[Chronique] Les cartographes, de Peng Shepherd

les cartographes
 
Nell a perdu ses deux parents. Sa mère, trente ans plus tôt, et maintenant son père, le Dr Young, un célèbre cartographe de la New York Public Library qui vient d’être retrouvé mort dans son bureau. Elle l’adorait, elle voulait embrasser la même carrière que lui, mais parfois la famille, c’est très compliqué. En fouillant dans les affaires du défunt, elle trouve, bien cachée, une carte routière a priori sans grand intérêt. Sauf que Nell se souvient parfaitement de cette maudite carte. Elle lui a valu une engueulade homérique et lui a coûté sa place, auprès de son père. Intriguée, elle reconstitue avec un regard neuf ce vieil incident et ne tarde pas à se rendre compte que le document est aussi rare que précieux. Il comporte une erreur singulière, une signature pour ceux qui sont initiés à l’art de la cartographie. Pour percer ce mystère, Nell contacte certains amis de ses parents. Trente ans plus tôt, ils formaient un groupe de sept personnes, très soudé : les Cartographes. Qu’ont-ils découvert ? Quels crimes ont-ils commis contre la réalité ?

MON avis

Après l’excellent Livre de M, Peng Shepherd nous revient avec une toute nouvelle histoire qui s’éloigne du récit post-apocalyptique de son roman précédent pour nous offrir un thriller fantastique peut-être moins ambitieux, mais tout aussi riche et prenant.  

Les cartographes
se déroule ainsi à notre époque où l’on suit Nell, fille de brillants cartographes et cartographe elle-même avant qu’elle ne soit discréditée de la profession suite à un conflit avec son père. Le sujet de cette dispute : une vieille carte trouvée dans un carton « à jeter » qu’elle finit pourtant par retrouver sept ans plus tard caché dans les affaires de son défunt père. Nell se lance alors dans une folle aventure pour percer les mystères de cette carte en déterrant au passage les vieux secrets de ses parents.
 
Peng Shepherd nous emmène habilement dans le monde de la cartographie, un monde que je ne connaissais pas et qui ne m’intéressais pas particulièrement au premier abord et qui m’a pourtant passionnée. Il faut dire que la passion des personnages pour ce domaine est contagieuse tant elle est bouillonnante et tangible. J’y ai parfaitement retrouvé l’effervescence de mes années de thèse et de la passion qu’on peut ressentir pour un sujet de recherche. Le roman a eu sur moi un effet miroir me permettant de m’attacher énormément à Nell et de prendre un immense plaisir à découvrir son univers et à suivre ses aventures.
 
Néanmoins, même sans cet effet miroir, il est aisé de s’attacher aux personnages, Peng Shepherd les travaillant habilement, construisant leur histoire de manière sensible et évocatrice. C’est bien sûr Nell le personnage central et le plus travaillé du roman, mais on découvre également à travers elle l’histoire de ses parents et de leurs amis. L’autrice s’attarde sur la personnalité de chaque personnage, leur donnant une identité propre sans qu’elle ne soit jamais factice. On découvre avec délectation l’histoire de ce groupe de cartographes, la passion commune qui les anime, la manière dont leurs différences s’accordent, leur excitation face aux étranges découvertes qu’ils vont faire et enfin la manière dont les secrets qu’ils ont déterrés finissent par les détruire.
 
Peng Shepherd nous offre une aventure pleine de mystère et de secrets avec surtout énormément d’anecdotes autour de la cartographies. Les cartographes n’est pas un roman dénué de défauts, loin de là, et les ficelles de l’intrigue ne sont pas particulièrement originales ni surprenantes, mais le récit tire sa force de cette thématique autour de la cartographie qui happe et nous empêche de reposer le roman avant d’en avoir lu la dernière ligne. Contrairement au Livre de M et son rythme lent et doucereux, Les cartographes est un page turner qui nous emmène avec une plume toujours aussi maîtrisée de rebondissement en rebondissement. Le jeu d’alternance entre passé et présent nous guide peu à peu vers la vérité avec un juste dosage nous imposant souvent de retenir notre souffle devant la tension qui s’accroit peu à peu.
 
Les cartographes, outre l’excellent divertissement qu’il propose et la découverte du monde de la cartographie, est également un roman fort centré sur la famille, sur l’amitié, sur l’impact de nos actions et de nos choix et sur l’existence que l’on choisit de mener.
 
Enfin, malgré tous les éloges que je peux faire sur ce roman, il faut bien avouer qu’il souffre cependant de grandes incohérences que l’on voit se dessiner en toile de fond jusqu’à ce qu’elles soient mises en exergue par une fin prévisible et loin d’être à la hauteur du reste du récit. Mais ce que je retiendrai de cette lecture c’est avant tout le plaisir du voyage. Parfois on rencontre des livres dans lesquelles on voit tous les défauts, défauts qui ne passeraient pas dans d’autres histoires et pourtant qu’on occulte sans difficulté. Les cartographes est de ce genre-là, je n’en retiendrai pas la fin, mais tout le reste.  
 
petit coup de coeur
 

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Les cartographes
Autrice :
Peng Shepherd
Traduction : Anne-Sylvie Homassel
Illustration : Timothée Mathelin
Maison d’édition : Albin Michel (Imaginaire)
Genre : Thriller fantastique
Date de publication : 29 mars 2023
Nombre de pages : 471
Prix : 23,90 € (broché) / 12,99 € (numérique)

5 réflexions sur “[Chronique] Les cartographes, de Peng Shepherd

    • Sometimes a book 15 octobre 2023 / 19 h 34 min

      J’espère que tu sauteras le pas et que tu l’apprécieras, car il mérite vraiment d’être découvert !

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