[Chronique] Dans la cité électrique [1] : Le cercle des veilleurs de Sarah Andrès

le cercle des veilleurs
« Oscar s’apprêtait à demander davantage d’explications quand le terme « bouquins » parvint jusqu’à son cerveau. Où apprenait-on mieux que dans une bibliothèque ? Il remercia Dents-Longues et s’empressa de quitter la pièce, laissant son oncle se demander ce qu’il avait pu dire de si efficace pour être enfin tranquille. »


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Dans la cité électrique [1] : Le Cercle des Veilleurs
Autrice : Sarah Andrès
Illustration de couverture : Florent Sacré
Maison d’édition : Gallimard Jeunesse
Genre : Science-fiction
Parution française : 10 mars 2022
Nombre de pages : 378
Prix : 16 €
Synopsis
Londres, 1899. Grâce à un énigmatique message, Oscar, douze ans, et sa petite sœur, Livie, partent à la recherche de leur famille disparue. Mais en voulant jouer les explorateurs, ils se trouvent projetés à Londonium. Dans cette ville extraordinaire, où les fantômes du temps peuvent être envahissants, l’électricité est une arme et la lumière permet de créer des illusions fantastiques…
MON avis
Le cercle des veilleurs est le premier tome d’une trilogie de science-fiction jeunesse et également le premier roman de l’autrice française Sarah Andrès qui lui avait valu d’être finaliste du concours du premier roman Gallimard Jeunesse-RTL-Télérama en 2018, remporté à l’époque par Kamel Benaouda pour Norman n’a pas de super-pouvoir.
Comme Encens que je vous présentais il y a peu, Le cercle des veilleurs est un roman appartenant au sous-genre du voltpunk et qui s’inscrit donc dans l’esthétique industrielle de la fin du XIXe siècle et dont les technologies reposent sur l’électricité. Si le roman s’ouvre dans un Londres tout à fait classique, il va rapidement nous emmener dans une ville parallèle, Londonium, cachée derrière un miroir, une ville animée par des orages magnétiques et où tout repose sur l’utilisation de l’électricité. Dans cette ville vivent également des scientifiques et explorateurs appelés les Veilleurs qui utilisent les propriétés de la lumière et du mercure pour créer, entre autres, des portails entre les mondes et des illusions. L’univers déployé par Sarah Andrès est vaste et original, et s’appuie sur des concepts scientifiques pour nous faire voyager et rêver. L’autrice joue avec les limites entre science et magie pour apporter de l’émerveillement au jeune lectorat tout en gardant un aspect très concret et réaliste. Elle sensibilise ainsi bien le jeune lectorat aux pouvoirs, mais aussi aux dangers de la science tout en proposant un univers poétique, rempli d’illusions et où les possibilités semblent infinies. L’esthétique du roman est bien représenté par la couverture : une ambiance assez sombre, illuminée par les éclairs d’un orage électrique.
Le cercle des Veilleurs met en scène une fratrie : Oscar, 12 ans et sa petite sœur Livie. Les deux enfants, orphelins, vont un matin recevoir une lettre les incitant à traverser un miroir… Bien entendu, ils vont suivre les instructions de la lettre, accompagnés d’une de leur camarade, Mercy. C’est ainsi qu’ils vont retrouver la demeure de leurs ancêtres, puisqu’Oscar et Livie sont les enfants de Veilleurs ayant connu un destin tragique… Commence donc une aventure qui va mener les enfants dans une quête identitaire, mais aussi sur les traces d’un vieil ennemi des Veilleurs qui ne leur veut pas forcément du bien… Oscar est un enfant très mature et posé pour son âge. Il est doté d’une grande intelligence, il adore apprendre, passer des heures au milieu des livres de la bibliothèque et il a dû apprendre depuis très jeune le sens des responsabilités en s’occupant de sa sœur. Si Oscar a hérité de la rigueur scientifique de ses ancêtres, Livie, elle possède surtout le côté aventureux et explorateur ! C’est une enfant qui ne tient pas en place, aux capacités d’attention assez réduites, mais qui a l’esprit vif et affuté. Si j’ai parfois eu l’impression qu’Oscar avait des réactions d’adulte, Livie, elle, est très bien retranscrite et possède bien le comportement d’une enfant de son âge. Il y a énormément de personnages secondaires qui gravitent autour des 3 enfants, si bien que je leur ai trouvé un léger manque de développement (surtout Mercy dont on ne comprend pas forcément bien la présence). Je ne doute pas que la cible du récit s’identifiera facilement à ces personnages, mais un peu de développement supplémentaire aurait été bienvenu pour être plus sensibilisée à leur quête identitaire et à leurs problématiques.
Si l’univers est original et l’ambiance du roman très réussie, les thématiques, elles, sont plus classiques, comme vous avez sûrement dû le comprendre dans les paragraphes précédents. Le récit se concentre sur la quête d’orphelins pour comprendre d’où ils viennent et l’histoire de leurs parents ainsi que sur des scientifiques rendus fous par le pouvoir que leur conférait la science et leurs inventions. Personnellement, ce n’est pas une thématique que j’apprécie vraiment, ce qui explique pourquoi je n’ai pas été entièrement emballée par ce roman, mais pour un public jeune, qui aurait moins lu ce type d’intrigue, ce premier tome propose un très bon divertissement. Ce n’est pas un roman rempli d’action, il y a une grande part de découverte de l’univers et des personnages dans ce premier tome. Néanmoins, la plume est très visuelle et rempli de dialogues, ce qui rend le récit très dynamique. L’autrice met en place beaucoup de choses pour la suite sans donner toutes les clés et le roman manque peut-être un peu d’équilibre entre mystères et révélations. J’ai eu la sensation d’une intrigue noyée sous la multitude de personnages et sous les nombreux éléments composant l’univers. Les explications arrivent de manière très éparse et fouillis, un peu trop pour un public jeunesse me semble-t-il. Certaines choses sont mentionnées une fois ou deux dans le récit au détour de conversation et, si on sent qu’elles auront une importance plus tard, elles sont abordées de manière bien trop vague pour devenir vraiment mystérieuses. J’ai donc eu la sensation que les révélations n’arrivaient pas toujours au bon moment, provoquant parfois un manque de fluidité au récit et un suspense pas forcément toujours maîtrisé. Malgré tout, c’est un premier tome prometteur, rempli de bonnes idées et à l’esthétique très réussie.
Ainsi si je n’ai pas été complètement convaincue par cette lecture et que je doute de lire la suite, je suis sûre qu’il pourra plaire à sa cible jeunesse grâce à son univers envoûtant reposant sur les mystères de l’électricité et de la chimie ! Malgré les thématiques un peu classiques, ce premier tome pose les bases d’un univers qui n’a pas fini de livrer tous ses secrets et qui devrait être riche en surprises et en rebondissements par la suite. Cette trilogie propose des enjeux forts et des personnages auxquels devraient facilement s’identifier de jeunes adolescents. Néanmoins je ne conseille pas forcément la lecture à de trop jeunes lecteurs qui pourraient facilement être perdus dans cette intrigue un peu fouillis.
Bonne lecture

2 réflexions sur “[Chronique] Dans la cité électrique [1] : Le cercle des veilleurs de Sarah Andrès

  1. Steven 6 juillet 2022 / 5 h 55 min

    J’étais tombé sur ce roman dont la couverture énigmatique m’avait attiré. Malheureusement, l’âge des protagonistes m’a fait reposé ce dernier et au vu de ton avis je pense que j’ai bien fait car, comme je m’en étais douté, je ne rentre pas dans la visée éditoriale.

    Aimé par 1 personne

    • Sometimes a book 8 juillet 2022 / 20 h 26 min

      Ah oui effectivement c’est vraiment pour un public jeunesse, il n’y a pas vraiment de double lecture pour un lecteur adulte, donc il faut apprécier vraiment les romans jeunesses classiques !

      Aimé par 1 personne

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