[Chronique] Un souvenir nommé Empire, d’Arkady Martine

Un souvenir nommé Empire


 
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Un souvenir nommé Empire
Autrice :
Arkady Martine
Traduction :  Gilles Goullet 
Illustration : Jaimes Jones
Éditeur :  J’ai Lu
Genre : Science-fiction
Date de parution française : 3 mars 2021
Nombre de pages : 496 (broché)
Prix : 23 € (broché) / 9,90 € (poche)
 
Synopsis
Yskandr, l’ambassadeur de Lsel en poste dans la capitale de l’Empire teixcalaanli, est mort. Sa remplaçante, la jeune Mahit Dzmare, part avec un handicap : la puce mémorielle censée lui fournir tous les souvenirs de son prédécesseur est défectueuse, la laissant démunie face à une société complexe dont elle a du mal à appréhender les codes. Elle peut cependant compter sur l’aide de Trois Posidonie, sa chargée de liaison pleine de ressources, pour la guider parmi les intrigues et les chausse-trappes de la politique Teixcalaanlie. Mais plusieurs questions demeurent : qui a tué Yskandr, et pourquoi ? Risque-t-elle de subir le même sort ?
MON avis
Premier tome d’une série de science-fiction qui en compte pour l’instant deux, Un souvenir nommé Empire a été publié en 2019 par l’autrice américaine Arkady Martine, de son vrai nom AnnaLinden Weller, une chercheuse en histoire arménienne et byzantine. Un souvenir nommé Empire a reçu le prestigieux prix Hugo du meilleur roman en 2020 et sa suite Une désolation nommée paix est en lice pour l’obtenir également en 2022.  
 

De quoi ça parle ?

Un souvenir nommé Empire suit l’arrivée de la jeune Mahit dans l’Empire teixcalaanli. Elle a été nommée ambassadrice de la planète Lsel à la suite de la mort de son prédécesseur, Yskandr. Comme le veut la tradition de sa planète, elle possède un implant (une imago) lui permettant de communiquer avec une version artificielle des précédents ambassadeurs, ce qui lui permet de ne pas commettre de fautes diplomatiques, de décoder des messages ou simplement de se familiariser plus rapidement avec les personnes qu’elle rencontre et de la guider. Mais alors qu’elle se retrouve devant le corps sans vie d’Yskandr, assez suspicieuse quant aux circonstances de sa mort, son imago grille et elle se retrouve seule, embarquée dans les affres de la politique teixcalaanlie sans savoir à qui elle peut faire confiance. Mahit va devoir se faire des alliés et jouer de manière très fine pour comprendre les circonstances de la mort d’Yskandr et assurer sa relève sans se retrouver elle aussi victime d’un tragique accident… 

Science-fiction diplomatique 

Pour être franche, Un souvenir nommé Empire m’a laissé un sentiment assez mitigé, mais je souhaiterais commencer cette chronique en abordant les points positifs, car il y en a ! Ce roman est un récit de science-fiction diplomatique centré sur des complots politiques. Si le personnage principal, Mahit, est une novice dans son rôle d’ambassadrice, elle a été extrêmement bien préparée et sait se sortir d’un peu près toutes les situations. Le récit démarre donc rapidement, Mahit prend les choses en main dès son arrivée dans l’Empire teixcalaanli et on rencontre une multitude de personnages qui ont connu le précédent ambassadeur et peuvent avoir un rôle dans sa mort. Il y a donc un jeu qui s’installe très rapidement entre les différents personnages. Ils sont difficiles à cerner, jusqu’à ce que les cartes soient découvertes il est difficile de savoir les réelles ambitions des personnages. Mahit évolue ainsi dans un monde flou et dangereux dont l’ambiance est très bien retranscrite. Les personnages sont d’ailleurs le gros point fort de ce roman, car ils sont écrits avec beaucoup de justesse. L’autrice nous offre une grande proximité avec Mahit et on s’attache ainsi aisément à elle, ainsi qu’aux deux acolytes qui l’aideront à ne pas se faire tuer. Tous les personnages de ce récit sont gris. Il n’y a pas vraiment d’antagoniste, mais uniquement des personnages qui servent leurs ambitions ou agissent de manière stratégique pour service la politique teixcalaandie. L’intrigue est donc assez loin d’être prévisible et on a envie d’avoir le fin mot de cette histoire.

L’univers créé par Arkady Martine est également assez réussi. Il est très agréable de découvrir en même temps que Mahit la culture dans l’Empire teixcalaanli. La thématique du langage et de la poésie y tient notamment une place primordiale. Les personnages teixcalaanlis ont des noms assez particuliers composés d’un chiffre suivi par un objet ou une plante comme Quatre Sycomore ou Quinze Moteur. Arkady Martine a inventé un langage texicalaanli sûrement inspiré de la langue arménienne et on sent que c’est un sujet qu’elle maîtrise très bien. La poésie est utilisée quant à elle comme une arme, lors de combats oratoires, comme objet de propagande ou pour faire passer des messages codés. Tous ces éléments donnent un univers très intéressant à découvrir et immersif.

Un problème de narration

Un souvenir nommé Empire possède donc une intrigue, des personnages et un univers très prometteurs qui sont malheureusement complètement desservis par la narration. Le texte est dense et écrit de manière très lourde. Le ton utilisé est plutôt linéaire tout au long du roman avec des dialogues très longs et beaucoup plus d’introspection que d’action. Ce style de narration donne une impression de pesanteur et d’extrême longueur. Si l’univers et le contexte est suffisant pour attirer la curiosité du lecteur en début de roman, Arkady Martine peine à maintenir son attention jusqu’à la fin, et ce, malgré les nombreux rebondissements de l’intrigue. Cette impression de lenteur est d’ailleurs assez étonnante quand on se rend compte que l’intrigue se déroule sur une très courte période et qu’il s’y passe énormément de choses. Mais beaucoup de choses se passent justement en arrière-plan et l’autrice semble étirer des scènes qui n’ont pas beaucoup d’intérêt. De plus, à vouloir créer une intrigue un peu trop complexe, j’ai plusieurs fois eu l’impression que l’autrice se perdrait dans les explications. 
 
Un souvenir nommé Empire est ainsi le parfait exemple de la manière dont une narration peut complètement gâcher une intrigue pourtant pleine de bons éléments. J’ai tout de même réussi à le lire jusqu’au bout m’accrochant aux personnages et essayant de lire derrière les lignes et je ne regrette pas de l’avoir fait, mais je ne suis pas encore sûre de lire la suite. Bonne nouvelle néanmoins, ce premier tome peut tout à fait se lire de manière indépendante, l’intrigue trouve sa résolution, donc si vous voulez tenter et vous faire votre propre avis, n’hésitez pas !

En bref

Un souvenir nommé Empire est un roman de science-fiction centré les complots politiques ayant lieu dans l’Empire teixcalaanli. L’intrigue nous emmène à la découverte de la culture et de la politique de cet Empire, aux côtés de Mahit, ambassadrice nouvellement promu et personnage très agréable à suivre. Les personnages sont le point fort de ce roman tant ils font vivre l’intrigue grâce à leurs jeux politiques et en cachant leurs réelles ambitions. L’univers est lui aussi très intéressant à découvrir, notamment le rapport des Teixcalaanis au langage et à la poésie. Malheureusement, ces bons points sont desservis par une narration trop lourde, s’attardant plus sur des détails introspectifs ou de longs dialogues que sur l’action qui se déroule plus en toile de fond. On ressent donc beaucoup de longueurs au cours de cette lecture, qui manque de dynamisme et de fluidité.
avis mitigé
 

6 réflexions sur “[Chronique] Un souvenir nommé Empire, d’Arkady Martine

  1. tampopo24 25 Mai 2022 / 6 h 10 min

    Ouille je comprends parfaitement ton avis mitigé avec cette narration qui t’as tellement gênée.
    Je l’ai aussi dans ma PAL parce que le côté SF avec complots diplomatiques m’attire mais j’ai un peu peur maintenant. Au moins je serai prévenue grâce à toi ☺️

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    • Sometimes a book 26 Mai 2022 / 20 h 11 min

      J’espère qu’il te plaira ! Malgré mon avis mitigé, je suis quand même très contente de l’avoir découvert, car il y a aussi de très bonnes choses dedans 😊

      Aimé par 1 personne

  2. Shaya 25 Mai 2022 / 22 h 57 min

    Tu n’es pas la première à avoir un avis mitigé sur ce titre, pour ma part, je préfère passer mon tour 😉

    Aimé par 1 personne

    • Sometimes a book 26 Mai 2022 / 20 h 10 min

      Oui on est plusieurs à avoir relevé les mêmes points négatifs donc je comprends que ça puisse freiner !

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