[Chronique] Neighian, tome 1 de Louise Jouveshomme

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« Une gène, pourtant la retient. Rien de précis, rien de net qu’elle puisse balayer d’une geste de la main, juste un arrière-goût désagréable, un mouvement perçu du coin de l’œil qui disparait sitôt qu’elle tourne la tête. La même sensation qui l’a accompagnée durant tout le chemin sous les arbres. L’impression qu’elle avance dans un mensonge, ou à tout le moins dans un décor. et que les artificiers ricanent lorsqu’elle est passée. »


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Neighian (tome 1)
Autrice :
Louise Jouveshomme
Couverture : Emiliano Renzi
Maisons d’édition : Mnémos
Genre : Fantasy
Date de publication : 22 février 2023
Nombre de pages : 543
Prix : 24 € (broché)
Synopsis 
Neighian. Un nom, un tatouage, un art du combat qui fait gémir tout le Continent.
Les Neighians protègent l’Union, pouvoir central et neutre qui rassemble les représentants de toutes les nations et maintient une paix fragile entre les Etats. Mais les frontières sont des lignes de poudre sur un échiquier politique branlant… Et quand un elfe assassine le Dominant de la Meute loup du Nord, c’est le grand brasier qui prend.
La dette de sang n’a plus de diplomatie, et les vieilles alliances se reforment. Complot ? Coup d’état ? Vendetta personnelle ? Nul ne le sait… L’Union est au bord du gouffre. 
Et c’est sans compter sur l’Ombre et ses Pervertis, qui de jour en jour massacrent les convois et les villages isolés. Une Ombre dont personne ne connait le nom ni l’origine, mais dont les Neighians sont les implacables limiers.
Pour sauver l’Union, il fallait un miracle, un geste désespéré : Heltia de Cytari, Lieutenant Neighian, est chargée secrètement d’une bien étrange mission… 
Une quête suicidaire au nom de la paix. Et au prix du sang.
MON avis
Comme chaque année, je découvre avec plaisir la nouvelle pépite de l’imaginaire des éditions Mnémos. Après Diamants de Vincente Tassy et L’enterrement des étoiles de Christophe Guillemain, place à Neighian, premier tome d’un diptyque dont le second est d’ores et déjà prévu pour le mois de septembre 2023.
 
Neighian est donc un premier de fantasy tome touffu à l’univers vaste et riche. Il y déploie une large variété de créatures puisque ce monde est réparti en 10 peuples qui essayent de maintenir la paix entre eux. Créatures connues comme les loups-garous, les vampires, les elfes, les sirènes en côtoient d’autres un moins classiques comme les stygia et les garnums. Néanmoins les caractéristiques propres à chaque peuple ne sont pas développées suffisamment pour apporter une véritable originalité à ce niveau-là. Ce sont d’ailleurs les créatures les plus classiques que l’on suit tout au long du roman : Heltia, une humaine et personnage principal du roman, accompagnée d’un elfe et d’un loup-garou. Mais Heltia possède tout de même une particularité, c’est une Neighian, un ordre militaire qui a pour objectif d’assurer une neutralité et de gérer les conflits entre les différentes nations. Et justement, conflit il y a puisqu’un elfe a assassiné le Dominant de la Meute des loups. Elle est donc chargée de découvrir les motivations de ce meurtre, notamment en allant interroger le peuple des sirènes. Commence alors un périple dont personne ne ressortira indemne.
 
Comme toujours avec les pépites de l’imaginaire publiées chez Mnémos, Neighian est un roman à l’écriture travaillée. Louise Jouveshomme déploie un vocabulaire riche dans un style très descriptif qui s’attarde sur le moindre détail. On sent l’autrice passionnée par le monde qu’elle a imaginé et elle prend grand plaisir à nous immerger de détails notamment les décors, les paysages et les coutumes des différentes peuples. Malgré tout, le bon dosage n’est pas toujours là et Neighian se retrouve affaibli par ses propres qualités. Ainsi la narration en dit beaucoup (trop) et peu à la fois. Les décors sont très richement détaillés alors que l’on manque d’explications sur l’univers en lui-même. Sa géographie, les caractéristiques des différents peuples, la manière dont ils s’organisent, il y a peu de détails, ce qui ne permet de visualiser correctement l’univers et son ampleur. D’un côté le récit semble donc très dense tant les descriptions sont longues et prennent souvent le pas sur l’intrigue alors que certaines informations dont on a besoin sont manquantes. Cela donne un roman pas toujours facile à suivre et faussement complexe. De plus, la narration est parfois maladroite avec une volonté de rendre l’écriture familière à la manière dont parle Hestia et donc en supprimant les doubles négations y compris dans les phases narratives, ce qui n’aide pas à rendre la lecture plus fluide. 
 
Si l’intrigue du roman est souvent noyée dans la densité du texte et reste introductive, ce premier tome propose tout de même un propos très intéressant, avec des complots politiques bien menés et de beaux retournements de situation. L’intrigue s’accélère d’ailleurs sur la deuxième partie et les révélations finales viennent très bien redynamiser l’action et apportent un élan nouveau au récit. Le roman reste donc toujours plaisant à lire même s’il aurait mérité d’être un peu plus court et percutant. Le monde de Neighian est un univers dur et sans concession, mais le ton manque également un peu d’émotions. Le personnage principal, Heltia, est très froide et ne laisse absolument rien transparaître. Si j’aime souvent ce genre de personnage, elle aurait tout de même mérité d’être un peu plus nuancé, d’autant plus que les personnages secondaires restent tous peu développés, ce qui donne une impression de distance avec eux et avec l’intrigue. Le roman nous place donc un peu trop comme spectateur du déroulé des évènements au lieu de nous les faire vivre. Néanmoins, ces maladresses peuvent sûrement être attribuées à la jeunesse de la plume, puisqu’il s’agit d’un premier roman qui impressionne d’ailleurs sur d’autres aspects notamment la richesse et la maîtrise de son écriture.
 
De manière générale, les qualités de Neighian sont donc aussi ses défauts et si le roman ne plaira pas aux lecteurs cherchant de l’action avant tout, les autres pourront passer un bon moment à savourer la finesse des descriptions et à décrypter les jeux politiques complexes qui font rage dans cet univers. 
 
bonne lecture
Cette chronique émane d’un service de presse des éditions Mnémos que je remercie !
 
 
 
 

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