[Chronique] Le Sabre de neige, de Salomé Han

On les appelle les Porteurs de Sabres Sacrés et on raconte qu’ils servent la volonté des Kami. Ils ne sont pas immortels, mais vieillissent différemment de nous, s’éloignant peu à peu de l’humanité. Maître Shiro, le Héron Blanc, est l’un d’eux. Il porte le Sabre de Neige, qui se nourrit du sang de ses victimes et procure cette extraordinaire longévité convoitée par l’Empereur en personne.

Isao, dix-neuf ans, est son unique disciple. Ils vivent ensemble au cœur d’une forêt sacrée, se dévouant corps et âme à la Voie du Sabre. Quand Isao apprend que la tête du Héron Blanc est mise à prix et que leur ermitage secret est découvert, tous deux se voient obligés de fuir.

Confronté à un monde extérieur auquel les idéaux de la Voie du Sabre peinent à s’appliquer, Isao est déterminé à dépasser ses propres limites et à gagner le respect de maître Shiro, qu’il aime éperdument. Mais le jeune disciple ignore tout des dangers et des créatures qui se dresseront sur son chemin. À commencer par ses semblables : les hommes.

MON avis

Albin Michel débute l’année 2025 avec cette fantasy d’inspiration japonaise, premier tome d’une trilogie et premier roman d’une autrice française installée depuis plusieurs années en Corée du Sud.

Salomé Han nous emmène ainsi dans un Japon fantasmé, un univers qui ressemble en tout point à un Japon fantastique avec ses yokai et ses sabres sacrés, artefacts aux pouvoirs extraordinaires créés par des divinités de la culture japonaise. Le récit suit Isao, disciple du porteur du Sabre de neige qui va devoir quitter le refuge où il vivait en ermite quand il découvre que son maître est recherché par l’Empereur qui veut mettre la main sur les sabres sacrés. Au cours de leur fuite, les deux personnages vont être séparés et Isao fera tout son possible pour retrouver son maître.

L’écriture de Salomé Han est fluide et agréable à lire malgré un début maladroit dans l’écriture et la construction des premières scènes. Une fois la mise en place du récit installée, on sent une plus grande maîtrise dans l’écriture et la narration et le travail de scénariste de l’autrice se fait ressentir dans l’intrigue. Ainsi Salomé Han sait écrire des intrigues efficaces et prenantes, elle offre un bon rythme à son récit ainsi qu’un un bon équilibre entre action, introspection et description, rendant l’intrigue immersive et jamais ennuyeuse. Le contrepied de cela est un aspect parfois artificiel des scènes d’action et de combat et de la construction et du déroulé de l’intrigue. J’ai ainsi eu l’impression d’être spectateur d’un jeu vidéo plutôt que lecteur à la fois dans le déroulé de l’intrigue nous emmenant d’un endroit à l’autre avec à chaque endroit des scènes de combat que dans les scènes de combat elles-mêmes qui sont très codifiées. Ce sentiment a été particulièrement fort dans la dernière partie qui est une sorte de grand combat final prenant un tour beaucoup plus horrifique à travers les créatures affrontés et les décors lugubres. Cette ressemblance avec des scénarios de jeu vidéo n’est pas forcément un point négatif et dépendra de l’affinité des lecteurs pour ce style. Il offre en outre un aspect visuel à l’intrigue qui est très bienvenu pour nous immerger dans cette fantasy dépaysante, mais l’intrigue, en contrepartie, manque cependant de naturel.

Là où le roman déçoit cependant réside plutôt dans l’univers et les personnages. Il y a une belle volonté de construire un univers proche du Japon avec un vocabulaire spécifique utilisé et expliqué dans un glossaire à la fin. Cependant ce vocabulaire reste très limité à certains aspects spécifiques du roman comme les armes et les vêtements et ne suffisent pas à nous plonger complètement dans cet univers. De plus, le worldbuilding reste assez peu développé notamment dans les aspects politiques qui auraient pu être bien plus exploités. On sait que l’Empereur souhaite mettre la main sur les sabres sacrés, mais on ne sait quasiment rien de plus de la politique de cet univers, laissant surtout penser qu’il s’agit d’un prétexte pour lancer l’intrigue. Ces éléments laissent finalement penser que le texte s’adresse avant tout à des lecteurs voulant découvrir la fantasy ou/et la culture japonaise. Il est en effet bien écrit et très abordable pour des lecteurs ne recherchant pas des univers trop complexes, mais pourraient décevoir des lecteurs plus exigeants qui seront plus en recherche de richesse et de finesse.

Venons-en maintenant aux personnages qui représentent le véritable point négatif de ce récit. Isao, le personnage principal de ce premier tome est un personnage très difficile à apprécier. On sent que l’autrice a voulu en faire un personnage doté d’une grande sensibilité, mais il est surtout incroyablement naïf et possède une sorte de passivité qui ne bénéficie pas à l’intrigue. De plus, le roman se base sur une romance toxique entre Isao et son maître, romance, qui plus est, n’avait pas lieu d’être puisque la relation maître-disciple était assez forte pour justifier l’intrigue. À travers cette romance et d’autres clichés véhiculés au cours du récit, on a surtout l’impression que l’autrice cherche donc à cocher des cases, mais le faire avec une romance qui entretient un rapport de domination malsain n’était pas la meilleure idée.

Je ressors donc de ce premier tome avec un sentiment mitigé. Si le roman est entraînant grâce à une écriture agréable et un bon rythme, il souffre d’un univers trop peu exploité et de personnages difficiles à apprécier. À noter que la suite devrait se focaliser sur de nouveaux personnages et il est donc possible qu’elle sera plus satisfaisante et vienne enrichir l’univers.

Roman reçu en service de presse de la part des éditions Albin Michel que je remercie

D’autres avis : TachanL’ours inculteApophisCélinedanaeYuyine


Les Sabres sacrés, tome 1/3 : le sabre de neige
Autrice : Salomé Han
Couverture : Aurélien Police
Maison d’édition : Albin Michel
Genre : Fantasy
Publication : 29 janvier 2025
Nombre de pages : 517 pages
Prix : 22,90 € (broché) / 11,99 € (numérique)

5 réflexions sur “[Chronique] Le Sabre de neige, de Salomé Han

  1. Avatar de tampopo24 tampopo24 12 mars 2025 / 7 h 13 min

    Avis entièrement aussi bien pour le point positif de la lecture fluide que pour le côté convenu, jeu vidéo, survol du Worldbuilding et ratage des personnages malheureusement. Après c’est un premier roman peut-être que les suivants seront meilleurs…
    Mais ce n’était pas pour moi v.v

    Aimé par 2 personnes

  2. Avatar de Shaya Shaya 15 mars 2025 / 19 h 20 min

    Bon ben comme d’autres, tu soulignes des défauts au niveau personnage et relations qui ne passeront pas pour moi. Tant pis !

    Aimé par 1 personne

    • Avatar de Sometimes a book Sometimes a book 16 mars 2025 / 13 h 46 min

      Oui effectivement on est nombreux à avoir le même ressenti et si tu penses que ça n’ira pas pour toi, mieux vaut te faire confiance !

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