
« Stan et moi, on est d’accord sur une chose : ce qu’il a accompli, et la façon dont je le raconte, à la fin c’est un seul et même acte de création. C’est l’inverse d’un mensonge. Cela ne se résume pas à photoshoper la réalité. Si je me bornais à énumérer les faits, ils seraient amputés des intentions, des non-dits, de l’émerveillement et de la terreur, ils ignoreraient leur propre causes, et une suite de faits débiles ne fait pas la vérité. »

Auteur : Stephen Carrière
Éditeur : PKJ
Genre : Contemporain
Date de parution : 03/01/2019
Nombre de pages : 415
Prix : 18.50 €
SynospsisStan s’est taillé une place de choix au lycée. Ses camarades viennent le voir avec leurs problèmes et il élabore des stratagèmes insensés pour les résoudre. Aidé de sa bande d’amis fidèles, Daniel, Jenny, David et Moh, il est devenu un artiste en manipulation de la réalité. On l’appelle l’Enchanteur et, cette année, il va devoir réaliser son chef-d’oeuvre. Car Daniel est malade. Daniel va mourir. Comme il est fan de comédies musicales, il a demandé à Stan de transformer sa mort en un spectacle si grandiose qu’il lui offrira un peu d’immortalité. Il ne reste que neuf mois à l’Enchanteur et ses comparses pour accomplir ce « miracle ». Mais, dans les ruelles du centre-ville, un Mal ancien et féroce se répand… et, même s’ils préféreraient l’ignorer, nos héros semblent être plus impliqués qu’ils ne le souhaiteraient.
Malheureusement L’enchanteur n’a pas été une lecture qui a su m’enchanter, j’ai même beaucoup songé à l’abandonner. Finalement j’ai réussi à aller jusqu’au bout et je vais donc pouvoir vous expliquer les raisons de cette déception !
Dans ce roman, on part à la rencontre d’adolescents qui vont monter une pièce de théâtre en l’honneur de leur meilleur ami mourant. La pièce qu’ils ont choisi d’interpréter est Le songe d’une nuit d’été de Shakespeare, une pièce que j’ai lu au lycée et dont je garde un très mauvais souvenir. Bon dès le départ, on peut dire que ça partait mal avec le roman. Néanmoins, je dois dire que les passages d’analyse de la pièce sont ceux que j’ai le plus aimé dans L’enchanteur !
Un style auquel je n’ai pas adhéré
Le point majeur avec lequel j’ai tout de suite eu du mal est le style d’écriture et de narration. Clairement, le livre n’est pas du tout mal écrit, le style va même très bien avec l’ambiance du roman et le fait qu’on suive des adolescents dans un milieu pas forcément favorisé, mais ce n’est pas du tout un style qui me correspond et rien que ça rendait dès le départ la lecture assez pénible. Je n’ai pas vraiment aimé les dialogues et la manière dont l’auteur faisait parler ses personnages, que je ne trouvais pas vraiment naturelle (surtout au début, finalement on s’y habitue).
Le style de la narration m’a également dérangée, car je l’ai trouvée très alambiquée. Il y a les 5 personnes principaux, jusque-là, on arrive à pas trop se perdre, mais autour d’eux gravite une multitude de personnages secondaires dont certains n’apparaissent même qu’une fois dans l’histoire. Les chapitres s’enchaînent sans lien ni connecteur entre eux et certains introduisent des personnages dont on a jamais entendu parler un peu comme un cheveu sur la soupe, sans vraiment d’explications. On est donc perdu à chaque début de chapitre le temps de comprendre le contexte et de resituer les choses par rapport à l’intrigue principale, tout ça pour finalement ne jamais revoir le personnage après. Je sais que l’auteur a voulu perturber le lecteur avec ce style de narration particulier et certains trouveront peut-être que c’est du génie, personnellement je n’ai pas adhéré, mais dans tous les cas l’effet voulu par Stephen Carrière est réussi.
Une intrigue trop confuse
Et ce n’est pas seulement avec la narration que l’auteur a voulu troubler le lecteur, mais également avec son intrigue qui mélange contemporain avec à certains moments des pointes de fantastique (ou plutôt de réalisme magique). Ces scènes sont si étranges qu’on est perdu entre fiction et réalité. La magie est-elle seulement une métaphore pour décrire autre chose ou les personnages ont-ils vraiment vécu ce qu’ils racontent ? L’auteur nous laisse des indices, mais c’est nous finalement qui devons nous faire notre propre opinion sur la question et sur la confiance que l’on va accorder aux personnages. Pour moi, encore une fois (décidément), je n’ai pas vraiment adhéré aux scènes de réalisme magique qui étaient vraiment trop étranges et ne se mariaient pas très bien avec l’autre facette contemporaine du livre.
Finalement, je pense que l’auteur a eu d’excellentes idées en se lançant dans l’écriture de ce livre. Pour l’avoir rencontré, j’ai été plutôt convaincue par ces inspirations et par les messages qu’il a voulu transmettre mais je pense que le résultat final ne reflète pas assez les idées de départ, car elles sont noyées sous une multitude d’informations. Ce roman traite beaucoup trop de thèmes différents, il veut jouer avec les clichés, mais le résultat est pour moi trop fouillis et maladroit.
De plus, comme on connaît la fin de l’histoire dès la première pages (et même avant dès la lecture du synopsis), il est très difficile de trouver quelque chose auquel s’accrocher si on n’adhère pas au début du récit. Le roman manque donc d’un petit suspens en plus qui le rendrait plus addictif.
Conclusion
Je pense honnêtement que ce livre n’était tout simplement pas fait pour moi. Le contemporain n’est pas un genre que j’apprécie particulièrement et je n’ai pas trouvé que les éléments magiques s’imbriquaient bien dans le récit. J’ai également eu du mal à accrocher avec l’écriture et la narration et je suis ressortie de ma lecture avec l’impression d’être passée à côté de beaucoup d’aspects du roman.
Merci à Babelio et à PKJ pour l’envoi de ce roman