
« S’ils fut un temps où ces oraisons avaient un sens pour moi, elles en étaient à présent totalement dépourvues. Je me contentais de répéter mécaniquement ce que l’on m’avait appris, l’esprit détaché de mon corps, n’impliquant ma conscience dans aucune des paroles que mes lèvres prononçaient ni aucun de mes gestes. »

Autrice : Georgia Caldera
Éditeurs : J’ai Lu
Genre : Science-fiction (dystopie)
Date de parution : 2 octobre 2019
Nombre de pages : 348
Prix : 13,90 €
#ISBN9782290165614
Synopsis
Dans le royaume de Cendrelune, les dieux épient les pensées des hommes, et leur Exécuteur, l’Ombre, veille à condamner tous ceux qui nourriraient des envies de rébellion.
Or, il semble que certaines failles existent. À l’âge de 17 ans, Céphise ne vit en effet que pour se venger. Depuis qu’on l’a amputée d’une partie d’elle-même et privée de sa famille, elle ne rêve plus que d’une chose : s’affranchir de la tyrannie du tout-puissant Orion, Dieu parmi les dieux. Et contre toute attente, il se pourrait qu’elle ne soit pas seule…
J’ai lu ce roman dans le cadre du prix littéraire de l’imaginaire de Booktubers App puisqu’il fait partie des 5 finalistes.
Un univers avec du potentiel
Les Brumes de Cendrelune prend place dans un univers mêlant science-fiction et fantastique. En effet, le roman se construit telle une dystopie dans un monde un peu post-apocalyptique où les hommes ont tout détruit (de la faune à la flore). En conséquence les dieux sont redescendus sur Terre pour les contrôler et « limiter les dégâts » si on peut dire. Ces dieux inspirés de la mythologie grecque ont ainsi mis en place une politique d’oppression totale sur le peuple en n’hésitant pas à tuer tous ceux qui pourraient se rebeller.
L’univers construit est donc typique de la dystopie en opposant deux grandes figures correspondant aux oppresseurs et aux oppressés, mais garde également une part d’originalité de par la nature des oppresseurs. Il y a ainsi un déséquilibre des forces qui se crée entre les dieux puissants possédant des pouvoirs spécifiques et les humains complètement impuissants face à eux. À vrai dire à part leurs noms qui rappellent la mythologie grecque et certains de leurs pouvoirs, les dieux présents dans ce récit sont très loin de ressembler à ceux des mythes que l’on connaît. Leur personnalité est globalement sombre et torturée, bien loin de l’image des dieux qui jouissent de tous les plaisirs de la vie. Finalement, cette ambiance très sombre est vraiment l’identité de ce récit. Dès les premiers chapitres, une tension intense est introduite représentant bien l’atmosphère dans laquelle vivent quotidiennement les personnages et qui sera le fil rouge du récit. Cette atmosphère sombre et torturée est sûrement ce que j’ai trouvé de plus réussi dans ce roman. L’autrice réussit à distiller cette atmosphère tout au long du récit et surtout à l’installer autant chez les oppressés que chez les oppresseurs, ce qui donnait une dimension moins manichéenne à l’intrigue.
L’univers créé par l’autrice est donc assez inventif et je n’ai dévoilé ici que peu de choses qui le composent, mais finalement et c’est souvent le problème que j’ai avec ce genre de récits, l’univers reste trop peu développé à mon goût. Je ne peux pas m’empêcher de beaucoup réfléchir à mes lectures et cet univers si intriguant m’a amené mille questions auxquelles l’autrice n’apportent pas de réponse (du moins dans ce premier tome). Quand je fais face à des univers si prometteurs, c’est vrai que j’aime qu’ils soient développés dans les moindres détails sous peine de ressentir un peu de frustration et d’être limitée dans mon imagination. Finalement, je pense qu’il faut plutôt voir ce récit comme un conte et je reviendrai sur cet aspect, mais il possède bien les codes que l’on retrouve dans les contes et je n’ai pas pu m’empêcher de penser à une sorte de réécriture de la Belle et la Bête. En me positionnant de cette manière, j’ai réussi à profiter plus de ma lecture et à être moins exigeante par rapport à ce genre de choses.
Des personnages qui ne m’ont pas convaincue
Même si voir ce roman comme un conte m’a aidée à mieux l’apprécier, cela ne m’a pas fait apprécier les personnages. J’ai trouvé la psychologie des personnages beaucoup trop peu travaillée. Les personnages possèdent absolument tous la même particularité : ils sont tous extrêmement impulsifs. Dans toute la première partie du récit les personnages agissent de manière ultra précipitée sans jamais réfléchir. Si un seul personnage possédait cette caractéristique, cela ne m’aurait pas dérangée, mais pour moi, ce n’est pas possible qu’absolument tous les personnages agissent de cette manière, ce n’est pas réaliste. Cela me fait plutôt penser à une grosse facilité scénaristique, d’autant plus qu’une fois les conséquences de leurs actes produites, là ils commencent à réfléchir un peu plus…
Finalement, j’ai eu beaucoup de mal à croire aux réactions des personnages. Vis-à-vis du contexte du roman et de la forte oppression à laquelle sont soumis les hommes, la manière dont réagissent les personnages n’est absolument pas crédible selon moi. Les hommes ont été conditionnés à être soumis aux dieux et rien ne justifie qu’ils se rebellent ainsi sans raison. Je ne dis pas qu’ils ne pouvaient pas se rebeller, mais la situation aurait mérité d’être mieux amenée par l’autrice.
Le travail autour des personnages est ainsi ce qui a le plus pêché dans le roman de mon point de vue et qui a fait que je ne me suis pas attachée à eux. Pourtant, le récit construit sous forme de roman choral nous donne en alternance le point de vue de différents personnages, ce qui généralement aide à mieux les comprendre. Malheureusement les émotions que l’autrice cherche à transmettre ne sont pas passées avec moi. Cependant tout n’est pas mauvais dans le traitement des personnages et leur évolution reste intéressante. Je pense particulièrement à celle du personnage masculin, Verlaine. Ce personnage plus complexe et ambigu que les autres est assez intéressant à suivre. Il est le symbole de l’oppression, mais est peut-être également le personnage le plus torturé du récit. C’est le personnage que j’ai le plus apprécié, car c’est le plus nuancé et surtout il est beaucoup moins prévisible que les autres.
Romance or not romance ?
Comme je le disais ce récit ressemble pour moi à réécriture de La Belle et la bête de par les deux personnages principaux Céphise et Verlaine que tout oppose et dont la relation est assez similaire à celle du conte original. L’intrigue du récit est donc assez classique et semble vite tourner autour d’une romance, mais ce n’est finalement pas ce qui caractérise ce premier tome.
Beaucoup de mystères entrent en jeux dans la relation des personnages et on ne peut pas vraiment parler de romance dans ce premier tome. Je ne suis d’ailleurs pas convaincue que le lien qui unira les deux personnages sera forcément une romance dans le deuxième tome, mais ce n’est qu’une théorie (même si je dois avouer que j’aimerais beaucoup que l’autrice ose partir dans cette direction). Ce qui est sûr, c’est que même si une romance semble bien s’installer très lentement entre les deux personnages, il se pourrait que d’autres liens s’installent en réalité entre eux. Des révélations très importantes sur ces deux personnages sont sur le point d’être révélées et elles pourraient bien bouleverser leur relation.
Si l’aspect romance vous rebute, sachez donc que rien n’est vraiment jouer dans ce premier tome et c’est pour l’instant plus la haine qui anime les différents personnages. Moi qui suis assez (très) réfractaire aux romances, j’ai quand même réussi à apprécier ce roman pour son intrigue assez divertissante et son univers sombre. Malgré les défauts que j’ai évoqués, la plume très efficace de l’autrice, ce qui rend le roman très facile à lire et même assez addictif. C’était donc finalement une lecture agréable pour laquelle j’avais peut-être un peu trop d’attentes du fait de tous les avis positifs que j’ai vus. De plus, même si l’univers est sombre, ce n’est pas non plus un univers de dark fantasy et l’aspect conte rend les choses assez légères et abordables même pour les personnages plus sensibles.
En ce qui concerne la fin qui a bouleversé beaucoup de lecteurs, elle ne m’a absolument pas surprise et j’ai même une idée assez précise de ce qui pourraient suivre dans le deuxième tome. Cependant, c’est une bonne fin pour donner envie de lire la suite donc c’est plutôt réussi de la part de l’autrice !
Conclusion
Les brumes de Cendrelune est un roman qui revisite les dieux de la mythologie grecque dans un univers dystopique. De plus, si le roman démarre de manière classique pour une dystopie, il possède également un côté conte qui donne une nouvelle dimension à ce genre. Je n’ai pas pu m’empêcher de penser à La Belle et la Bête dans le déroulé de l’intrigue et la relation qui unit les deux personnages principaux. Concernant les personnages, je ne les ai pas trouvés assez crédibles vis-à-vis du contexte de l’intrigue. Leur construction ne manière générale ne m’a pas convaincue, même si j’ai apprécié le personnage de Verlaine qui est pour moi le plus intéressant. J’ai quand même passé un bon moment à la lecture de ce roman qui joue sur la relation amour/haine des personnages, mais ne tombe pas encore dans la romance à mon grand soulagement !
ah dommage, j’ai pas énormément d’espoir sur ce titre, c’est le dernier qu’il me faut lire mais je pense pas qu’il chamboulera mon classement ^^
Kin
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Quel est ton préféré de la sélection pour l’instant ?
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J’hésite entre Je suis fille de rage et La cité des chimères. Et toi ?
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J’en ai lu que deux donc difficile à dire, mais j’ai beaucoup aimé Je suis fille de rage déjà !
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Qu’est-ce que ça aurait été si en plus ça avait été vraiment de la romance. ^^
(Je ne comptais absolument pas le lire, me voilà bien confirmé. ^^)
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Ahah ça m’est déjà arrivé de ne pas être dérangée par la romance donc tout est possible ! Mais oui là ça aurait été compliqué :’)
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Chronique très intéressante à lire ! Je n’ai pas trop d’espoirs sur ce titre donc tu me confortes dans mon sentiment ^^
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Merci ! Tu verras bien, peut-être que ça sera une bonne surprise… Et au pire ça se lit très vite et c’est pas non plus désagréable !
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