[Chronique] Underground Airlines, de Ben H. Winters

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« Je triche. J’esquive, je danse, encore et toujours. Je me raconte des histoires, je prétends que je ne me souviens plus des noms, des détails, alors qu’en fait si. C’était vrai à l’époque et ça l’est toujours. Je me souviens de tous les noms. »


 
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Underground Airlines
Auteur 
: Ben H. Winters
Éditeur : ActuSF
Illustrateur : Diego Tripodi
Traducteur : Eric Holstein
Genre : Uchronie / Thriller
Date de parution : 4 octobre 2018
Nombre de pages : 426
Prix : 19,90 €
Synospsis

MON avis

Underground Airlines est un roman uchronique qui se positionne dans des États-Unis où la guerre de Sécession n’a pas eu lieu. Ce sont les États qui décident eux-mêmes de leurs propres lois concernant l’esclavage et quatre États du sud n’ont pas aboli l’esclavage. Dans ce contexte, le récit prend la forme d’un thriller qu’on pourrait même qualifier de roman noir puisque que sur fond d’enquête c’est la violence sociale qui est décrite dans ce roman.

Une mise en place assez lente

La première moitié du roman est caractérisé par une mise en place assez lente. On est plongé dans la tête du personnage principal, un antihéros dont on ne connait pas le véritable nom et à la personnalité complexe. Même s’il nous livre ses pensées et ses sentiments, c’est un personnage très difficile à cerner, car il cache qui il est au fond de lui. Lui-même a refoulé sa véritable identité et ses sentiments pour ne pas se faire assaillir par la culpabilité. En effet, en tant que noir et ancien esclave, il est obligé de travailler en tant que « chasseur d’âmes ». Il doit donc traquer les esclaves en fuite pour les empêcher de rejoindre le Canada et la liberté. C’est donc un personnage intéressant avec une grande ambiguïté qu’on apprend à mieux connaître à travers de flash-back. C’est aussi un personnage très cultivé et très professionnel. Même si on pourrait avoir de la compassion pour sa condition, il reste très dur et très centré sur lui-même. Ce personnage met parfaitement en exergue la violence et la cruauté de la société ainsi que ses formes d’injustices.

La première moitié du roman peut donc sembler un peu longue puisque l’auteur prend son temps pour installer le contexte de son histoire et son personnage principal. On a parfois l’impression de tourner un peu en rond, mais l’auteur peaufine vraiment son intrigue pour lui apporter beaucoup de réalisme, ce qui est un point très positif. Il a créé une société où la notion d’esclave est différente de celle qui a pu exister, une sorte d’esclavagisme moderne. Les esclaves sont qualifiés de « Travailleurs affiliés » et les propriétaires emploient toutes sortes de procédés pour rendre les esclaves moins miséreux aux yeux du grand public. L’aspect sociétal est donc très intéressant même si au final le côté thriller prend plus le pas sur l’uchronie. Les explications sont également assez floues au début et qu’il n’est pas forcément aisé de rentrer dans l’histoire.

Une deuxième partie très rythmée

À partir de la deuxième moitié de l’histoire, le rythme du roman s’accélère et la lecture devient vraiment passionnante. Le personnage principal part dans le Sud où l’on va enfin voir les conditions réelles des esclaves et se rendre compte que l’enfer n’est pas forcément là où on le croit.

Cette seconde partie ressemble plus à un thriller classique avec énormément d’action et de suspens. Maintenant que l’on a mieux cerné le personnage principal, on tremble pour lui, car il se retrouve dans des situations toujours plus dangereuses. Cette deuxième partie est marquée par une grande tension qui augmente en intensité au fur et à mesure et qui fait qu’il est très difficile de reposer le roman.

Malgré la violence des situations et le côté très dur de l’histoire, le récit est également doté d’une certaine dose d’humour un peu noir. Le personnage principal fait preuve de beaucoup d’autodérision et a sûrement besoin d’humour pour survivre et ne pas devenir fou face aux situations auxquelles il est confronté et pour accepter sa propre condition. Le mélange entre violence et humour est vraiment bien dosé. Le ton du récit reste grave, mais des doses viennent apporter une forme de libération qui fonctionne très bien avec le récit.

Ce roman est donc un récit très maîtrisé avec une enquête passionnante sur fond de racisme et d’esclavage. Cependant, j’ai trouvé la révélation finale assez décevante, car pas du tout réaliste et donc sur un ton totalement décalé du reste de l’histoire. Le roman se termine donc sur une note un peu négative pour moi, mais reste une bonne lecture que je ne regrette pas.


Conclusion


Ben H. Winters prend le temps pour installer le contexte uchronique de son récit et surtout son personnage principal, antihéros à la personnalité complexe. La deuxième partie fait la part belle au côté thriller avec un rythme qui s’accélère, une tension qui monte crescendo et beaucoup de suspens. La révélation finale est malheureusement un peu décevante, mais ça ne gâche en rien la qualité du reste du récit.

bonne lecture

Merci à ActuSF pour l’envoi de ce roman !

5 réflexions sur “[Chronique] Underground Airlines, de Ben H. Winters

  1. OmbreBones 21 août 2019 / 6 h 31 min

    Super chronique 🙂 c’est vrai que la fin tombait comme un cheveu sur la soupe :/ mais bon le contenu est tellement bien fichu que j’ai préféré considérer que ça se stoppait un chapitre avant xD (comment ça on n’a pas le droit de faire ça ?->)

    Aimé par 1 personne

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