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« A première vue, la vallée semblait un lieu sauvage de merveille et de liberté. Les cinq enfants qui y vivaient pouvaient faire ce que bon leur semblait […]. Je ne me sentais plus seule, parce que j’étais comme eux. Parce qu’ici je pourrais être libre. Mais Lake Ephemeral n’était pas un paradis. »

Autrice : Anya Allyn
Traduction : Vincent Tassy
Illustration : Miesis
Éditeur : Editions du chat noir
Genre : Fantastique
Date de parution : 8 février 2017
Nombre de pages : 441
Prix : 19,90 €
Synopsis
Sera, onze ans, a vécu toute son enfance dans un orphelinat. Mais sa vie prend un nouveau tournant lorsqu’elle découvre que sa mère biologique est bel et bien en vie et à sa recherche. Conduite à Lake Ephemeral, un domaine résidentiel isolé, pour l’y rencontrer, la jeune ado découvre une communauté en marge du monde. Là, les enfants sont libres de vivre pleinement jeux et aventures au quotidien dans ce paradis naturel. Mais bien vite, d’étranges détails troublent Sera : on lui refuse toute entrevue avec sa mère malade, les cinq autres jeunes qui cohabitent avec elle ne connaissent rien du monde ni de leurs premières années. Et si l’imposante clôture électrique qui délimite le domaine est bien installée pour les protéger de l’extérieur, pourquoi le terrain est-il infesté de plantes carnivores mortelles ? Dans les profondeurs du Lac Éphémère, Sera parviendra-t-elle à percer les secrets des sept manoirs ? Parviendra-t-elle à s’échapper ?
De quoi ça parle ?
Lake Ephemeral nous emmène dans le domaine du même nom, un lieu un peu perdu à quelques heures de Sydney en Australie où vivent 5 enfants d’une dizaine d’années et leurs familles. Sera, une enfant de 11 ans, est originaire de cet endroit, mais a grandi dans un orphelinat pensant ses parents décédés. Pourtant, on lui apprend un jour que sa mère est bien vivante et qu’elle peut retourner vivre à Lake Ephemeral. Mais, arrivée là-bas on refuse de la laisser voir sa mère, celle-ci souffrant apparemment d’une grave maladie, et elle découvre un endroit hors du temps, où le mystère semble encré dans les gènes des différents protagonistes.
Une première moitié envoûtante
On découvre Lake Ephemeral à travers les yeux de Sera dans ce récit écrit à la première personne aux accents poétiques et oniriques. La plume d’Anya Allyn est très belle, assez travaillée pour la rendre poétique, mais en même simple et fluide permettant de lire très rapidement cette histoire. La première partie du récit fait penser à un songe, on ressent une certaine légèreté autour des évènements comme dans un rêve et même si ceux-ci prennent parfois un ton tragique. L’univers décrit est extrêmement intriguant, rempli de mystères. Au fil des pages, les mystères s’épaississent autour de Lake Ephemeral. Tous les personnages y compris les enfants semblent jouer un rôle. Le domaine est lui aussi très intriguant avec sa serre aux papillons et ses immenses plantes carnivores capables de dévorer des êtres humains. Tout semble indiquer que Lake Ephemeral est un endroit dangereux, où il faut se méfier des apparences et pourtant l’univers si envoûtant et dépaysant qu’on ne peut pas s’empêcher de ressentir une certaine fascination.
Malgré tout, Sera reste assez méfiante vis-à-vis de cet endroit dont elle tente de percer les mystères. Elle pose beaucoup de questions notamment aux autres enfants qui ont été élevé de manière à ne pas s’en poser et n’acceptent donc pas forcément le comportement de Sera. Elle a donc du mal à s’intégrer à son nouvel environnement qui est bien moins idyllique que ce à quoi elle s’était attendue. La construction de l’univers et des personnages est très réussie. L’ambiance mystérieuse est extrêmement bien retranscrite et les six enfants sont assez attachants. Ils semblent peut-être un peu trop indépendants et débrouillards pour des enfants de 11 ans, mais cela ne m’a pas forcément dérangée (en même temps, je ne me rends pas bien compte de ce qu’un enfant peut faire à cet âge-là). Deux enfants sont particulièrement mis en avant : Sera et Malachite et c’est un peu dommage que les autres soient beaucoup moins mis en valeur, leur point de vue aurait été intéressant dans le déroulé de l’intrigue. La première partie est une très belle mise en place de l’univers et des personnages qui m’a beaucoup plu, mais le récit prend un immense virage au milieu du roman qui ne m’a pas forcément convaincue.
Une deuxième moitié moins convaincante
La deuxième partie débute par un énorme retournement de situation qui remet en question l’intégralité du récit. J’ai été très surprise par ce revirement, d’abord agréablement surprise, car ce rebondissement prend vraiment le lecteur de cours. Tout change dans le récit, l’atmosphère brumeuse laisse place à une intrigue vive et à une course contre la montre, les personnages évoluent et le décor change. Bref tous les repères du lecteur sont bouleversés et cela aurait pu être très intéressant, si l’autrice n’avait pas pris autant de raccourcis pour mener à bien son intrigue. Les actions des personnages m’ont alors semblé invraisemblables. Ils réussissent avec beaucoup trop de facilité des choses impossibles et l’on ressent trop l’influence de l’autrice sur leurs actions. De plus, les révélations ne sont pas forcément très bien amenées et cet univers si mystérieux devient alors assez prévisible. L’autrice se répète en effet un peu trop dans le dévoilement des réponses, rendant le tout un peu poussif. Néanmoins, cette deuxième partie est riche en rebondissements et apporte toutes les réponses aux questions posées dans la première partie. Si elle m’a un peu déçue, c’est finalement surtout l’ambiance si réussie du roman qui me restera en tête ainsi que les révélations finales qui ont le mérite d’être originales et d’apporter une réflexion autour de questions d’éthique et de la notion de choix et de sacrifice.
Conclusion
Lake Ephemeral nous emmène dans un univers extrêmement dépaysant et immersif. La première partie nous permet de découvrir cet endroit qui donne le titre au roman et nous plonge dans une ambiance brumeuse et fascinante. On suit le personnage de Sera qui essaye percer le secret de cet étrange endroit et de ses fleurs carnivores capables de dévorer des humaines. Le récit est ponctué de sombres mystères et d’évènements tragiques jusqu’à prendre un virage à 180 degrés complètement inattendu. Le roman change alors totalement de ton, mais prend alors une tournure un peu trop invraisemblable. Les révélations tant attendues sont bien là, mais sont amenées de manière un peu poussive devenant finalement prévisibles. Lake Ephemeral reste un roman à l’ambiance très réussie interrogeant de manière assez pertinente sur la vie et la mort et sur des questions d’éthique et de choix.
D’autres avis : Les fantasy d’Amanda – Les lectures de Sophie – Fungilumini – Les livres de Rose – Ombrebones – ?
Arf dommage pour la seconde partie et ses défauts. Un revirement complet et bien fait aurait vraiment fait un excellent roman, c’est dommage que ça gache finalement l’intrigue.
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Merci pour le lien 🙂 j’ai lu le roman à sa sortie en 2017 et j’avais été très impressionnée mais je ne sais pas comment je l’aborderais aujourd’hui avec mon expérience… Ce que tu en dis m’intrigue beaucoup il faudrait que je réessaie par curiosité. Je ne me rappelle même plus des détails de l’intrigue j’avoue 😅
En tout cas Anya Allyn est habituée à bousculer son lecteur et jouer avec les gros retournements de situation. Dans sa saga du carrousel éternel c’est sans arrêt !
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Personnellement, le revirement de situation en deuxième partie m’a complètement emportée, ce qui explique mon coup de cœur. Ceci dit, je comprends ce que tu reproches au roman ; certains pans de l’intrigue me paraissaient parfois invraisemblables, mais j’avais décidé de suivre l’auteure jusqu’au bout, alors… ^^
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