[Chronique] Un étranger en Olondre, de Sofia Samatar

un étranger en olondre
« Si vous aimez Bain autant que je l’ai aimée, alors vous connaîtrez son âme, un mélange enivrant d’arrogance et de vitalité au sein duquel repose un immense soupir, semblable à celui d’un océan tout juste traversé, le soupir de sa terrible antiquité, qui souffle des profondeurs des pierres. »


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Un étranger en Olondre
Autrice : Sofia Samatar
Traduction : Patrick Dechesne
Maison d’édition : Argyll
Genre : Fantasy
Nombre de pages : 379
Prix : 22,90 €
Synopsis
Fils d’un riche marchand de poivre, Jevick a été bercé toute son enfance par les contes et légendes de la lointaine Olondre, une contrée merveilleuse où les livres sont aussi communs qu’ils sont rares sur son île. Et voilà qu’à la mort de son père, afin de perpétuer le commerce familial, il doit se rend en Olondre.
Malheureusement, le rêve tourne au cauchemar lorsqu’au lendemain du festival des Oiseaux il se découvre hanté par le fantôme d’une jeune femme. Suspecté d’un crime religieux puis enfermé, Jevick devient rapidement un pion dans la lutte impitoyable qui se joue entre les deux principales religions olondriennes.
Dans un pays au bord de la guerre civile, s’il veut un jour retrouver sa liberté, Jevick devra affronter son fantôme, traverser les limites du monde et dépasser les frontières de ses connaissances…
MON avis
Après avoir été publié en version originale en 2013, Un étranger en Olondre avait été traduit une première fois en français par les éditions de l’Instant en 2016. Le titre, lauréat des World Fantasy Award et British Fantasy Award, devenu introuvable, a été réédité en 2022 aux éditions Argyll, toujours sous la traduction de Patrick Dechesne.

Un voyage magique et sensoriel

Un étranger en Olondre c’est avant tout l’histoire d’un voyage. Un voyage à travers les mots, les paysages et les sensations. Dès les premières pages, la beauté de la plume (et de la traduction) enchante. L’écriture de Sofia Samatar possède une poésie folle qui nous emmène avec elle à travers le monde avec une immense facilité. L’autrice réussit à nous offrir une plume très travaillée, qui éveille chacun des sens tout en restant extrêmement fluide et facile à lire. Il n’y a aucune lourdeur, aucun à-coup dans la balade qu’elle propose. On a comme l’impression de voguer sur un tapis-volant au-dessus de paysages tous plus enchanteurs et colorés les uns que les autres.

Un étranger en Olondre c’est l’histoire du fils d’un marchand, Jevick, qui va partir découvrir cette Olondre dont il a tant rêvé. Il nous emmène dans son périple, nous prenant comme témoin de son émerveillement et peu à peu de sa descente aux enfers. Et ainsi tout autant que Jevick, les décors et lieux traversés deviennent des personnages à part entière. Sofia Samatar fait vivre les villes et les paysages à travers ses descriptions très détaillées et extrêmement sensorielles. Le roman m’a parfois fait penser à Capitale du Sud de Guillaume Chamanadjian dans sa manière d’éveiller le sens et de donner de nombreux détails sur sa ville. Si Guillaume Chamanadjian le faisait pour une ville, Sofia Samatar va plus loin, nous emmenant dans diverses contrées toutes plus dépaysantes les unes que les autres et s’inspirant tour à tour de cultures orientales, asiatiques et africaines.

Une intrigue plus en retrait

Si l’intrigue d’Un étranger en Olondre possède bien un fil conducteur et est tout à fait intéressante à suivre, il faut tout même avouer qu’elle est en retrait par rapport à la personnification du monde. Les très nombreuses descriptions sont prégnantes dans ce récit à l’ambiance poétique et contemplative. Il y a ainsi peu de personnages, le récit restant toujours centré sur Jevick ainsi que sur quelques personnages secondaires qui gravitent autour de lui, mais dont la présence semble floue. Il y a tout de même un mystère et une quête qui anime le récit puisque Jevick va se retrouver hanté par un fantôme. Son voyage idyllique en Olondre va donc se transformer peu à peu en cauchemar et le mener bien plus loin qu’il le pensait pour réussir à retrouver sa liberté. L’intrigue est ainsi plaisante à lire même si elle reste simple et ne réserve pas forcément de surprise. Ce n’est pas là l’intérêt de ce roman qui se déguste plutôt pour la beauté de ses mots et de ses décors et pour la grande subtilité et sensibilité qui s’en dégage. Comme cela est indiqué sur la quatrième de couverture, le roman fait aussi la part belle à la magie des livres. C’est une véritable ode à l’apprentissage, à la soif de connaissance et à la lecture. Même si ce n’est l’aspect que j’ai trouvé le plus marquant personnellement, c’est une thématique bien présente et bien traitée.

En bref

Un étranger en Olondre est un roman de fantasy qui enchante par la beauté de l’univers et des mots de Sofia Samatar. L’autrice nous emmène avec beaucoup de poésie et de subtilité dans un monde aux décors colorés et dépaysants qu’elle décrit de manière très sensorielle. Si les descriptions prennent souvent le pas sur l’avancement de l’intrigue, celle-ci reste agréable à suivre nous faisant suivre Jevick dans sa découverte d’Olondre puis dans sa quête pour retrouver sa liberté. Enfin le récit met en avant la magie des livres nous proposant une ode à l’apprentissage et à la lecture qui vient agrémenter de très belle manière le récit.
très bonne lecture

9 réflexions sur “[Chronique] Un étranger en Olondre, de Sofia Samatar

  1. Steven 24 août 2022 / 9 h 28 min

    J’étais très intrigué par ce roman mais certains avis m’ont fait déchanter mais ce que tu dis sur la plume de l’auteure m’intrigue totalement. Cela dit et même si j’apprécie les proses aériennes comme semble l’être celle-ci, j’apprécie également que cela transgresse dans l’intrigue, ce qui ne semble pas forcément le cas.

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    • Sometimes a book 24 août 2022 / 19 h 18 min

      Je comprends, ce n’est vraiment pas un livre fait pour tout le monde, et c’est vrai que l’intrigue passe un peu au second plan !

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  2. pages pluvieuses 24 août 2022 / 13 h 30 min

    J’en avais déjà vu passer un avis très positif, et ta chronique ravive ma trèès forte curiosité ! Il a l’air de correspondre aux univers et aux ambiances que j’adore retrouver, j’espère pouvoir mettre la main dessus tout bientôt !

    Aimé par 1 personne

  3. zoelucaccini 29 août 2022 / 14 h 59 min

    Je me suis teeeelleeeeemeeeent endoormiiie pendant la lectuu…. zzzzz
    oups pardon, l’effet Olondre agit encore ^^

    En vrai, je l’ai gardé dans la bibliothèque, j’ai bien capté qu’il avait une beauté intérieure inouïe. Je le relirai à l’occasion.
    Après une bonne nuit de sommeil ça devrait le faire ^^

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