concerne le manque de développement de la psychologie des personnages et les trop grandes facilités scénaristiques. Mais sur ces deux points, Romain Benassaya a su me détromper, il évite ces travers et parvient, au contraire, à insuffler un véritable sens à tous les éléments qu’il introduit, notamment ce jeu entre passé et présent, qui dépasse la simple mécanique narrative pour devenir un rouage qui enrichit réellement l’intrigue. Romain Benassaya nous offre donc un récit qui fonctionne à merveille pour son réalisme et les concepts hallucinants qui y sont développés même si l’intrigue met un peu de temps à décoller.

Une humanité différente

Les personnages qui l’on suit sont assez différents de ce qu’on peut connaître de l’humanité, ce qui peut amener une distance avec eux et laisser penser qu’ils manquent de réalisme. Mais, là encore l’auteur évite les travers et la psychologie des personnages s’explique au fur et à mesure du récit. Il faut dire que Romain Benassaya dévoile dans son roman une humanité qui a énormément évolué par rapport à la nôtre. On ressent parfaitement l’influence sur les personnages de leur environnement, de leur vécu, de leurs difficultés et de leurs traumatismes. On peut ainsi comprendre la quête de sens dans laquelle ils se trouvent. Quête de sens pour comprendre qui ils sont alors que leurs souvenirs ont disparu, mais aussi quête de sens sur notre monde au sens large, sur la manière de sauver l’humanité toute entière ainsi que d’autres espèces qui pourraient avoir les mêmes espérances.

Une fin à couper le souffle

En termes de réalisme, de solidité d’intrigue et de révélations, Romain Benassaya va, avec Terrariums, bien au-dessus de ce qu’il avait pu nous proposer avec les autres romans du même univers, mais aussi bien au-dessus de ce qu’on peut trouver en science-fiction francophone. Les 200 pages du romans sont absolument vertigineuses allant toujours plus loin dans de folles révélations qui laissent le souffle coupé. Terrariums est finalement un immense roman de sense of wonder qui emmène le lecteur plus loin que tout ce qu’il pourrait imaginer, mais aussi plus loin que tout ce qu’il pourrait imaginer pour l’humanité. Si loin d’ailleurs que les distances, les durées ou même les notions de vie et de mort en sont difficiles à concevoir. Car Terrariums nous parle de l’avenir de l’humanité sur des échelles extrêmement lointaines, mais aussi de l’évolution de manière générale de l’univers et de toutes les formes de vie qui peuvent y habiter. Romain Benassaya imagine des concepts et des technologies renversantes qui devraient laisser songeurs tous les amateurs de space opera.

Si j’ai donc trouvé le début de Terrariums moins palpitant et les mécanismes utilisés un peu trop redondants par rapport aux autres romans du même univers, Terrariums est finalement un récit grandiose, aux idées et aux concepts vertigineux et plein de sense of wonder. J’ai eu un véritable coup de cœur pour les 200 dernières pages du récit qui en mettent plein la vue avec un enchaînement de révélations qui nous emmènent très loin dans l’univers et dans l’avenir de l’humanité.

Roman reçu dans le cadre d’un service de presse des éditions Pocket que je remercie

D’autres avis : TachanLe nocher des livresLe Bibliocosme


Terrariums
Auteur : Romain Benassaya
Illustration : François-Xavier Pavion
Maison d’édition : Critic / Pocket
Genre : Science-fiction
Publication :  27 octobre 2023
Nombre de pages : 672 pages
Prix : 24 € (broché) / 12,10 € (poche) / 13,99 € (numérique)

3 réflexions sur “[Chronique] Terrariums, de Romain Benassaya

  1. Avatar de Ma Lecturothèque Ma Lecturothèque 7 août 2025 / 11 h 28 min

    J’avoue que le trope de l’amnésie, j’en ai un peu marre aussi (même si ça fait un moment que je ne l’ai pas vu dans une œuvre – justement parce que je l’évite). Après, si le reste du roman vaut le coup, ça se tente. Il n’est donc pas dans mes priorités à découvrir mais je me dis « pourquoi pas », donc je me le note 🙂

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    • Avatar de Sometimes a book Sometimes a book 8 août 2025 / 13 h 57 min

      Oui c’est vraiment la première réaction que j’ai eu pour l’amnésie et finalement ça s’explique mais il faut s’accrocher un moment. Ca en vaut quand même la peine !

      Aimé par 1 personne

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