
« Les yeux dans le miroir étaient bleu clair. Parfois, quand le dégel du printemps était terminé et que la rivière avait retrouvé sa place dans son lit, on pouvait trouver des mares stagnantes le long du rivage, des eaux mortes séparées du courant, des zones à l’air fétides, immobiles et froides ; on se demandait alors si elles étaient profondes, et s’il y avait quelque chose qui vivait là, dans cette obscurité. C’était le genre d’yeux qu’il avait; profondément enfoncés dans un visage sombre aux joues creuses, encadré par des cheveux bruns qui tombaient, longs et raides, sur ses épaules. »

Auteur : George R.R. Martin
Traducteur : Annaïg Houesnard
Éditeur : ActuSF
Genre : Urban Fantasy
Date de parution : 6 décembre 2019 (réédition)
Nombre de pages : 195
Prix : 20 €
SynopsisIl fût un temps où cette ville était au centre du monde.
Un temps où sa puissance se nourrissait du sang et du fer. Mais aujourd’hui elle n’est plus que rouille et elle attend la ruine. C’est un territoire parfait pour Willie Flambeaux et Randi Wade. Lui est agent de recouvrement, elle, détective. Mais lorsqu’une série de meurtres particulièrement atroces ensanglante cette ville qu’ils croyaient si bien connaître, ce n’est plus dans dans le labyrinthe des rues qu’ils auront à mener l’enquête, mais dans les recoins les plus sombres de leurs propres passés.
Je n’avais encore jamais lu d’autres romans de George R.R. Martin en dehors de Game of Thrones dont pourtant j’ai dévoré tous les tomes. Je retrouve donc cet auteur dans un style totalement différent et surtout dans un format court dans lequel George Martin s’est beaucoup exercé.
Bien loin de l’univers de Game of Thrones, on part donc dans une novella d’urban fantasy dans lequel la Lycanthropie est mise à l’honneur. Après une très belle préface signée Emmanuel Chastellière (co-fondateur du site elbakin.net), George R.R. Martin nous emmène dans un univers décharné et sauvage, sur les traces d’un mystérieux tueur qui laisse ses victimes dans un état déplorable. Âmes trop sensibles s’abstenir, l’auteur ne ménage pas les détails et on se retrouve très vite dans un polar bien sanglant et particulièrement immersif qui joue pendant une grande partie du récit entre réel et surnaturel avant de rejoindre un côté plus horrifique.
Malgré le format court, George Martin a particulièrement soigné ses personnages et particulièrement le duo d’enquêteur : Randi Wade, une détective privée un peu naïve, mais particulièrement déterminée à venger la mort tragique de son père survenue des années auparavant et Wilie Flambeaux, un agent de recouvrement aux allures d’anti-héros, un beauf un peu agaçant, mais avec un côté assez attachant. Les personnages sont sommes toutes assez sympathiques et le sont d’autant plus qu’ils sont rapidement en danger de mort face à une menace qui semble démesurée et particulièrement cruelle. De plus, les dialogues sont particulièrement truculents ce qui contrebalance le côté horrifique du roman avec une bonne dose d’humour noir toujours bienvenue.
L’intrigue en elle-même est assez classique, mais très efficace et la fin est un coup de maître particulièrement perturbante qui vient tout remettre en question alors qu’on croyait la situation sous contrôle. De plus, la mythologie liée au loup-garou est particulièrement intéressante puisque l’auteur ne fait pas que reprendre les codes classiques déjà existants, mais qu’il s’approprie le mythe du loup-garou en inventant ses propres règles. Les loups-garous de ce roman s’en retrouvent donc tout à fait uniques, ce qui contribue à rendre cette novella beaucoup moins prévisible et convenue. Enfin, ce texte se révèle être beaucoup plus qu’une simple histoire de loup-garou puisque l’intrigue se construit sur fond d’une critique sociale liée au système financier américain.
Conclusion
Skin Trade est une novella très réussie qui met en scène des personnages pas forcément très fréquentables, mais très bien construits et attachants. L’auteur revisite le mythe du loup garou sur fond de critique sociale dans un polar très sanglant qui se transforme peu à peu en un texte horrifique. L’auteur termine sa novella à la manière d’un coup de poing inattendu et particulièrement déstabilisant qui contribue au fait qu’on ne puisse pas refermer ce livre avec indifférence.
Merci aux éditions ActuSF pour ce service presse !
La couverture est juste dingue ❤
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Superbe fin c’est vrai, il y a un bon rythme dans cette novella
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