

Auteur : Brandon Sanderson
Traduction : Sébastien Guillot
Illustrations : Howard Lyon
Maisons d’édition : Le Livre de Poche
Genre : Fantasy
Date de publication française : 11 janvier 2023
Nombre de pages : 665
Prix : 16,99 € (numérique) / 24,90 € (broché) / 29,90 € (relié)
SynopsisTress vit sur une petite île isolée au beau milieu d’un océan… de spores. Simple laveuse de vitres, elle partage néanmoins une belle complicité avec Charlie, le fils du duc, et est secrètement amoureuse de lui. Quand celui-ci disparaît, la jeune femme décide de partir à sa recherche. C’est le début d’un périple au bout du monde, où l’on retrouve tous les ingrédients qui font le sel des grandes aventures : des contrebandiers de la pire espèce, une sorcière malintentionnée, un redoutable dragon, des pirates sales et méchants (ou pas), et même un rat qui parle…

Un conte de fée pour adultes à l’humour étrange
Tress de la mer Emeraude est un roman de fantasy très léger qu’on pourrait presque qualifier d’utopique. On sent la volonté de l’auteur d’utiliser un format un peu plus proche du conte dans sa construction narrative, même si les contes à l’origine étaient loin d’être heureux et lumineux. Il s’inspire donc plus du pendant moderne des contes, un conte de fée version adulte comme il le dit lui-même, conférant une grande douceur à son intrigue et à ses personnages, voire même un aspect idyllique. Ainsi le personnage de Tress est la bonté et la naïveté incarnée et l’île où elle habite est toujours décrite de manière positive malgré les conditions de vie pas toujours faciles. On est donc très loin des univers sombres et des personnages gris dont Brandon Sanderson a l’habitude. J’ai vraiment eu la sensation qu’il avait écrit ce roman comme une bulle colorée et lumineuse de manière à faire une pause dans la noirceur et les combats. L’auteur le dit lui-même, il a écrit ce livre à destination de sa famille et non comme un objet destiné à être diffusé plus largement et cela se ressent beaucoup à la lecture. Même si j’aime personnellement les atmosphères plus sombres et que le récit était globalement un peu trop édulcoré à mon goût, j’ai du mal à en vouloir à l’auteur de vouloir créer un texte plus intimiste. Pour ne pas être déçu, je pense qu’il est important de prendre ce texte pour ce qu’il est, un récit personnel et intime à l’intrigue simple et légère.
Du côté du ton du récit Brandon Sanderson a également innové avec Tress de la mer Emeraude, conférant un humour très particulier au roman. En effet, le récit est raconté du point de vue de Hoid, un personnage que l’on retrouve dans d’autres textes de l’auteur et dont il souhaite un jour écrire l’histoire. Seulement ici, Hoid est atteint par une malédiction qui le rend très… à côté de la plaque ! Difficile de décrire la personnalité de Hoid, je vous laisse la découvrir, mais cela donne un humour parfois très drôle, parfois plus malaisant. J’avais souvent l’impression que le texte avait été écrit sous substance pour tout dire ! L’appréciation de cet humour dépendra de chacun et c’est pourquoi j’insiste sur le fait que ce type d’écriture n’est pas représentatif de ce que fais l’auteur habituellement et que je ne conseille pas forcément de le découvrir avec ce titre. J’ai parlé avec certaines personnes très décontenancée, lisant Brandon Sanderson pour la première et ne s’attendant pas du tout à un tel style. Soyez donc prévenus qu’on est très loin du registre habituel de l’auteur.
De plus, la narration de Tress de la mer Emeraude est partagé entre l’avancée de l’intrigue et de nombreux moments de réflexions de l’auteur et du narrateur. Le roman s’adresse au lecteur, marque des pauses, commente les actions et les états d’âme des personnages et partage également de nombreuses idées qui, on le sent bien, sont des réflexions très personnelles de l’auteur. Brandon Sanderson a expliqué qu’il s’agissait de son roman le plus personnel et cela ressent effectivement à la lecteur, l’aura de l’auteur étant très présente.
Un univers toujours aussi élaboré
Après ces réflexions sur le style du roman, vous vous demandez peut-être à raison de quoi parle vraiment Tress de la mer Emeraude ! Il s’agit d’un roman à l’intrigue maritime dont la grande partie de l’intrigue se déroule sur un bateau pirate. Vous vous direz peut-être que l’univers de la piraterie dénote un peu du ton très lumineux dont j’ai parlé avant. Tress elle-même dénote énormément dans cet univers, elle qui n’avait jamais quitté son île et qui ne vivait que d’amour et d’eau fraîche se retrouve donc à l’aventure prête à affronter une bande de pirates, les mers les plus dangereuses et, si elle arrive jusque-là, une puissante sorcière qui retiens prisonnier l’homme qu’elle aime. L’évolution de Tress est donc une grande part du récit. Elle apprend à connaître l’équipage, à se familiariser avec le monde de la piraterie. Elle se fait pour compagnon un rat qui parle très sympathique et intrigue avec lui pour parvenir à ses fins. Si la jeune femme est la douceur incarnée, elle possède également une volonté de fer et la manière dont elle s’intègre est donc assez cohérente. Malgré tout, l’intrigue est truffée de deus ex machina : les coups de chance et les heureux hasards qui arrivent sur le chemin de Tress sont très nombreux. L’intrigue est donc assez linéaire avec quelques longueurs au milieu, mais reste toujours très divertissante à lire malgré les facilités. Les pirates avec qui Tress voyage sont assez attachants et, comme vous pouvez vous en douter si vous avez bien suivi cette chronique, sont loin d’être des personnages sanguinaires à l’exception de quelques-uns (il faut bien quelques antagonistes pour mettre du piquant dans l’histoire !).
Mais là où Sanderson excelle comme toujours est dans la création d’univers et dans le système de magie originaux. Il nous en met encore une fois ici plein les yeux avec une magie basée sur les spores. Ainsi Tress ne navigue pas sur l’eau… mais sur une mer de spores, matière très dangereuse prête à exploser au contact de liquide. Cette magie des spores est énormément développée dans le récit et offre de nombreuses perspectives représentant à la fois un immense danger, mais aussi une arme remarquable. Tress va naviguer sur trois mers différentes, toutes faites de spores, mais qui possèdent à chaque fois leur particularité. Cet univers dangereux parfaitement exploité par l’auteur donne un côté épicé à cette intrigue parfois trop édulcorée comme je le disais précédemment.
Pour terminer, j’ai trouvé les révélations finales du roman très sympathiques et une fin assez réussie remettant un peu en question le pouvoir héroïque de Tress. Brandon Sanderson met en avant le pouvoir de l’entraide montrant qu’on a tous besoin d’aide à un moment dans sa vie, même l’héroïne qui semblait pourtant tout réussir seule. Il montre qu’il est important d’aider les autres, mais aussi de montrer qu’on est une personne qui mérite d’être aidée quand on en a besoin. Encore une fois la fin est très utopiste et lumineuse, mais cela est bien en accord avec le ton général du récit.

Même si ça tranche pas mal de ce à quoi nous a habitué Sanderson, et merci de le souligner et l’expliquer, j’ai justement très envie de voir ce qu’il donne dans ce registre surtout avec une note personnelle.
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Avec plaisir, et oui pour ceux qui connaissent l’auteur, c’est sympa de le découvrir dans un registre différent !
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Le registre que tu évoques me rappelle The Princess Bride de William Goldman. J’aimerais beaucoup découvrir ce que donne ce roman de Brandon Sanderson, je suis très curieuse de voir ce que ça donne
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Oui, je ne connaissais pas, mais ça fait justement partie des inspirations de l’auteur pour écrire Tress !
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Ca ne me tente pas trop, mais je le note comme roman hyper positif dans un coin de ma tête.
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Oui c’est vrai que ça peut être sympa dans les moments où on a besoin de lectures positives !
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