[Chronique] Un an dans la ville-rue, de Paul Di Filippo

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« On était en février, et son père qui ne parlait plus que de sa mort prochaine jurait à tort et à travers qu’il voyait des volées de Bouledogues se masser pour lui régler son compte, petites taches aux ailes loqueteuses, flottant tels des flocons de cendre dans les fumées fulgurantes des confins septentrionaux du monde.  »


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Un an dans la ville-rue
Auteur :
Paul Di Filippo
Traduction : Pierre-Paul Durastanti
Couverture : Aurélien Police
Maisons d’édition : Le Belial’
Genre : New weird
Date de publication : 25 mai 2022
Nombre de pages : 120
Prix : 9,90 € (broché) / 4,90 € (numérique)
Synopsis (attention révèle une grande partie de la novella)
Une ville-monde.
Un immense ruban urbain apparemment sans fin bordé par les Voies – un chemin de fer – et le Fleuve. En son sous-sol, un métro. Et sous le métro… Bienvenue dans la Ville-Rue. Diego Patchen réside dans le quartier de Vilgravier, du côté du 10.394.850e Bloc. Amoureux d’une plantureuse pompière, affligé d’un père malade acariâtre, Diego vit d’expédients. Son activité favorite demeure toutefois l’écriture de récits spéculatifs, ce genre littéraire appelé « Cosmos-Fiction ». Un registre volontiers décrié, mais qui bénéficie d’un socle de lecteurs fidèles, et dans lequel les écrivains se plaisent à imaginer d’autres mondes, d’autres univers, aux configurations différentes… Et alors que Diego célèbre la sortie de son premier recueil, le voici bientôt invité à une croisière sur le Fleuve…
MON avis
Initialement publiée en 2002, Un an dans la ville-rue fait partie des nouveautés du catalogue de la collection de novellas Une heure lumière de l’année 2022. 
 
Un an dans la ville-rue est un texte bien étrange dont on peut saluer le travail de traduction par Pierre-Paul Durastanti qui n’a pas dû être simple tant le récit regorge de bizarreries, d’un vocabulaire qui lui est propre et d’inventivité. Il n’y a pas de réels enjeux ni une véritable intrigue dans cette novella, on suit principalement le quotidien de Diego, un écrivain au succès grandissant qui vit dans cette fameuse ville-rue. Et c’est bien elle qui va être mise en avant à travers les pérégrinations de Diego, cette ville dont l’immensité semble infinie, faite d’une multitude de blocs et regorgeant de détails bien étranges dont on ne saisit pas tout. Ainsi, l’univers est vertigineux au sens propre comme au figuré. La ville-rue nous apparaît comme démesurée et il n’est pas aisé de réussir à en deviner les contours. De plus, Paul Di Filippo ne prend pas le lecteur par la main. Rien n’est vraiment expliqué, la novella est narrée comme si on connaissait déjà la ville-rue, sa géographie, ses coutumes, la manière dont y vit et certains éléments et concepts semblent si étranges qu’ils sont difficiles à accepter tels quels sans autres explications. 
 
Ainsi Un an dans la ville-rue est un texte déroutant, dans lequel on ne sait jamais vraiment où on nous emmène. On peut facilement passer à côté de ce texte, ne pas comprendre son propos, l’intérêt de l’histoire de Diego, se retrouver frustré du manque d’explications. On peut aussi y voir de nombreux clins d’œil et parallèles à notre monde, au métier d’auteur et aux littératures de l’imaginaire. On pourra ainsi s’amuser à décrypter ce qu’elle cache réellement. Pour ma part, après avoir été déroutée au départ, j’ai finalement apprécié ce voyage. J’ai particulièrement apprécié le propos autour des littératures de genre. Diego écrit de la « Cosmo fiction » un genre dans lequel l’auteur invente une nouvelle réalité, le pendant de notre science-fiction, offrant une intéressante réflexion sur cette littérature.
 
Voici donc encore une fois une belle découverte dans la collection Une heure lumière. Si ce n’est pas le texte que je préfère de la collection, il nous emmène tout de même dans un voyage marquant au sein d’une ville vertigineuse qui nous renvoie intelligiblement à notre propre réalité. 
 
 
bonne lecture
 
 
 
 
 
 
 

7 réflexions sur “[Chronique] Un an dans la ville-rue, de Paul Di Filippo

  1. tampopo24 22 avril 2023 / 8 h 11 min

    Merci pour cette chronique éclairante point je me demandais vraiment qu’il en était de ce titre résumé parfois un peu point ce que tu dis de son rapport au littérature de l’imaginaire m’intéresse énormément, il m’a donc rejoindre ma wishlist 😁

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