
Autrefois puissante cité divine capable de conquérir et d’asservir les peuples établis à sa proximité, Bulikov est tombée. Une mystérieuse catastrophe a eu lieu : le Vacillement. Les dieux protecteurs de la cité ont disparu. Bulikov a été brisée en mille morceaux. Conquise par l’Empire de Saypur, réduite à l’état d’avant-poste, la ville n’est plus que l’ombre de ce qu’elle a été. Restent toutefois visibles, ça et là, certains vestiges des miracles qui l’ont façonnée, notamment d’immenses escaliers qui mènent désormais nulle part.
Quand un historien est assassiné, l’Empire envoie enquêter une de ses meilleures espionnes : Shara Thivani. Se présentant comme une humble diplomate impériale, la jeune femme découvre l’étrange cité et commence son enquête, compliquée, dangereuse, qui touche un domaine sensible : le passé divin de certaines cités conquises par l’Empire. Ce que Shara va découvrir dépasse, et de loin, le simple cadre d’une affaire criminelle. Les dieux de Bulikov ne sont peut-être pas aussi morts que l’Empire veut bien le croire.

Robert Jackson Bennett est un auteur américain prolifique qui explore les différents genres de l’imaginaire avec des univers riches et des intrigues toujours pleines d’originalité. En fantasy, Robert Jackson Bennett aime exploiter des systèmes de magie novateurs comme avec son excellente trilogie des Maîtres Enlumineurs. Face au succès de celle-ci, les éditions Albin Michel Imaginaire ont décidé de continuer à publier les romans de l’auteur avec Les cités divines, une trilogie de fantasy qui date de 2014 et qui a été écrite avant Les Maîtres Enlumineurs.
Si La cité des marches marque les premiers pas de Robert Jackson Bennett en fantasy, on retrouve déjà dans son écriture une maîtrise dans la création d’univers riches et originaux. Bien loin des traditionnelles fantasy médiévales, La cité des marches nous emmène dans un monde plus moderne et magnifiquement construit d’un point de vue graphique dans lequel se mêle intrigues mythologiques et enquête. Ainsi l’intrigue se déroule dans la cité de Bulikov, brisée par une guerre qui a opposé les dieux et les humains. Les dieux ont été massacrés entraînant une terrible perte pour les habitants de Bulikov qui sont privés de leurs croyances. Depuis, ils sont opprimés par l’Empire de Saypur qui les prive de leur histoire, de leur mythologie, de leur magie et de leur culture. Alors quand un historien de Saypur est assassiné à Bulikov, c’est Shara, passionnée par l’histoire des anciennes cités divines, qui va venir enquêter en se faisant passer pour une innocente diplomate. Elle ne se doute pas que son enquête va la mener sur les traces des anciennes divinités.
Robert Jackson Bennett gère avec beaucoup de finesse la construction sociétale et politique de son intrigue. Il réussit à construire une ville personnage riche d’une histoire et d’une culture qui transparaît de ses fondements jusque dans la vie quotidienne de sa population. Ainsi, on ressent le grondement de la colère des habitants de Bulikov, la manière dont ils sont brimés par une nation qui les éloigne de force de leurs croyances et de leur culture. L’auteur questionne de manière percutante les raisons et les conséquences de cette oppression subie par la population de Bulikov sans jamais tomber dans le manichéisme.
En plus de l’aspect sociétal et politique, Robert Jackson Bennett développe parfaitement les décors de cette ville qui se perd entre modernité et vestige d’un ancien monde. Comme le montre bien la couverture, c’est un monde fascinant qui nous ouvre ses portes tant par ses décors que par son système de magie en lien avec les anciennes divinités. Plus que l’enquête en elle-même qui ne parvient pas à passer au premier plan, c’est la découverte d’un univers, d’une population, d’une culture et de divinités qui font l’essence de ce premier tome.
Si la lecture reste donc plaisante grâce à ces aspects, il faut tout de même avouer qu’elle reste très classique en termes d’univers et assez frileuse en termes de développement de personnages. Les personnages restent assez caricaturaux, tant que j’ai parfois eu l’impression qu’ils étaient traités à la manière d’un roman young adult. L’intrigue a également du mal à déployer ses ailes et à vraiment surprendre. On sent dans avec La cité des marches que Robert Jackson Bennett n’est pas encore au niveau de ses Maîtres Enlumineurs. Pas d’énormes faux-pas dans ce premier tome, mais un aspect un peu lisse et classique auquel l’auteur ne nous a pas habitués si on a commencé la lecture par ses autres écrits.
La cité des marches est donc le premier tome d’une trilogie qui nous emmène dans un univers fascinant au sein d’une ville perdue entre modernité et vestige d’un ancien monde. L’aspect sociétal et politique de l’univers est sûrement ce qui fonctionne le mieux dans le récit, tout comme les liens entre magie et mythologie. L’intrigue en elle-même reste classique et les personnages manquent de développement, ce qui n’empêche pas de passer un bon moment avec cette lecture.

D’autres avis : Tachan – Yuyine – Blackwolf – Les fantasy d’Amanda – Fantasy à la carte
Du même auteur : Les maîtres enlumineurs (tome 1, tome 2 et tome 3) / American Elsewhere / Vigilance

Auteur : Robert Jackson Bennett
Genre : Fantasy
Publication française : 28 février 2024
Nombre de pages : 544 pages
Prix : 27,90 € (relié) / 24,90 € (broché) / 12,99 € (numérique)

J’ai peut-être été plus facilement emportée, surprise que j’ai été par la proposition d’un tel imaginaire déjà sur un premier roman, mais c’est vraiment que j’aimerais des personnages plus approfondis et dense par la suite.
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Ah personnellement je ne pense pas avoir été suffisamment convaincue pour lire la suite, d’autant plus que ce tome se suffit bien à lui-même. Mais je lirai tout de même les chroniques et effectivement si le développement des personnages est meilleure sur les prochains tomes, je leur laisserais peut-être une chance !
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Je suis une fan de concept alors c’est vrai que pour ma part ça a suffit à me donner envie, mais tu as raison on peut aussi s’arrêter là sans trop de regret et c’est bien vu.
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