Sometimes a book

 

 

 

Andy Weir est connu pour avoir écrit Seul sur Mars en 2014, roman qui a fait l’objet d’une adaptation remarquée par Ridley Scott. Projet dernière chance est son troisième roman de science de fiction qui a été publié en 2021 et dont les droits cinématographiques ont également été achetés. J’ai écouté ce roman dans sa version audio lue par François Montagut.

 

Projet dernière chance suit le personnage de Ryland Grace alors qu’il se réveille dans un vaisseau spatial complètement seul et sans plus aucun souvenir. En observant ce qui l’entoure, il va peu à peu retrouver les raisons qui l’ont conduit dans cette mission spatiale. L’auteur se sert de ce jeu de mémoire afin de structurer en deux temps son récit : d’un côté le passé à mesure que les souvenirs de Ryland reviennent et le présent, la mission qu’il doit mener afin de sauver la Terre. Si le trope de l’amnésie n’est pas forcément quelque chose que j’apprécie, car elle démontre très souvent d’une facilité scénaristique, Andy Weir s’en sort bien en apportant une raison logique et valable à l’amnésie de son héros. De plus, cela est bénéfique pour la gestion du suspense de l’intrigue puisque ce sont majoritairement les souvenirs du passé qui apportent les grandes surprises qui vont résonner et influencer le présent. 

 

Néanmoins comme c’est souvent le cas les deux narrations ne se valent pas. Elles possèdent même ici des dynamiques très différentes. Le passé se concentre sur tout le contexte, avec de nombreuses explications sur la catastrophe qui a frappé la Terre, les premières recherches pour comprendre le problème et toute la préparation de l’expédition. Cela se traduit par des recherches scientifiques intéressantes, mais aussi d’interminables réunions de scientifiques issus du monde entier et ressemblant plutôt à des personnages Hollywoodiens qu’à de vrais scientifiques. Le présent se concentre sur la vie au bord du vaisseau et, de manière plus générale, la mission spatiale en elle-même. Cette partie brille l’émulation scientifique dans de très nombreux domaines qu’elle transmet ainsi que par une autre thématique qu’on ne s’attendais pas forcément à trouver. Car un autre personnage va faire son apparition, un personnage qui fait toute la réussite de ce roman, d’autant plus en version audio. Je ne veux pas trop en dire pour ne pas gâcher ce beau twist, mais plus encore que la mission en elle-même, le grand sujet du roman est le lien qui va se créer entre les deux personnages, la manière dont ils vont réussir à communiquer et se découvrir. Je vous conseille d’ailleurs la version audio qui possède des bruitages très réussis pour mettre en scène la communication entre les personnages.

 

J’ai donc beaucoup aimé la partie correspondant au présent de ce roman et pourtant cela n’a pas été gagné dès le départ. J’ai même failli abandonner le roman en cours de route n’étant pas du tout convaincue par le début de la lecture. En effet, la façon de parler du personnage principal au début du roman est d’une lourdeur insupportable avec des passages parfois même vulgaires. Je n’aimais donc pas du tout le ton de la narration ni les explications scientifiques du début qui sont très simplifiées jusqu’à s’en retrouver fausses. Ces défauts se dissipent néanmoins assez bien au fil de la lecture et surtout dans les scènes au présent. La lourdeur se transforme peu à peu en un humour mieux maîtrisé et la partie scientifique devient bien vite passionnante tout en restant abordable. Le passé reste tout de même de mon point de vue moins intéressant et coupe un peu le rythme, même s’il est nécessaire pour apporter le gros des explications. 

 

Si le contexte du roman et ses enjeux témoignent d’une situation dramatique pour les personnages et la vie sur Terre, en réalité le ton du récit est assez doux. Avant le drame, c’est l’émerveillement scientifique qui prédomine dans cette lecture qui fait un très bel éloge à la recherche scientifique. Dans le récit, la science est partout et aide à relever tous les défis même les plus impensables. Le discours me touche forcément d’autant plus qu’il est extrêmement compréhensible même pour les plus néophytes. Finalement et même s’il n’est pas exempt de défauts, Projet dernière chance s’est révélé être un très bon divertissement qui a su être touchant à certains moments, plus tragiques dans d’autres et souvent drôle aussi.  

 

D’autres avis : Yuyine – L’épaule d’Orion – Les lectures du Maki – Gromovar – Le chien critique – Lianne – Lorhkan