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« Aucun d’entre nous ne peut prétendre être du côté de ce qui est bon. »
« Aucun d’entre nous ne peut prétendre être du côté de ce qui est bon. »

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La trilogie de Licanius, tome 2 : Un écho du futur
Auteur : James Islington
Traduction : Sara Doke
Illustration : Dominick Saponaro
Maison d’édition : Leha
Genre : Fantasy
Nombre de pages : 642
Prix : 25 € (broché)
Auteur : James Islington
Traduction : Sara Doke
Illustration : Dominick Saponaro
Maison d’édition : Leha
Genre : Fantasy
Nombre de pages : 642
Prix : 25 € (broché)
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SynopsisSuite à l’attaque dévastatrice d’Ilin Illan, une amnistie a été déclarée pour tous les Augures – leur permettant de sortir de leur cachette et de s’opposer ouvertement aux forces obscures qui se massent contre Andarra. Cependant, alors que Davian et ses nouveaux alliés se hâtent vers le nord en direction de la frontière sur le point de tomber, de nouvelles horreurs sur leur chemin suggèrent que cette rédemption est peut-être bien arrivée trop tard.Dans la capitale, Wirr doit faire face à des assassins et à une administration de plus en plus hostile alors qu’il assume de manière controversée le rôle de Gardien du Nord, découvrant un mystère qui remet en question tout ce que l’on croit sur la rébellion menée par son père vingt ans plus tôt. Pendant ce temps, Asha entame une enquête secrète sur la disparition des Ombres, bien déterminée à découvrir non seulement où elles sont allées mais aussi l’origine de leur création.Alors que le temps joue contre lui et qu’il s’efforce d’honorer le marché perfide conclu avec les Lyths, Caeden continue de se débattre avec les lourds fardeaux de son passé. Mais, alors que de plus en plus de souvenirs lui reviennent, il commence à réaliser que les motivations des deux camps de cette guerre ancestrale ne sont peut-être pas aussi claires qu’il n’y paraît…

J’avais été très emballée par le premier tome de cette trilogie qui, sous ses airs de fantasy épique classique, dévoilait de grandes ambitions pour ses personnages et un univers riche et complexe. Le deuxième tome continue d’explorer la complexité de l’univers s’attardant surtout à disposer toutes les cartes pour un final qui promet d’être grandiose.
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Jouer avec les souvenirs
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Le premier tome de La trilogie de Licanius nous proposait une intrigue très dense, pleine de faux-semblant, de trahisons, de jeux spatio-temporels ainsi qu’un vocabulaire riche et un peu complexe à retenir. Le résumé du début de tome n’était donc pas de trop pour se remémorer les évènements du premier tome même si je regrette que Leha n’ait pas gardé le résumé d’une vingtaine de pages disponibles en VO. En français on a le droit à un résumé de 6 pages, ce qui est déjà très bien (et était même indispensable) et pourtant je peux vous assurer que ce résumé est loin de rappeler tous les éléments importants du tome 1 et que le début de ce deuxième tome est complexe à prendre en main. Il faut dire que contrairement à beaucoup d’auteur de sagas, James Islington ne s’embarrasse pas à rappeler les faits du tome 1 à l’intérieur le récit. Il considère les évènements comme acquis pour le lecteur et continue à avancer et à poser ses pions. Je pense même qu’il s’amuse volontairement à brouiller le lecteur en ne disant pas tout, mais en cherchant plutôt à ce qu’on lise entre les lignes.
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La complexité de ce deuxième tome vient également du fait qu’il joue beaucoup avec les souvenirs. Après une grande révélation à la fin du tome 1, le personnage de Caeden qui a perdu tous ses souvenirs découvre sa véritable identité. Dans ce deuxième tome, il récupère peu à peu ses souvenirs sous forme de flash-back qui lui viennent en fonction de ses rencontres et des situations. Il n’y a pas de chronologie dans ses souvenirs, tout est mélangé, il n’est pas évident de relier les souvenirs entre eux afin de former une histoire linéaire. L’auteur nous confronte réellement à ce que vit Caeden qui retrouve petit à petit des bribes de son identité et est lui-même perdu au milieu de tout ça. Le lecteur n’a ainsi pas plus de clés que Caeden lui-même pour décrypter les évènements. Comme lui on ne sait pas qui dit la vérité, à qui il faut faire confiance, qui est dans quel clan et même quel est le bon clan ? Le lecteur est également confronté à une difficulté supplémentaire : peut-on faire confiance à Caeden lui-même ? C’est un personnage très complexe qui a changé de camp de nombreuses fois, a été beaucoup manipulé et a également beaucoup trahi. Il est très difficile de faire la part des choses dans tout ça et les chapitres consacrés à ce personnage sont tout autant intéressants que déroutants. James Islington est vraiment percutant dans sa manière de nous interroger sur le passé, sur la possibilité de rédemption et il joue avec le bien et le mal. Si le premier tome était plutôt manichéen, les choses sont bien plus nuancées ici et les frontières entre le bien et le mal deviennent même très minces. Et le personnage de Caeden est loin d’avoir livré tous ses secrets dans ce deuxième tome. Ses contours sont encore très flous et la dynamique autour de ce personnage devrait être passionnante dans le troisième tome.
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Un tome de mise en place
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Si le premier tome était extrêmement dynamique, nous balançant sans cesse de nouvelles révélations, ce deuxième tome est tout autre. Tout d’abord, Un écho du futur a un rythme plus lent et plus régulier en alternant à chaque chapitre le point de vue autour des quatre personnages principaux : Caeden, Davian, Asha et Wirr. Contrairement au tome 1, les quatre personnages sont séparés quasiment tout au long du récit et on suit donc leur avancée chacun de leur côté. Si cela permet de donner une belle évolution à chacun des personnages, cela rend également le rythme inégal puisque certains points de vue sont beaucoup plus intéressants quand d’autres sont un peu poussifs. Et étrangement celui qui était le héros du premier tome, Davian, est le point de vue qui m’a le moins plu dans ce tome 2. Je n’ai pas trouvé la trame narrative liée à ce personnage très passionnante vis à vis de son potentiel et surtout comparativement au point de vue de Wirr qui est très réussi. Wirr et Asha ont les passages les plus prenants du récit. Tout le contexte politique autour du nouveau statut de Wirr et de sa difficulté à s’imposer sont très bien mis en avant et c’est sûrement le personnage qui a la plus belle évolution. Certains passages avec Asha sont également très réussis, car ils apportent une tension très vive qui manque au reste du roman qui souffre de certaines longueurs. Enfin, comme je le disais avant, le point de vue de Caeden est sûrement celui qui fait toute l’originalité et l’âme de cette trilogie, mais à force de vouloir faire trop complexe, son point de vue s’essouffle au fil des pages. J’ai eu l’impression ici que James Islington ne maîtrisait pas totalement la complexité de son récit, pas dans le sens où ce n’est pas clair dans sa tête (je suis convaincue que ça l’est), mais plutôt qu’il ne réussit pas à expliciter les choses de manière optimale pour conserver l’attention du lecteur.
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Dans le premier tome, James Islington nous avait habitués à un grand nombre de révélations inattendues, à un univers se complexifiant à chaque page et on s’attend donc « bêtement » à retrouver ces aspects dans ce deuxième tome. Et pourtant, ici, l’heure n’est plus aux révélations, mais bien aux déplacements des différents pions au bon endroit de l’échiquier pour l’ultime tome. Et la fin de ce tome 2 ne donne pas tort à cette impression, car il y a un basculement soudain dans le destin des personnages qui les place tous exactement là ils devaient être (la notion de destin ayant une place très importante dans la trilogie). La dernière partie de ce deuxième est d’ailleurs excellente. James Islington brille lorsqu’il est question d’accélérer le rythme et d’apporter une tension extrême et très palpable au récit. Si l’auteur n’est pas trop sadique quant à son dénouement et ne nous laisse pas sur un suspense insoutenable, il donne tout de même une idée du ton qu’aura le troisième tome qui s’annonce sombre et épique.
Conclusion
Comme souvent en fantasy, on ressent fortement ce deuxième tome comme un tome de transition. Si le premier tome était riche en rebondissements et révélations, ce deuxième tome est plus calme, l’auteur avançant lentement ses pions pour les placer exactement où il le souhaite dans un final grandiose. Ainsi il fait évoluer chacun de ses personnages principaux, Caeden, Davian, Wirr et Asha en alternant leur point de vue tout au long du récit. Si j’ai été un peu déçue par le point de vue de Davian, ceux de Wirr et Asha sont passionnants. Le point de vue de Caeden est celui qui fait toute l’originalité de cette trilogie mais l’auteur se perd dans la complexité de ce personnage qui fonctionne bien dans un premier temps, mais s’essouffle sur la longueur. Malgré tout James Islington s’éloigne du manichéisme du premier tome, brouillant les contours du bien et du mal et jouant habilement avec les intentions des personnages. J’ai hâte de comprendre comment toutes les pièces vont s’assembler dans le troisième tome dont l’ambiance s’annonce encore très différente de celle des précédents.

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