« Mi-portion accepte donc sa présence d’assez bon gré. C’est l’autre qui le gène. Il est beaucoup trop…normal. C’est vraiment un homme des villes, sûr de son monde, même. Il donne l’impression de croire aux rouages de la société humaine. Cela en fait dans le meilleur des cas un imbécile heureux, dans le pire un nuisible. »

Auteur : Alex Nikolavitch
Éditeur : Les moutons électriques
Genre : Fantasy
Date de parution : 28 août 2020
Nombre de pages : 254
Prix : 19,90 €
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Synopsis
Le Mitan, vaste plaine couturée de canaux, creusés en des temps immémoriaux, et que les colons parcourent désormais sur de lentes péniches tirée par des chevaux. C’est sur l’une d’entre elles qu’embarque le jeune Gabriel, attiré par son côté exotique : peuplée de phénomènes de foire, elle lui permet d’échapper à un quotidien morose. Mais quels sont les esprits qui hantent les anciens tertres, tout au bout de la plaine ? Pourquoi, depuis des siècles, condottières et capitaine viennent-ils se perdre dans le Mitan ? Et surtout, à quoi bon maintenir les anciennes traditions des bateleurs-bateliers, quand la civilisation apporte de nouvelles règles ?
Une narration particulière
Il est difficile d’expliquer de quoi parle ce livre tant son intrigue est entourée d’une aura de mystère et tant la narration et la temporalité du récit sont particuliers. Les canaux du Mitan est un roman qui ne possède pas de chapitre, mais huit parties très hétérogènes. Certaines ne font pas plus de 8 pages quand d’autres en font une quarantaine. Chaque partie présente le point de vue d’un personnage différent et narré d’une façon bien particulière, ce qui est très déstabilisant au départ, mais on s’y s’habitue finalement rapidement. L’auteur joue également avec la temporalité, puisque de nombreuses années séparent les deux premiers chapitres et que d’autres petits sauts dans le temps sont faits régulièrement. Les personnages présentés ont tous un lien avec un bateau-carnaval qui navigue dans les canaux du Mitan. Le récit s’organise ainsi énormément autour du monde du spectacle et met en scène des personnages atypiques : nain, femme à barbe, clown… On découvre un univers rappelant à la fois les freak show et l’époque de la colonisation de l’Amérique.
Ainsi Alex Nikolavitch nous emmène dans un univers assimilable à l’Amérique et dans un roman résolument moderne, bien loin de la fantasy médiévale dont on a l’habitude. Les terres du Mitan ont ainsi été colonisées et ils ne demeurent que quelques territoires reculés où vivent des populations indigènes appelées Chokchaws. Le récit met en avant la descendance des colons et les conséquences de cette colonisation grâce à ce bateau-carnaval qui parcourt le Mitan et les personnages très hétéroclites mis en avant. Très loin, dans les profondeurs du Mitan demeurent de nombreuses légendes indigènes et une magie très ancienne qui vont donner un côté mystique très présent au roman.
Une intrigue mystérieuse
La première partie du récit nous présente Gabriel, un jeune garçon qui va décider d’embarquer sur un bateau-carnaval et va découvrir la manière dont s’organise la vie sur la péniche et le vaste monde qui compose le Mitan. Cette première partie assez lente sert de mise en place de l’intrigue et nous permet de faire connaissance avec quasiment tous les personnages qui auront un rôle à jouer dans la suite de l’intrigue. L’histoire ne démarre réellement qu’à partir de la deuxième partie et c’est vraiment là que le récit a vraiment su me captiver par sa richesse.
C’est donc trente ans plus tard sur la terre ferme que l’intrigue commence réellement et beaucoup de mystères planent autour des personnages. Que sont devenus les membres du bateau-carnaval ? Quel est le rapport entre lui et les mystérieux meurtres qui sévissent dans la ville de Bourdon ? L’auteur ne nous livre les réponses que petit à petit, rassemblant lentement les pièces du puzzle tout en gardant jusqu’à la fin une aura mystérieuse. Même une fois le livre refermé, l’intrigue reste brumeuse, il ne faut pas s’attendre à avoir toutes les réponses et c’est aussi ce qui lui donne son charme.
Dans cette intrigue au mysticisme captivant, gravitent des personnages savamment construits. Le découpage des différentes parties permet de développer les personnalités des personnages, donnant même la parole à des personnages plus secondaires dans l’intrigue. Le roman nous plonge dans leur intimité, dans leurs doutes, leurs espoirs. L’auteur réussit à nous rendre proche de ces personnages et à nous sentir concerné par leur sort, les personnages portant tous de lourds fardeaux derrière eux. De plus, le récit ne tombe jamais dans du manichéisme et relate de manière très réussie la thématique de la colonisation. La fin du récit possède peut-être quelques facilités scénaristiques, mais ce n’est finalement pas ce qu’on retient de cette intrigue atypique qui nous emmène dans un voyage très immersif à travers les chemins labyrinthiques des canaux de Mitan.
Conclusion
Les Canaux du Mitan est un roman déstabilisant de par sa narration atypique et son jeu de temporalité. L’intrigue est divisée en huit partie développant chacune le point de vue d’un personnage différent permettant de suivre l’intrigue sous différentes facettes et de se placer dans l’intimité des personnages si hétéroclites et diversifiés. L’intrigue qui nous emmène à bord d’un bateau-carnaval est remplie de mystères et de mysticisme et aborde les conséquences d’une colonisation et la réémergence d’une magie très ancienne et puissante. L’auteur nous donne les clés de son intrigue petit à petit laissant jusqu’à la fin planer une atmosphère brumeuse qui donne tout le charme du récit. Un beau voyage captivant et dépaysant !
D’autres avis : La geekosophe – Les chroniques du chroniqueur – Laird Fumble – ?
Il me tente bien celui-ci!
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En tout cas, je te le conseille 😊
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C’est intrigant. L’univers « freak show » n’est pas ce qui m’attire le plus, mais tout le reste, l’aspect mystérieux notamment, me donne envie d’en savoir plus. ^^
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