[Chronique] La dernière maison avant les bois, de Catriona Ward

la dernière maison avant les bois
« Alors que je pique du nez, les mots de l’homme-scarabée n’arrêtent pas de tourner dans ma tête. Quand on garde des secrets, on finit souvent par se sentir très seul. C’est bizarre parce que, d’une certaine manière, je suis très seul, mais, d’une autre, j’ai l’impression d’avoir toujours trop de monde qui me tient compagnie. »


couv716591La dernière maison avant les bois
Autrice : Catriona Ward
Traduction : Pierre Szczeciner
Couverture : Rémi Pépin
Maison d’édition : Sonatine
Genre : Thriller psychologique
Date de publication française : 16 février 2023
Nombre de pages : 405
Prix : 23,00 € (broché) / 15,99 € (numérique)
 
Synopsis 
Dans l’impasse de Needless Street se dresse une maison isolée et solitaire, à l’image de son propriétaire, Ted Bannerman, un étrange personnage. Dee, qui vient d’emménager dans la maison voisine, est persuadée qu’un terrible secret pèse sur les lieux. Ted aurait-il un lien avec cette disparition d’enfant survenue onze ans plus tôt dans les environs ? Que se passe-t-il vraiment derrière la porte de la dernière maison avant les bois ?
Quelque chose est bien enterré dans la forêt. Mais ce n’est pas ce que vous pensez… La Dernière Maison avant les bois est en effet l’un des romans les plus inattendus qu’on ait lus depuis longtemps – et certainement celui dont vous aurez le plus envie de parler cette année.
MON avis
La dernière maison avant les bois est le premier roman de l’autrice américaine Catriona Ward à être publié en France, elle qui a pourtant été remarquée avec ses deux précédents romans horrifiques The Girl From Rawblood et Little eve. Ce dernier avait même remporté le prix Shirley Jackson en 2018. Si La dernière maison avant les bois flirte également avec le genre de l’horreur, il est en réalité un véritable thriller psychologique sans présence de fantastique malgré ce que le résumé assez flou peu laisser penser.
 
La dernière maison avant les bois est un roman choral qui alterne les points de vue de quatre protagonistes : Ted, tout d’abord, est un homme étrange vivant en ermite dans cette fameuse maison. Il a été accusé onze années auparavant du kidnapping d’une petite fille avant d’être innocenté, mais semble toujours vivre dans une sorte de paranoïa constante. C’est la figure central du roman autour duquel gravitent d’autres personnages à commencer par sa fille Lauren, une enfant qui semble particulièrement difficile. Autre protagoniste, Dee, est la sœur de la fillette disparue et reste persuadée de la culpabilité de Ted. Elle décide de s’installer dans la maison voisine à la sienne afin de le surveiller et de prouver son intime conviction… Enfin, le point de vue le plus étrange du roman : Olivia, le chat de Ted. Catriona Ward nous met dans la tête de ce chat, nous offrant un autre point de vue, particulièrement déroutant, de ce qu’il se passe à l’intérieur de la maison.
 
Le cadre et les personnages sont ainsi restreints. Catriona Ward nous place dans la tête de personnages troublés qui sont tous dans des situations d’extrême isolement. On sort donc assez peu de la maison de Ted et pourtant on ne parvient pas forcément à mettre le doigt sur ce qu’il se passe à l’intérieur. Ainsi Catriona Ward utilise beaucoup de non-dits et joue sur la faible fiabilité de ses personnages pour nous perdre et pour nous emmener vers de fausses convictions afin de mieux les balayer au final. Malgré tout Catriona Ward laisse également de gros indices sur son passage, indices qui pointent du doigt l’horrible vérité. Horrible, mais dans le sens auquel on le croit. 
 
J’ai personnellement deviné dès les premières pages le sujet et les révélations finale du roman, car il s’agit d’une thématique sur laquelle j’ai déjà fait beaucoup de recherches et sur laquelle je suis sensibilisée et j’ai donc facilement reconnu les signes. Néanmoins, je pense que le roman pourra en surprendre plus d’un, car malgré les indices qu’elle laisse, Catriona Ward gère très bien les ficelles de son intrigue, le mystère et le doute qu’elle instille facilement à la lecture. Et même si, comme moi, vous devinez la thématique cela ne gâche en rien la lecture tant ce thriller happe par son côté addictif, son ambiance confinée et ses personnages bien construits. La plume de Catriona Ward est extrêmement simple à lire. Je dois dire que j’ai même été un peu déçue, m’attendant à une écriture plus travaillée ayant vu des critiques qualifiant ce roman d’ardu. Ce n’est pas le cas, du moins il est facile à lire, mais peut être très déconcertant notamment lors des points de vue du chat. Moi-même j’ai eu un peu de mal à accrocher à ces chapitres, et même si je comprends la volonté de l’autrice, je ne sais toujours pas si j’adhère à cette idée ou non. 
 
Et comme je ne me suis pas laissée surprendre par la thématique, j’ai lu ce roman différemment que le public cible, de manière analytique. L’autrice aborde un sujet qui me tient à cœur et j’ai donc porté une grande attention à tous détails et à la construction des personnages. Si comme je l’ai dit précédemment, tout ne m’a pas forcément convaincue, j’ai beaucoup aimé la manière dont l’autrice traite finalement la thématique. Elle renverse parfaitement les idées reçues et distille pour moi le bon message, celui qu’on ne montre pas assez et le fait surtout avec intelligence et finesse. Je suis persuadée que ce roman pourra surprendre et faire réfléchir. Alors, je n’ai pas trouvé toutes les scènes réalistes, certains passages m’ont semblé trop romancé dans l’unique but de perdre un peu plus le lecteur. Mais le message final est là, il est clair et percutant, très bien illustré dans les retournements finaux et je suis satisfaite de voir cette thématique être ainsi mise en avant.
 
La dernière maison avant les bois a donc été une très bonne lecture. Si j’en ai deviné tous les tenants et aboutissants dès le départ, j’ai quand même su apprécier ce roman addictif qui nous plonge dans la tête de personnages en proie à une grande souffrance. Pas facile d’être dans la tête de tels personnages, mais le message qui en ressort n’est que plus percutant et il est surtout distillé avec beaucoup de finesse. A lire absolument si vous n’avez pas peur de découvrir les plus sombres secrets de la psyché humaine. 
  
très bonne lecture
    
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