
« La plupart des adolescents baissèrent la tête, mais une excitation sordide s’était d’ores et déjà emparée de leurs jeunes esprits. La mort exerçait sur eux un attrait qui n’avait d’égal que leur ignorance, leur curiosité et leur insensibilité enfantine. Tout ce qui pouvait les faire sortir de leur quotidien et y apporter un peu de piment était bienvenu, quand bien même ce fût un quintuple assassinat. »

Autrice : Claire Krust
Illustration : Yana Moskaluk
Éditeur : ActuSF
Genre : Fantasy
Date de parution : 23/08/2018
Nombre de pages : 469
Prix : 19 €
SynospsisDepuis des décennies, les Enges vivent en paix en haut de leur pilier, en totale communion avec le vent, exilés du reste du monde dont ils n’ont que faire. L’Envolée est proche, ce rite qui leur permet d’acquérir leurs ailes d’or et de s’élancer vers les cieux. Mais le coeur de Céléno n’est pas à la fête. Rejetée par ses pairs, privée de ce droit, elle est sur le point d’assister au départ de l’homme qu’elle aime en secret. C’est alors que l’impensable se produit. Les hommes, ces êtres qu’ils ne connaissent que dans les légendes, surgissent et mettent leur pilier à feu et à sang.
Précipitée sur la terre ferme, parachutée dans un monde qu’elle ne comprend pas et qui veut sa mort, Céléno est sauvée in extremis par Sujin l’Être de l’eau. Ensemble, ils vont remonter les traces des derniers Enges captifs et tenter de les libérer. Mais que peuvent deux parias contre la folie des hommes ?
L’Envolée des Enges est le deuxième livre publié de Claire Krust, après Les neiges de l’éternel également disponible chez actuSF et en grand format et en poche dans la collection Helios.
Dans ce nouveau roman – premier tome d’un diptyque – Claire Krust nous emmène dans un monde peuplé de différentes créatures et plus particulièrement de ceux qu’on appelle Les enfants d’Hélias : les Enges, les Êtres de l’eau et les Elbes. La première partie de l’intrigue est consacrée aux Enges. On découvre leur mode de vie en haut de grands piliers puis le basculement de leur monde et leur altercation avec les humains. La seconde partie du roman est totalement différente puisqu’elle nous emmène des années plus tard à la rencontre des nouveaux personnages et plutôt du point de vue des humains.
Deux parties très inégales
Si je trouvais que le début du roman commençait bien : j’étais curieuse de comprendre le mode de vie très original des Enges, j’ai vite été déçue. Beaucoup d’éléments nous sont présentés pour être complètement abandonnés par la suite. On suit des évènements très précis de la vie privée de certains personnages sans que cela n’ait d’intérêts pour la suite (ou peut-être dans le deuxième tome, mais l’autrice ne laisse aucune piste qui pourrait faire penser cela). Même les personnages qui semblent être importants au départ disparaissent assez vite. C’est finalement un personnage moins exploité qui devient le personnage principal sans qu’on ait eu le temps de s’attacher à lui. De plus ce sont surtout les défauts de ce personnage qui ont été mis en avant, ce qui ne nous permet de développer de l’empathie pour lui. On suit donc la première partie du roman avec beaucoup de détachement, alors que les évènements qui s’y déroulent devraient nous horrifier.
Je n’ai honnêtement pas compris le parti pris de cette première partie d’autant plus que j’ai trouvé la deuxième partie bien meilleure. Peut-être que l’auteure a voulu faire le choix de l’originalité, mais elle nous perd au milieu d’éléments qui ne sont pas importants pour l’intrigue, elle nous balance des questionnements qui ne sont jamais repris par la suite et on ressort finalement de cette partie avec l’impression que tout est resté en surface. C’était très intéressant de découvrir la vie des Enges, mais j’ai finalement l’impression que rien n’était creusé. Cette fameuse « envolée » dont est tirée le titre du livre reste très mystérieuse. Il manque énormément d’informations et je pense que je n’aurais jamais les réponses à toutes les questions que je me pose.
Néanmoins, comme je le disais, la seconde partie du roman lui donne un nouveau souffle. On change complètement d’univers, on découvre un nouveau personnage, Arhan, que l’on va cette fois-ci suivre jusqu’à la fin et on a droit a pas mal de révélations. Cette seconde partie est également beaucoup plus rythmé grâce à toutes les mésaventures d’Arhan. On découvre que l’univers est beaucoup plus complexe qu’il n’y paraissait et qu’il pourrait nous révéler de belles surprises dans le prochain tome. Globalement, cette deuxième partie était beaucoup plus aboutie à tous les niveaux et permet quand même au lecteur de ressortir du roman avec une note positive en tête. Même si le sujet du roman est assez simple et déjà vue : la non-acceptation de la différence de l’autre, il a le mérite de ne pas être décrit de manière manichéenne contrairement à ce que pouvait laisser penser la première partie, mais reste encore assez superficiel dans ce premier tome.
Un univers manquant de précision
Même si, en ce qui concerne l’intrigue, la deuxième partie a permis d’oublier en partie les défauts de la première, le point qui m’a le plus gêné dans ce roman est l’univers qui manquait cruellement de profondeur. Claire Krust ne donne quasiment aucune indication sur son univers, à part un rapide contexte politique. On ne sait pas s’il s’agit d’un monde totalement inventé ou si on est sur une Terre un peu différentes que celle qui nous connaissons. On ne sait donc pas dans quel plan se placer et pourtant il y a des êtres humains ce qui laisse penser qu’on se trouve dans un univers proche du nôtre mais peut-être simplement plus évolué. Seulement, l’autrice a pris des libertés d’un point de vue scientifique qui m’ont dérangée. La science a une importance dans cette histoire puisqu’il est question d’un certain métal rouge qui a des particularités particulières. Seulement, ça ne colle pas vraiment avec l’univers créé. On a l’impression que la science et la technologie dans ce roman sont beaucoup moins évoluées que ce qu’on a actuellement alors que tout le reste semble plus évolué. Si on est dans un univers inventé de toute pièce, cela ne me dérangerait pas, mais si on est sur un monde proche du nôtre j’attends une cohérence. Il m’a donc vraiment manqué un cadre plus précis pour mieux appréhender cette histoire. En l’état, on a l’impression que l’univers n’est finalement qu’un décor pour l’intrigue.
Si ce roman n’était qu’un tome unique, j’aurais pu accepter un univers aussi peu exploité, mais là je considère que dans un diptyque il faut que les bases soient beaucoup plus solides. Dommage que la première partie n’ait pas servie à nous donner ces bases.
Conclusion
Ce roman souffre de défauts de construction. La première partie est décousue du reste et ne nous apporte pas les informations indispensables à la création de l’univers. La deuxième partie est bien meilleure et nous permet de ressortir sur une note positive et d’être quand même curieux de découvrir la suite.
Merci à ActuSF pour l’envoi de ce roman
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